Alcool, vols, drogues, violences… La petite délinquance comme le grand banditisme prennent leurs quartiers à Mbour et ses environs. Si l'accalmie de ce début d'année semble bien trompeuse, 2013 aura été particulièrement violente dans tout le département et ses environs. Entre les gangs de voyous en ronde depuis la Guinée Bissau et la Casamance et les petits groupes spécialisés dans le vol de bétail, la concurrence est rude. Au fil des ans, la ville a vu s'ajouter d'autres formes d'agressions comme les braquages de commerce à l'arme légère. Mbour ou la folie de la délinquance ! Le titre ne fait même pas l'unanimité dans une cité envahie par des bandits en tout genre et devenue derrière Dakar, la plus « grosse » machine à fabriquer les résidus tertiaires urbains, de par sa forte croissance démographique.
1975. Mbour, se construit dans la tranquillité. Comme une ville ordinaire sur la côte ouest-africaine, la cité prend forme et se développe à son rythme. Zone carrefour, surveillée par la garde républicaine, (la police n’étant pas encore présente), c’est une cité paisible où les points d’attraction sont le centre d’affaires avec ses espaces de commerce : Maurel et Prom, Peyrissac, Chez Planas, Chez Taraf, Chez Namour et Michel Wazin.
La seule grande banque présente reste la Banque internationale pour le commerce et l’Industrie (Bicis) sur l’avenue principale qui mène vers le bord de mer et le grand marché de la ville.
Autour d’un rectangle situé au cœur de la ville, se trouve le critérium sur lequel sont organisés les tournois de cyclisme. Le tourisme n’est encore présent dans la cité et ses environs que par le centre touristique de la Petite côte, le domaine de Nianing et le Club Aldiana. Ville de normaliens et de fonctionnaires, les espaces de rencontres pour les jeunes sont les mêmes : le collège pour les jeunes, le bureau pour les travailleurs, et les aires de jeux, de repos du vaste domaine de l’Ecole normale où l’on offrait à tous les petits enfants, de vieux films d’époque, le mercredi soir. Tout pour faire une ville tranquille chahutée dans son fonctionnement par les évènements de mai 1968.
C’était, il y a quelques années. Dakar n’est pas loin.
80.000 habitants sinon moins, Mbour a été une ville de bonheur pour tous les jeunes fonctionnaires des années 1950 qui y ont été conduits des fois de gré, des fois de force après les soubresauts du référendum de septembre 1958. Les bonnes écoles ne manquaient pas, depuis l’Ecole Régionale jusqu’à l’annexe de l’Ecole normale en passant par l’Immaculée Conception, l’Ecole III, etc. Un collège érigé en section normale, un autre pour l’enseignement moyen général (CEMG), le Collège Saint-Esprit, des enseignants de qualité, à côté du Cours normal qui prenaient aux Collèges et lycées les meilleurs brevetés ; un décor de rêve, pour dire.
Si vous ajoutez à tout cela, de longues et belles plages poissonneuses, vous avez tout pour ne rien envier à la Côte d’Azur, à Cannes ou Saint Tropez.
SALY - ELDORADO ET LIEUX DE DEBAUCHE
Dans ce décor, un maire atypique parce que presqu'anonyme, aidé par la gendarmerie et la garde républicaine, n'avait pas grand-chose à faire. Ahmed Sarr, c'est son nom, était postier, avant d'être désigné par le Parti socialiste, maire de Mbour après DembaDiop, IbouKébé, le Docteur Diouf…C'est le début du succès de la ville. 1977, Saly arrive avec ses ambiances de tourisme de masse et de stations balnéaire. Sur le littoral, le décor change subitement avec des immeubles d'un autre temps jamais vus sur ce bord de l'Atlantique. Palm Beach, Royam, Novotel, Savannah, l'Espadon Club, c'est le boom touristique avec ses folies.
Le petit SalyPortudal devient l'attraction touristique de la République. On « charge » l'océan pour construire tout le temps. De petits villageois deviennent tout d'un coup, des millionnaires qui jouent sur la spéculation foncière pour se remplir les poches. Et, voilà Saly qui tend à devenir une ville comme jamais on en a construit au Sénégal. Et dans cette ambiance, l'exode s'accélère. Des villages entiers se vident. Le bouche à oreille fonctionnant bien, les autres régions ne veulent pas être en reste. Saly se remplit de tout le Sénégal avec son cortège d'imprévus, ses jeunes badauds qui « agacent » le touriste tout le long de sa promenade.
