Réunis dans la salle de réunion du centre culturel Léopold Sédar Senghor, à un jet de pierre de l’ex- Régie des Chemins de Fer du Sénégal, les cheminots sont venus répondre massivement, samedi dernier, à l’appel du comité de réflexion, de propositions pour la relance des activités ferroviaires et d’évaluation des contentieux.
Le forum de samedi dernier à Thiès avait comme objectif principal la collecte de propositions émanant de la population cheminote, une sorte de « brainstorming » à l’issue de laquelle des termes de référence bien élaborés sont confectionnés et épluchés lors des prochaines assises sur les chemins de fer prévues les semaines à venir dans la capitale du rail. Au cours de cette assemblée générale, tous les experts ferroviaires ont unanimement affirmé que la mise en concession de l’ex-société nationale des chemins de fer du Sénégal a été un échec. Selon eux, l’objectif principal visé par ce choix était de pousser le secteur privé à investir dans les infrastructures ; c'est-à-dire la voie, le matériel roulant, entre autres. Mais, pour les cheminots, ce fut un flop sur ce point et pire encore, une bonne partie de ce patrimoine tombe en ruine ou tout simplement vendu sous forme de ferraille.
Alors, dix ans après la concession dont trois dernières années pendant lesquelles la société repreneuse était en règlement préventif, les cheminots ont salué la volonté politique du président de la République Macky Sall de s’engager vers une véritable politique ferroviaire pour le Sénégal. Pour les anciens secrétaires généraux de syndicats cheminots comme Hamidou Diallo, Moïse Diouf, Sassoum Ndiaye, ce choix courageux mérite un soutien et un engagement citoyen aux côtés du chef de l’Etat et du gouvernement afin de pouvoir leur apporter des pistes de solution efficace. Etant tous aujourd’hui à la retraite, ils considèrent leurs actions comme un acte patriotique et un devoir historique. « Il n’est pas question de laisser le chemin de fer mourir de sa belle mort, car nous l’avons hérité des anciens cheminots dont certains y ont laissé leur vie », note Hamidou Diallo.
Pour rassurer les cheminots sur la détermination du gouvernement à remettre les chemins de fer sur de bons rails, le directeur de cabinet du ministère des Transports, Alioune Diallo, a expliqué le schéma vers lequel le Sénégal et le Mali ont décidé de s’engager.
Retour des trains voyageurs
« Deux sociétés de patrimoine distinctes sont prévues au Sénégal et au Mali et vont prendre en charge les investissements et la gestion des infrastructures ; ce qui permettra aux Etats de reprendre leur souveraineté sur l’outil ferroviaire », lance-t-il. Sur la même lancée, le directeur de cabinet ajoute qu’une société privée où le Mali tout comme le Sénégal vont être présents, aura en charge l’exploitation. Il a aussi annoncé le retour des trains voyageurs, la reprise de la gare centrale de Dakar. « Nous sommes déjà en plein dans le recensement des emprises », indique-t-il.
C’est pourquoi il a demandé aux cheminots de ratisser large en vue des prochaines Assises des chemins de fer prévues en février, où cheminots en activité, expertises à la retraite et autres acteurs disponibles vont travailler et mettre à la disposition un document bien ficelé qui engagera tout le monde. « Ceci va faciliter le travail au gouvernement qui aura un seul interlocuteur », ajoute Alioune Diallo. Nul doute qu’une telle politique ferroviaire, bien mise en œuvre, va soulager les routes qui souffrent beaucoup du surplus de poids.