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Sénégal: Karim Wade condamné à six ans de prison pour "enrichissement illicite"
Publié le lundi 23 mars 2015  |  AFP
Karim
© Autre presse par DR
Karim Wade condamné à 6 ans de prison ferme par la CREI




Dakar- L’ex-ministre et fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, Karim Wade, a été condamné lundi à six ans de prison ferme pour "enrichissement illicite", un verdict qui risque de l’écarter de la prochaine présidentielle mais qu’il entend contester devant la Cour suprême.
La juridiction spéciale qui a jugé Karim Wade, désigné samedi candidat du
Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) à la présidentielle, n’a pas
assorti sa condamnation d’une privation des droits civiques, a précisé le
ministre de la Justice Sidiki Kaba, coupant court aux débats provoqués par le
silence du verdict sur ce point.
"Si le projet politique existait pour couler un adversaire, le résultat n’a
pas été atteint", a dit le ministre, réfutant les accusations de l’opposition
et assurant que "les juges se sont prononcés en toute indépendance".
"La condamnation est politique. Depuis longtemps on veut empêcher un
candidat, notre candidat, d’être présent à l’élection présidentielle", s’était
insurgé Oumar Sarr, un dirigeant du PDS, la formation d’Abdoulaye Wade. Ce
dernier a qualifié le verdict de "cinéma", selon des propos en wolof rapportés
par les médias.
Le calendrier voulu par le chef de l’État Macky Sall, qui compte proposer
par referendum en 2016, la réduction de son mandat de deux ans, pour organiser
le scrutin en février 2017 au lieu de 2019, pourrait suffire à écarter Karim
Wade de la course, à moins d’une cassation de sa condamnation.
"Dès cet après-midi (lundi), nous allons saisir la Cour suprême pour que le
jugement soit cassé et annulé", a d’ailleurs indiqué un des avocats de Karim
Wade, Me Mohamed Seydou Diagne.
Le ministre de la Justice a souligné que le condamné comme le ministère
public disposaient d’un délai de six jours pour se pourvoir devant la Cour
suprême.
"Karim Wade a été reconnu coupable du délit d’enrichissement illicite" et
condamné à six ans de prison ferme et plus de 210 millions d’euros d’amende,
mais relaxé de l’accusation de corruption, selon la décision lue en l’absence
du principal accusé par le président de la Cour de répression de
l’enrichissement illicite (CREI).

- Incidents isolés -

Le parquet avait requis sept ans de prison ferme, plus de 380 millions
d’euros d’amende, une confiscation des biens et une privation des droits
civiques contre l’ancien ministre de 46 ans, en détention préventive depuis
avril 2013.
L’annonce du verdict par le président de la CREI, Henry Grégoire Diop, a
été interrompue par les hurlements des dizaines de partisans de Karim Wade,
dont beaucoup ont fondu en larmes, couvrant la fin de la lecture de la
décision.
Près de l’Université de Dakar, des manifestants ont renversé des poubelles
et brûlé au moins un pneu sur la chaussée avant d’être dispersés par les
policiers à coup de grenades lacrymogènes, selon un journaliste de l’AFP.
Une journaliste de la radio privée RFM a en outre été prise à partie par
des partisans présumés de Karim Wade, selon les médias locaux.
L’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012), 88 ans, qui n’avait assisté à
aucune audience depuis l’ouverture du procès le 31 juillet, s’est rendu lundi
au palais de justice.
La CREI a motivé sa décision par un écart de plus de 100 millions d’euros


entre le patrimoine estimé de Karim Wade et ses "revenus légaux", considérant
que "l’origine licite de ce patrimoine n’a pas été prouvée", la charge de la
preuve devant cette juridiction incombant au prévenu.
Karim Wade est accusé d’avoir illégalement acquis par le biais de montages
financiers complexes, du temps où il était conseiller puis ministre de son
père, ce patrimoine constitué de sociétés, comptes bancaires et propriétés
immobilières, au Sénégal et l’étranger, et voitures de luxe, ce qu’il nie.
Parmi la dizaine d’autres prévenus, le principal, Ibrahima Abou Khalil
Bourgi, présenté par l’accusation comme un "prête-nom" de Karim Wade, a été
condamné à cinq ans de prison ferme.
Ce procès tient le Sénégal en haleine depuis près de huit mois, jalonné
d’une longue bataille de procédure et de coups de théâtre: limogeage du
procureur, démission en pleine audience d’un juge, comparution de M. Bourgi,
malade, sur une civière, grève de la faim de Karim Wade "frappé et blessé" au
tribunal, expulsion d’un de ses avocats...
mrb-sst/cs/fa
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