En croisade contre la recrudescence des viols et abus sexuels sur les femmes, Ibrahima Diakhaby, coordonnateur national de l’Association des journalistes contre le viol et les abus sexuels, était avec ses pairs à Touba. Ils ont été reçus par le khalife général des Mourides, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar, qui a écouté l’objet de leur visite et magnifié la noblesse de leur cause. Il les a assurés de son soutien.
« Touba étant une étape importante dans l’entame de toute quête, nous avons choisi de démarrer par ici la tournée nationale des foyers religieux et bénéficier de la bénédiction de Cheikh Ahmadou Bamba », a dit Ibrahima Diakhaby, coordonnateur national de l’Association des journalistes contre le viol et les abus sexuels. Selon M. Diakhaby, le Sénégal est un pays à 95% musulman où les chefs religieux ont une influence certaine sur la mémoire collective des populations.
« C’est pourquoi nous sollicitons des prières et la bénédiction et toute forme d’appui à notre cause », a-t-il dit. Avec les interventions de religieux en tant que voix autorisées, les journalistes ont espoir que ce fléau sera banni de la société sénégalaise. Ibrahima Diakhaby a aussi interpellé les religieux à travers le khalife parce que, soutient-il, le phénomène n’exclut pas les « daaras » (écoles coraniques). Rappelant que cette association milite pour l’application ferme de la loi sur les violeurs, il dira que même si le suivi psychosocial fait parfois défaut, la sanction pénale reste une étape fondamentale dans la lutte. Ils ont fustigé le fait que des coupables de viols soient relaxés sans avoir purgé la totalité de leurs peines qui varient de 5 à 10 ans. Très enthousiaste à l’issue de leur audience avec Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, Ibrahima Diakhaby invite les Sénégalais à partager leur lutte contre les abus faits aux femmes : « Il est du devoir de tout citoyen de s’impliquer dans cette cause et d’éradiquer le phénomène » a-t-il dit. Le coordonnateur national de l’Association des journalistes contre le viol de préciser que cela devient dangereux pour les filles, car la famille et l’école ne sont plus de potentiels refuges pour elles. « On s’est rendu compte que le viol prend des proportions inquiétantes dans notre société. 3.600 cas de viols ont été recensés en 2013. A l’école, 400 cas de viol ont été notés dont les auteurs sont souvent des membres du corps enseignant », a-t-il déclaré. Il y a des conséquences sur l’éducation des filles dont, dit-il, certaines vont jusqu’à abandonner leurs études. Ce qui constitue un facteur d’échec par rapport à l’enjeu majeur que constitue l’éducation des filles.