Sindiély Wade et ses co-gestionnaires du Fesman étaient annoncés devant les juges, après le rapport d’audit de l’Inspection générale d’Etat. Mais le chef de l’Etat ne veut pas s’encombrer de la fille de son prédécesseur, après le frère, Karim. Macky Sall a pris sur lui la décision de ranger le dossier. Et définitivement. Pourtant, comme le notent les vérificateurs, le Fesman a «finalement coûté plus de 80 milliards de FCfa au Trésor public, compte non tenu» de près de 7 milliards de FCfa «représentant la contribution des autres Etats et organismes». Alors qu’au départ, l’évènement était évalué à 5 milliards seulement au titre de la participation sénégalaise.
Alors que le «Rapport public sur l’état de la gouvernance et de la reddition des comptes» 2013 de l’Inspection générale d’Etat (Ige) avait, de façon circonstanciée, relevé des fautes de gestion graves dans le dossier du Fesman, Sindiély Wade se la coule douce ailleurs. Le Quotidien a appris que c’est «le chef de l’Etat en personne qui a pesé de tout son poids pour éviter la prison» à la sœur de Karim Wade. Et ce, alors que la justice était sur le point d’ouvrir une information judiciaire contre la Déléguée générale adjointe du Fesman. Des sources bien informées confient que si Macky Sall a pris sur lui «la responsabilité de ne pas laisser Sindiély Wade entre les mains des magistrats, c’est parce qu’il ne voudrait pas que cela soit interprété comme un acharnement sur une famille». Mais aussi «parce qu’il ne voudrait pas indisposer» son prédécesseur qui, déjà, n’a pas fini de digérer que le fils soit dans les liens de la détention. Bien évidemment, Abdoulaye Wade sait déjà ce que sa fille a fait de sa gestion du Fesman puisque le Vérificateur général Nafy Ngom Keïta Ndour s’est déplacée, comme l’avait écrit la presse, à Versailles, pour lui donner un avant goût des détails du rapport provisoire.
Poursuites judiciaires contre «des personnes responsables des manquements constatés»
Mais peut-on passer par pertes et profits cette affaire du Fesman au nom d’une certaine affection entre deux Présidents, entre un «fils» et un «père» ? Nafy Ngom Këita Ndour et son équipe avaient été ahuris par «l’ampleur du préjudice économique et financier» qui, selon eux, «justifie l’urgence d’une réaction appropriée, relativement aux mesures correctives à prendre». C’est ainsi qu’ils avaient préconisé, dans leur rapport, entre autres, que «des poursuites judiciaires (soient) envisagées à l’encontre des personnes responsables des manquements constatés». Il s’agit bien sûr du tandem Sindiély -Abdou Aziz Sow. C’est parce que justement, pour l’Ige, la gestion du Fesman s’est faite dans une «opacité voulue et entretenue» dans les opérations. Et les «multiples indices de fraudes, corruption et blanchiment de capitaux ont rendu nécessaire la production d’un autre rapport fondé sur une approche en termes de criminalité économique et financière». Au point que l’Ige recommande la création d’une «Cour de répression des infractions à caractère économique et financier».