Loin de revenir sur ce rapport accablant qui a été déjà rendu public. Il convient seulement de rappeler les faits reprochés aux responsables de la gestion du Fesman, qui ont laissé pantoise l’Ige.
La Vérification administrative et financière (Vaf) du troisième Fesman a donc révélé de «nombreuses irrégularités, dérapages et abus». Au point d’ailleurs que la gestion de Sindiély et Abdou Aziz Sow est classée dans le chapitre «Mal gouvernance relativement aux pratiques de fraude, abus, gaspillage, corruption et blanchiment de capitaux», c’est-à-dire dans la même loge que Baïla Wane et la Lonase. Mme Ndour et Cie avaient constaté que, sur le plan comptable et financier, «presque tous les responsables (avaient) procédé à des immixtions constantes dans les fonctions de comptable qu’ils cumulaient avec celles d’ordonnateur, tant dans l’encaissement des recettes, que dans la réalisation des dépenses». Cela s’est traduit, souligne le rapport, par un «manque total de maîtrise» des opérations de recettes et de dépenses par les responsables de cet évènement et par une «violation flagrante» du Code des marchés publics dans les procédures d’acquisition de biens et services. «C’est ainsi que plusieurs milliards ont été dépensés, sur la base de marchés par entente directe, contractés sans autorisation préalable. Défaut ou insuffisance dans la justification des dépenses, règlements effectués pour des services fictifs, dépenses exécutées pour des objets étrangers au Fesman, surfacturations et enrichissement de particuliers au détriment du contribuable sénégalais, sont les principales irrégularités qui ont marqué l’organisation de cet évènement», lit-on dans le rapport.
La «complicité» de Abdoulaye Diop
Pour les vérificateurs, l’essentiel des ressources du Fesman a été mobilisé «par le moyen de décrets d’avance et des ponctions de crédits destinés au financement de programmes et projets sociaux». Le rapport est formel : «Le préjudice financier subi par l’Etat n’est pas encore totalement circonscrit, des opérateurs économiques réclamant toujours le paiement de leurs créances sur le Fesman, lesquelles sont provisoirement estimées à plus de 3 milliards de FCfa.» Et si le rapport note que «des biens acquis sur fonds publics sont encore détenus par des particuliers, sans aucune traçabilité, le Délégué général n’ayant pas pris soin de faire tenir une comptabilité des matières», l’on est dans l’enrichissement illicite ou dans le détournement de deniers publics. Ensuite, si «des pratiques inédites, caractéristiques d’une gestion opaque et malsaine, ont été initiées dans le cadre des opérations dites de clôture du Fesman, avec la complicité de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, et tendant à dessaisir le trésor public de ses prérogatives naturelles», doit-on fermer les yeux sur la responsabilité de Abdoulaye Diop ? Mieux, Mme Ndour et son équipe ajoutent : «Un simple particulier, constitué comptable public de fait, a été ainsi chargé de manipuler des deniers et de faire des règlements pour le compte de l’Etat. C’est ainsi que 15 milliards de francs Cfa empruntés et payés par l’Etat ont été logés dans le compte bancaire de la société de ce particulier, alors que ladite société n’a aucun lien contractuel avec le Fesman».