Ce n'était pas le but. Certains ne vont plus à l'école mais à la plage, à la poursuite du riche touriste blanc, fumeur de cannabis, qui sait qu'il peut en trouver avec les nouveaux intermédiaires. La mairie n'a pas vu venir ; la ville et son environnement étaient en train de changer dans le mauvais sens.
BARS, MAQUIS, TOURISME ET LE DEBUT DE LA PERVERSION - L'ENVERS DU DECOR
Dans les années 1970 comme tout au long de la décennie 1980-1990, pour vaincre sa soif d'alcool, de vin ou de « thioncom » (vin de palme), Mbour avait des places traditionnelles. « La source » était une place pour les habitués. Chez « Oncle Pat » aussi. Après est venue s'ajouter, le « Mama Ndagne » toujours rempli de gens en quête du nirvana. Diam Bougoum et le Snack Bar, tout près du marché central du bord de mer comme les cases traditionnelles à « Bignona », chez les Ndiago, à côté du collège ne sont pas loin. Ces lieux étaient connus pour être le refuge de quelques saoulards habitués à la bouteille d'alcool et de vin. En semaine comme pendant le week-end, il n'était pas rare d'entendre sous votre fenêtre après une nuit bien arrosée, le cri d'un ivrogne qui insultait son mal être. C'était ça aussi Mbour.
Le temps est passé. « La Source » a vieilli. Le Snack fermé et transformé en boutique. Et, comme des âmes perdues, les alcooliques, vieillis par les tonnes de litres avalés sont tous ou presque au cimetière. Des jeunes, des moins jeunes, la ville a eu son cortège de malheurs sur ce point. Sombel, NgorSy, Pierrot, etc. les bistrots cachés de la ville avaient leurs habitués. La plupart ne sont plus de ce monde.
L'absurde et le burlesque au sommet, jusqu'à voir un jeune de la ville, se faire appeler en cette période des années 1970, d'un surnom bizarre et osé, « déling ». Ce nom lui collait comme un gant et sur un terrain de football, le jeune héros qui savait manier la balle, avait aussi d'autres astuces pour faire plier un défenseur ou un gardien de but. Il va payer la note un jour de finale en 1979 en tirant les c… d'un gardien de but. Le coup va stopper la carrière de ce footballeur d'un autre genre.
On ne voyait pas venir, mais le chemin était tout tracé pour la jeunesse, ses modèles ou anti-modèles. Le mal est d'autant plus grave que de rares sociologues se sont intéressés à cette question en dehors des études parcellaires de l'OngEnda Tiers Monde effectué par Jacques Bugnicourt et Arthur Tibésar sous forme d'interrogation : « Le tourisme en Afrique, moteur ou entrave pour le développement ?"
Au fil des ans, avec le tourisme et l'attrait qu'il a exercé sur les localités de la Somone, Ngaparou, Saly, les lieux d'enivrement se sont déplacés. Ceux de la petite délinquance aussi qui a pris des formes nouvelles. Au lieu de trouver du travail pour les jeunes, le tourisme n'a pas apporté grand-chose pour nombre d'enfants de la Petite côte. Tout à côté de la ville de Mbour, la petite localité de SalyPortudal, hier village tranquille peuplé de sérères, de peuls et de bambaras, est devenue un lieu de fractures ; avec un taux d'alcoolisme et une consommation de drogues (cannabis, cocaïne, jusqu'à l'ecstasy) très élevé.
Le scénario est le même côté sud, vers Warang, Nianing, Mbodiène et Joal. Sans contrôle et avec une pratique des pots de vins rentrés dans les mœurs, un simple terrain de 250 mètres carrés ne coûte plus moins de 10 millions de francs là où les quatre bornes d'une parcelle de 500 mètres carré ne dépassaient guère les 100.000 Fcfa jusqu'au début des années 1990. L'argent n'a pas d'odeur. On vend au plus offrant d'où que puisse provenir la monnaie.
A quoi sert une ville qui grandit quand son développement rime avec toutes ses tares ? Les noms sont communs comme les mots et les maux : dérive de la jeunesse, usage excessif de cannabis et d'autres drogues. Trafics en tout genre. Arnaque et vols à mains armées depuis peu. A moins d'un an des élections locales de cette année 2014, que peut attendre cette ville de l'acte III d'une politique de décentralisation qui a plus contribué à la rendre plus fragile que quand la mairie et la préfecture avaient en commun la responsabilité commune de la gestion de la cité et du département ?
