La Banque centrale de la République de Guinée (Bcrg) n’a pas eu gain de cause devant le journal Le Quotidien qu’il avait attrait pour le délit de diffamation devant le juge correctionnel pour l’affaire des 4 milliards du Président guinéen Alpha Condé saisis à Dakar, le 8 août dernier par les douaniers sénégalais. La Brcg réclamait au journal Le Quotidien en guise de dommages et intérêts, la somme de 500 millions de francs Cfa.
Le journal Le Quotidien est sorti vainqueur de son bras de fer judiciaire qui l’opposait à la Banque centrale de la République de Guinée (Bcrg). Cette institution financière de la Guinée poursuivait Le Quotidien pour diffamation. L’affaire judiciaire les mettant aux prises avait atterri sur la table du juge du Tribunal correctionnel de Dakar. Et pour les réparations, l’institution bancaire guinéenne réclamait au journal Le Quotidien, la somme de 500 millions de francs Cfa en guise de dommages et intérêts.
Mais le Tribunal correctionnel de Dakar, après avoir vidé le dossier, le jeudi 19 mars 2015, a débouté la Bcrg de toutes ses requêtes. Le même Tribunal a relaxé des fins de la poursuite le directeur de publication du journal Le Quotidien, Mohamed Guèye, auteur de l’article en cause.
A l’origine, 4 milliards de Condé saisis à Dakar
Dans son édition N°3468 datée du 23 août 2014, le journal Le Quotidien titrait : «La Douane met la main sur les devises du Président guinéen : 4 milliards de Condé interceptés à Dakar.» Le Quotidien écrivait en substance que le 8 août 2014, les douaniers sénégalais avaient intercepté et saisi des valeurs monétaires de l’équivalent en dollars et en euros d’une valeur de 4 milliards de francs Cfa débarqués d’un aéronef en provenance de Conakry, et qui devaient embarquer sur l’avion de la compagnie Emirates reliant Dakar à Dubaï. Cet argent avait été bloqué parce qu’il ne remplissait pas les conditions d’entrée des devises, ni non plus forcément de sortie du territoire.
Le Quotidien poursuivait en indiquant que l’ennui était que ces devises n’étaient pas déclarées à l’entrée, et forcément, pas non plus à la sortie du territoire. Et leur transport ne répondait pas aux normes internationales en matière de transfert de devises. Ainsi, les gabelous sénégalais avaient décidé de procéder à la confiscation des montants et de l’aéronef qui a servi à leur transport. Et ils avaient avisé leur hiérarchie.
Par acquis de conscience, les autorités sénégalaises ont demandé à celles guinéennes, si elles étaient informées du voyage de l’avion et du contenu de sa soute. Grande fut donc leur surprise d’apprendre que non seulement les autorités guinéennes étaient bien informées du déplacement de l’avion, mais que mieux, c’étaient elles-mêmes qui l’avaient affrété. Et l’ordre aurait même été donné au plus haut niveau, depuis la présidence de la République.
Ainsi, les douaniers sénégalais n’avaient pu que, la mort dans l’âme, assister à l’embarquement des 4 milliards de francs Cfa en devises, pour Dubaï. Et ce, sans préjudice aucun pour les transporteurs. En ces temps assez troublés, où Ebola rendait déjà difficiles les canaux de communication, les dirigeants sénégalais n’avaient surtout voulu donner aux Guinéens aucun motif de ressentiment à leur égard.
Pourquoi avoir fait transiter autant d’argent par Dakar au lieu de faire un simple transfert interbancaire, comme cela se fait couramment en matière de transferts de fonds importants d’Etat à Etat ?, s’était encore interrogé Le Quotidien. Qui ajoutait que les Guinéens avaient expliqué que, du fait de la suspension par Emirates de son escale de Conakry, à cause d’Ebola (toujours !), ils étaient obligés, pour envoyer de l’argent dans ce pays, de se rendre à Dakar, d’où ils pouvaient prendre la correspondance pour les Emirats Arabes Unis.
Quand Conakry exigeait un démenti et des excuses à Condé
Et pas besoin d’explications, officielles ou pas, pour comprendre que l’argent ainsi transféré ne passait pas par les circuits officiels, mais était destiné aux besoins personnels des dirigeants de Conakry. Ce qui pouvait très logiquement s’interpréter comme un trafic de devises. Mais cela est une histoire dans laquelle Dakar n’avait pas osé entrer.
Par ailleurs, les «autorités de la Guinée» avaient même, à l’époque, exigé du journal Le Quotidien, un démenti et des excuses à présenter publiquement au Président Alpha Condé. Elles avaient aussi tenté de démentir l’information du Quotidien sur les ondes de la Rfm dakaroise, ces autorités, notamment celles de la Banque centrale de la République de Guinée (Bcrg), s’étaient épanchées sur les sites d’informations guinéens, qui avaient largement repris l’information du Quotidien, certains, comme des sites sénégalais, sans même se donner la peine d’en citer la source.