Les travailleurs du centre Talibou Dabo ont hier égrené un chapeau de doléances et dénoncé de nombreux manquements liés au fonctionnement de cette structure sanitaire et éducative publique. Lors de leur face à face avec la presse hier, lundi, ils ont exigé de la direction l’application du décret faisant du centre un établissement public sanitaire (Eps) et d’apporter des solutions à toutes les difficultés actuelles qui menacent l’avenir de la structure, jugé irremplaçable dans le dispositif sanitaire et éducatif national.
Après le bras de fer qui a opposé le médecin chef régional et les travailleurs du secteur sanitaire de la région de Louga, c’est le tour des travailleurs du centre Talibou Dabo de Grand Yoff de jeter un gros pavé dans la marre en mettant sur la table les énormes difficultés qu’éprouvent cet établissement de santé pour enfants handicapés. Lors d’un point de presse tenu hier, les travailleurs regroupés au sein de la Convergence Sutsas-Sas ont voulu informer l’opinion et les autorités sur la nécessité de panser les multiples plaies dont souffre leur structure.
Selon le porte-parole Idrissa Diallo, la gestion administrative y est globalement caractérisée par une mauvaise utilisation des ressources financières. Conséquences : le bloc opératoire est non fonctionnel et le déficit est notoire dans la prise en charge médicale des élèves et des contractuels. En somme, toute une kyrielle de revendications dont la non régularisation de certains travailleurs qui ont fait plus de trente ans de service mais qui continuent à percevoir 35 000 Cfa de salaire. Le matériel didactique et médical est en manque, la vétusté du parc automobile impacte négativement le transport des élèves. Des difficultés qui auraient pu trouver des solutions si le décret qui a érigé le centre en EPS était appliqué, soutiennent les travailleurs. Et ce statut tant attendu concerne le Centre national de transfusion sanguine (Cnts), le Centre national d’appareillage orthopédique (Cnao), la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) et le Centre Talibou Dabo de Grand Yoff.
Toutes les autres structures de santé sont érigées en EPS conformément à la loi, les travailleurs amers constatent que seul le centre Talibou Dabo fait exception. Suffisant donc pour les travailleurs de réitérer dans l’urgence l’application et la matérialisation de cette loi pour l’amélioration de la qualité de soins dans les différents services du centre au profit des élèves handicapés et des populations environnantes. L’intégration des agents de santé communautaire (ASC) et des ex-agents du Pdis dans la Fonction publique ainsi que l’envoi en stage de techniciens fait partie des exigences de ces travailleurs très en colère contre ceux qui devaient faire de ce décret une réalité.
Les maux du centre ne se limitent pas aux questions de santé. Car dans l’enseignement élémentaire, le directeur est monté également hier au créneau pour fustiger les problèmes qui heurtent et portent un lourd handicap à l’éducation des enfants handicapés notamment dans son coaching et dans ces décisions. L’école n’a en effet pas d’autonomie d’action et aucune décision visant à accroitre les chances de succès des élèves n’est prise, a pesté le directeur de l’enseignement élémentaire très remonté contre l’état de cette école livrée à elle même.
A titre d’exemple, il a évoqué le problème récurrent des deux seuls enseignants qui assurent la rotation pour 112 élèves de l’élémentaire uniquement et qui grèvent largement le temps de travail. Alors que le quantum horaire du seuil normal est de 29 heures par semaine pour les autres écoles, ceux du centre Talibou Dabo font 19 heures, soit un déficit de 10 heures de temps. Et il y a également 5 heures de flottement du lundi au vendredi. La problématique de logistiques et de personnel enseignant sans moyens font que l’école traverse de sérieuses difficultés pour remplir sa mission.
REACTION DU DR KHADISSATOU GAYE, DIRECTRICE DU CENTRE
«L’Etat a débloqué les moyens »
Interpellée sur tous ces manquements, la directrice du Centre semble être surprise de la sortie des travailleurs et de certains problèmes qui la dépassent. Ayant pris service au mois de mars dernier, elle se dit pourtant très disposée à disposer avec les travailleurs. « Ils ne m’ont saisie que le jeudi dernier pour me faire part du point de presse qu’ils veulent organiser dans les locaux. Concernant les problèmes qu’ils ont soulevés, on aurait pu s’asseoir autour d’une table et voir comment aller ensemble dans une même direction pour le bien des enfants. » La directrice de faire remarquer ensuite que sa porte n’est pas fermée et qu’elle tient régulièrement des réunions avec le staff dans son bureau. En ce qui concerne la transparence dans la gestion, elle soutient que si les travailleurs lui demandent les comptes elle est prête à leur fournir tous les détails de sa gestion. Elle dit avoir même requis un inspecteur économique pour faire l’état des lieux dès sa prise de fonction. Sur la question de la rupture des médicaments, elle soutient que la pharmacie fonctionne certes au minima, mais que toutes les commandes ont été achetées. Le Dr Khadissatou Gaye d’en profiter pour annoncer ensuite la réhabilitation du centre. Elle révèlera que l’Etat a débloqué des moyens conséquents pour réhabiliter complètement le Centre, ce qui pourrait même les faire déménager durant une certaine période pour libérer le chantier.
C.T.M