Conscients qu'elle ne leur a rien apporté, les jeunes qui ont su échapper aux effets entrainant des vices du tourisme malsain, de l'alcool et des drogues, se posent des questions. Et la question principale reste celle de l'avenir.
LE MAL-ETRE D'UNE JEUNESSE DESŒUVREE
Confrontés au quotidien et travaillant pour certains, dans l'embryon de transport urbain qui tient encore debout dans une certaine anarchie avec des taxis clandos sans garantie, l'avenir n'est pas pour demain et risque de ne jamais arriver.
Dans la génération actuelle de gens qui revendiquent leur appartenance à la cité, la plupart ont dépassé la trentaine. Mais n'ont rien ou presque ; pas de terrain, pas de maison, pas de travail encore moins une femme et des enfants. Donc ne leur parlez pas d'avenir ; car c'est maintenant que se joue le match. Rattrapés par les soucis du quotidien, beaucoup parmi eux appartiennent à la masse de pauvres qui grossit chaque jour l'espace urbain. Beaucoup n'ont aucun diplôme et restent des rejets du système éducatif. Alors, l'école de la seconde chance, ils ne savent pas ce que c'est.
Ils sont nés dans des maisons construites pour les plus âgés, par leur père, pour les plus jeunes par leur grand père. Ils y sont et n'envisagent pas pour beaucoup encore, d'acquérir un toit. Ils n'en ont pas les moyens. Dans ces maisons où cohabitent deux ou trois générations d'enfants, de neveux et de petits enfants, la coupe est pleine. La tension est palpable entre frères, neveux, cousins, et même les petits-fils.
La famille explose quand personne ne parvient à jouer le rôle du père ou du grand frère. Dans ces maisons se retrouvent souvent des rejetons de tous horizons, des sœurs, des frères divorcés ou veufs avec leurs enfants, l'unité n'est plus de mise. Chacun pour soi. Avec de histoires qui devraient dès maintenant être la préoccupation des sociologues, mais surtout des psychiatres et des psychologues. Et, ce n'est la fin de l'histoire.
Il y a quelques années, deux frères d'une même maison se sont battus à mort jusqu'à voir l'un perdre la vie. La victime enterrée, la famille vit avec ce silence coupable et dangereux. Sans faire appel au conseil d'un psychologue ou d'un expert en psychiatrie qui explique la soudaine violence qui sévit dans certaines familles. Ce garçon vivant au Canada venu passer quelques jours de vacances en famille navré de ce qu'il voit, raconte. « Quand j'arrive devant chez moi, je suis moi-même malheureux de constater devant mes propres frères et leurs amis qui tirent sur le cannabis, tout en connaissant les dégâts sur la santé mentale. Je ne me reconnais plus chez moi, raconte mon interlocuteur », à bout de nerfs.
Dans cette ville, c'est comme dans le Chicago des années 30, période où la mafia italienne sévissait au cœur de la cité. A Mbour, la consommation d'alcool et de drogue n'est plus le seul fléau. Il s'y ajoute désormais la faillite de la famille. Et ce n'est pas tout. Il y a quelques mois en octobre 2013, à la veille du samasso, (la fin du rite initiatique du grand djoudjou), dans l'après midi du samedi, un homme a tiré sur des jeunes qui se seraient trop approchés de chez lui, avec le kankourang. Les balles qui n'ont pas touché le kankourang ont atteint deux suivants.
Le procès était encore suspendu à la décision du tribunal de Thiès à la suite de l'interpellation du tireur embusqué et de ses deux victimes. Une autre première. Il n'y a pas eu de morts, mais voilà une première qui reste l'alerte la plus sérieuse depuis le début des cérémonies de la circoncision dans la ville depuis plus d'un siècle. C'est une sérieuse alerte. Parce que chaque jour, dans cette ville, des gens sont agressés. Des femmes, des enfants, des hommes nantis de leur bien que des agresseurs organisés venus d'on ne sait pillent.
Certains ont poussé le crime jusqu'à provoquer un incendie volontaire au quartier Thiocé-ouest dans un dépôt de charbon et de bois pour détourner dans la nuit, l'attention des populations et aller opérer leur forfait tout à côté. Des témoins racontent la scène, médusés.
