Le Directeur du patrimoine culturel national du Sénégal, Hamady Bocoum, a souligné lundi l’importance du projet de Mémorial des droits humains de l’Union africaine (UA), souhaitant qu'il soit perçu comme une alliance des sites de mémoire des pays africains sur le passé des génocides et de l’esclavagisme.
‘’Il faut percevoir ce projet de mémoire comme une alliance car les sites de mémoire ne disent pas partout les mêmes choses’’, a-t-il dit à l’ouverture des sessions consultatives sur l’esclavagisme prévues pour deux jours à la Direction du patrimoine culturel.
Au Sénégal, selon lui, il s’agit plutôt de la mémoire de la traite atlantique qui est cristallisée à Gorée, ‘’mais il ne faut pas que ces sites de mémoire étouffe les autres souffles mémoriaux qui sont liés à l’esclavage basique qu’on retrouve dans certains pays, à travers les violences de genre ou encore le travail’’.
M. Bocoum a cité plusieurs formes d’esclavages comme l’esclavage domestique, la traite saharienne, l’esclavage des noirs, la traite atlantique, mais aussi d’autres formes de privation de liberté.
‘’L’acte mémoriel est un acte à la fois symbolique et structurant, mais en Afrique, on n’a pas l’habitude de construire des mémoriaux (…), et pourtant il permet de cristalliser la mémoire collective autour d’un événement important qu’il soit heureux ou malheureux(…)’’, a-t-il soutenu.
Le mémorial est une étape de essentielle de l’aménagement culturel d’un territoire, selon ce chercheur sénégalais. Hamady Bocoum est archéologue de formation.
‘’Malheureusement, un monument est toujours vu sous l’aspect extravagant (…). Depuis la nuit des temps, seuls les aménagements culturels parviennent jusqu’à nous en gardant intact tout le message, que cela soit un message d’amour, de haine ou de paix’’, a-t-il relevé.
Pour Clementine Uwamuguha, représentante du Rwanda à l’Union africaine, ‘’cette session va permettre une réflexion sur les voies et moyens de conserver la mémoire de ces gens qui ont été victimes des droits humains’’.
Pour sa part, Eshete Tilahum Woldeyes, représentant de l’Ethiopie à l’UA, a estimé le nombre d’esclaves dans le monde à 27 millions avec une portion très grande sur le continent africain avant d'indiquer que ‘’le Mémorial sera une façon d’éduquer les populations sur les fondamentaux des droits humains’’.
Abdoulaye Macko, premier vice-président de l’ONG Temedt, a pour sa part souligné le combat mené par cette organisation anti-esclavage malienn en vue dde ‘’criminaliser l’esclavage au Mali et lutter pour qu’il y ait des sites de mémoire à travers le pays’’.
De son côté, Biram Dah Abeid, Directeur de l’Initiative de Resurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie), attend beaucoup de ces consultations. Pour lui, ce projet doit être un ‘’véritable projet de soutien’’ pour la mémoire de l’Afrique, mais aussi ‘’aux millions d’Africains sous le joug de l’esclavagisme’’.
Eloi Coly, conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, a lui mis en avant une réflexion plus approfondie sur le contenu du projet de Mémorial des droits humains de l’UA, précisant l'existence de nombreuses manifestations sur les droits humains en Afrique, mais qui restent dispersées.