Le Sénégal est menacé par les inondations dues au changement climatique, qui se traduisent déjà dans certaines localités par des débordements une grande partie de l’année, a prévenu mardi à Dakar la responsable de l’ONU pour la réduction des risques de catastrophes. "Il y a une pression énorme pour agir", a déclaré à l’AFP Mme Margareta Wahlström, représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes, en visite au Sénégal du 25 au 29 janvier.
Elle a indiqué avoir eu des entretiens sur la question avec différents interlocuteurs, notamment mardi avec des maires de localités situées sur la côte ou qui sont traversées par des cours d’eau. "Certains d’entre eux ont dit: +Nous sommes sous les eaux dix mois sur
douze+. Je pense que cela dit tout", a affirmé Wahlström.
La responsable de l’ONU a estimé que les autorités sénégalaises avaient conscience de l’urgence et étaient en train d’accorder "la priorité absolue aux inondations".
Elle avait auparavant animé un point de presse avec le ministre sénégalais de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, selon lequel "une des principales faiblesses" du Sénégal en matière de gestion des catastrophes était un manque "de grande coordination".
Le Sénégal envisage de créer une agence qui serait dotée de "beaucoup plus de moyens (...) de façon à pouvoir coordonner toutes les actions du gouvernement dans le cadre de la gestion des risques de catastrophes", a ajouté le ministre Diallo, sans fournir de calendrier et de budget. Le pays compte plus de 500 km de côtes, et il est traversé par trois
fleuves: Sénégal au nord, Gambie et Casamance au sud.
Il a connu ces dernières années des inondations ayant fait plusieurs morts et des milliers de sans-abri, particulièrement dans des zones précaires de la capitale, Dakar.
La cité historique de Saint-Louis (nord, à près de 270 km de Dakar), bâtie entre le fleuve Sénégal et l’océan Atlantique, a été désignée comme la plus menacée d’Afrique par la montée des eaux dans un rapport d’ONU-Habitat pour l’Afrique publié en 2008.
Le document mettait en cause le changement climatique mais aussi l’ouverture d’un canal artificiel. "On estime que sur nos côtes l’océan avance d’un mètre par an. Dans cent ans, si rien n’est fait, l’Atlantique aura grignoté la ville sur 100 mètres", avait dit à l’AFP en mai 2013 Boubou Aldiouma Sy, chercheur en géographie à l’université de Saint-Louis.