UNE CITE SANS LOI, OUVERTE A TOUS LES TRAFICS - LE GRAND BANDITISME AU CŒUR D'UNE VILLE
Au mois d'octobre 2013, trois personnes, s'exprimant en Pular, ont selon nos sources attaqué une boutique se situant à près de 300 mètres du stade Caroline Faye. Les bandits ont emporté de l'argent et des marchandises, des cartes de crédit notamment, le tout estimé à plus d'un million 600 mille FCFA. Les victimes qui n'avaient pas été épargnées par un incendie à la même période, sont d'origine mauritanienne et avaient perdu quelque 30 millions dans ce feu. Quelques jours après, c'est encore cinq individus armés de fusils de marque kalashnikov et d'armes blanches qui ont dépouillé deux boutiques. Avant de s'enfuir, ils ont pu emporter de la marchandise et de l'argent. Le tout a été estimé à un million cinq cents mille francs Cfa.
C'est le second cas de vol de ce genre à Mbour. Octobre 2013, un mois de tous les records pour la ville. Jeudi 10 octobre, à l'entrée de la Petite-Côte, à Mbour, une prise-record de 800 kilos de cannabis, que des narco-rabatteurs convoyaient à bord d'un camion-benne, en provenance du Mali montrent aux autorités que la ville mérite désormais une très grande attention. Une situation qui commence à inquiéter les habitants. Toute la population s'en plaint aujourd'hui. Mais, que peuvent bien faire les autorités de la ville face à tant de problèmes ? Même nantie d'un budget déclaré de plus d'un milliard de FCFA, de quels moyens dispose la commune pour recouvrer tout cet argent ? Et, qu'est-ce qu'elle en fait en réalité ?
A la décharge du maire, on peut évoquer l'absence d'une véritable équipe municipale autour de lui depuis son élection surprise en mars 2009. Issue d'une coalition hétéroclite dans laquelle se trouvaient le Parti socialiste, l'Alliance des forces du progrès et d'autres partis qui voulaient faire partir l'ancien maire, Mbaye Diagne, la ville a payé le manque de cohésion au sein de ce groupe. Comme toujours, devrait-on dire. Mbour, depuis le départ précipité du maire IbouKébé emporté au milieu des années 1960 par l'affaire de l'assassinat du député DembaDiop, n'a pas eu de véritable leader à sa tête. L'arrivée en 1978 de l'ancien proviseur du lycée MalickSy de Thiès, Abdou Mané, a donné l'illusion que tout allait changer, mais l'histoire des divisions va rattraper la cité. La ville ne s'en est pas encore remise passant de suspension du maire au placement en délégation spéciale.
Alors Fallou Sylla n'aura fait que rafler une mise dont personne ne semblait vouloir. Mais malheureusement, ce fut une pierre brûlante entre ses mains, car tout ce qui a été évoqué plus haut, semble le dépasser aujourd'hui. Il n'a pas les moyens, à la vérité, entend-on dire du coté des jeunes, de diriger quoi que ce soit dans la ville. Tout lui est tombé entre les mains comme par hasard. N'étant pas préparé à la charge qu'il a sur les épaules.
GEOPOLITIQUE DE LA VIOLENCE - LES NOUVEAUX GHETTOS DE LA MAFIA
En Afrique de l'ouest, face aux fragiles équilibres économiques, la déliquescence du pouvoir politique au sommet dans certains pays (Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Mali…) et l'absence d'alternatives pour les populations, la géopolitique du vol et des trafics a fini de peaufiner ses stratégies. En s'adaptant chaque fois aux nouvelles donnes introduites dans les systèmes de sécurité et de surveillance des frontières, une nouvelle mafia prend forme et se développe. Pendant que les Etats, l'armée et la police n'ont pas tous les moyens pour contrôler la situation, ces hommes de terrain qui ont infiltré les marges urbaines et rurales laissées à elles-mêmes, « travaillent » à déstabiliser tous les systèmes en place. L'exemple-type est la rébellion casamançaise et ses multiples métastases qui s'élargissent de part et d'autres du pays.
Contre la drogue, les lobbies fonciers et la violence urbaine, quelle ville africaine a les moyens aujourd'hui de contrôler et de suivre les tracés sinueux de ce trafic ? Ce ne sont ni Lagos, enfouie dans les trafics en tout genre ni Abidjan, sur le golfe de Guinée, secoué et affaibli par des années de guerre civile. Encore moins la Guinée, et sa seule grande ville Conakry, terre de pauvreté et de trafiquants. Ce n'est pas encore Freetown, Monrovia et Bissau qui n'ont de capitale que de nom. En remontant un peu plus vers le nord, Ziguinchor sur le même trajet, est encore moins nanti. Quid de Banjul, centre international des trafics, zone de passage situé dans le cœur même du Sénégal. Alors que vaut Mbour autre centre de trafic intense ? Ville traversée de part en part sur terre, par la mer, et l'air, Mbour est au centre de tout cet imbroglio.
ELECTIONS LOCALES DE 2014 - LA SECURITE URBAINE, UN SUJET DE CHOIX
Nouveau sujet, mais surtout nouveaux remèdes à réinventer pour les Etats : la sécurité urbaine. Car si dans le discours, tous parlent grâce l'appui d'Interpol le même langage, la sécurité des populations, surtout dans les villes, reste un grand sujet de thèse qui ne semble pas intéresser les Etats. Ils n'en connaissent ni l'ampleur, ni la gravité. Or que de travaux de réflexions développés au cours de ces dernières années, dans les grandes réunions des Nations Unies. Vancouver en juin 2006, a réservé au thème de la sécurité urbaine, une journée spéciale qui n'a pas sans doute suffi.
La sixième édition du sommet Africités 2012 accueillie par le Sénégal du 4 au 8 décembre 2012, a été un moment consacré encore à la thématique à travers le thème « Construire l'Afrique à partir de ses territoires : Quels Défis pour les Collectivités Locales ?» Mais, souvent, ministres comme maires ont été les grands absents, laissant leur place aux techniciens et aux acteurs divers de la vie de la cité. Or, au même moment, sur les routes du sud que suivent les trafiquants venant du golfe de Guinée depuis le Nigeria, à partir de la mer, jusqu'à Mbour, la voie est dégagée. La mer est une autoroute que n'osent emprunter que les trafiquants chevronnés qui connaissent la voie.
Bien informés, ils savent quelle est la place qu'occupe Mbour et toute la petite côte dans leur trajet et pour l'écoulement de leurs produits. Ce n'est pas pour rien que les dernières grandes saisies de drogue (cocaïne) l'ont été du côté de cette zone (Warang) avec un petit bateau colombien qui y a échoué. Le long du littoral, ce trafic a entrainé une folie immobilière qui impressionne par la qualité des infrastructures construites au cours de ces 30 dernières années. Le nombre de bolides circulant dans la ville, en semaine comme pendant le week end, sont la preuve que Mbour et la petite commune de Saly sont des espaces à part dans le pays.
Face à la misère qui frappe les villages alentour (Malicounda, Warang, Nianing jusque dans le cœur de la ville de Mbour), les jeunes désœuvrés passent leur jour devant les hôtels, attendant la sortie d'un couple de touristes, un trafiquant ou un consommateur de drogue et des fois, un couple d'homosexuels à la recherche de services. La tentation est grande de tomber dans les mailles du filet. Ou simplement de déranger le touriste en ballade qui cherche de l'air. Il s'ensuit des fois, des agressions, des vols qui ont fini par décourager nombre de voyageurs sur le Sénégal, tant la pauvreté grandissante de la Petite côte est devenue leur sujet de discussion, une fois repartis dans leur pays.
S'ensuit souvent le risque de ne plus jamais remettre les pieds dans un pays sans sécurité pour ses hôtes. Le descriptif est loin d'être exhaustif. Nul doute dans ce contexte que l'avenir pour tout nouveau maire que ce soit, ne sera pas de tout repos. Dans cette ville où tout est à construire, les défis sont énormes. Hier riche de ses hommes, ses femmes et sa jeunesse, Mbour s'est beaucoup appauvrie et a été vaincue par les mauvais cotés du tourisme et les trafics qui s'y sont greffés. Pour retourner les tendances, il est clair que la seule tête d'un homme même sorti comme par miracle d'un conte de fée, ne suffira pas.
Pour l'histoire et pour l'avenir, il faudra quelques grosses idées, des paroles, des actes et… encore de la vision et de l'argent. Sinon, Mbour risque la faillite du haut de ses 300.000 habitants déclarés ; chiffre qui ne reflète d'ailleurs aucune réalité au plan démographique aujourd'hui.