Le Réseau migration et développement (Remidev) a lancé avec ses partenaires, une campagne annuelle pour que la libre-circulation des personnes et des biens dans l’espace Cedeao soit une réalité. Face à la presse, les responsables de cette organisation ont annoncé une série d’activités pour lancer un plaidoyer afin d’amener les autorités étatiques à respecter ce protocole signé il y a 30 ans par les différents Etats.
Le Réseau migration et développement (Remidev), avec ses partenaires, mène une campagne étalée sur une année pour faire de la circulation des personnes et des biens dans l’espace de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) une réalité. Durant cette période, le Remidev va déployer un plaidoyer auprès des autorités étatiques et observer des activités d’observation citoyenne pour avoir une idée des tracasseries subies par les citoyens dans les frontières.
Revenant sur l’importance de cette campagne, Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur de ce réseau, a rappelé le non-respect du Protocole sur la libre circulation, le droit de résidence et d’établissement signé par les 15 Etats membres depuis mai 1979 à Dakar. «Plusieurs textes additionnels ont été signés pour accélérer la dynamique d’intégration régionale qui connaît encore de sérieuses entraves à son application effective. Les espoirs suscités par le protocole ont été déçus sur le terrain par le hiatus entre l’adoption des textes et leur non-application», a-t-il expliqué. Selon lui, «le passage des frontières est soumis à des prélèvements illicites, à des pratiques discriminatoires, et à des violences ou détentions arbitraires perpétrées par des agents du service d’immigration indélicats ou des forces de sécurité ignorant les contenus des protocoles de la Cedeao sur la libre-circulation ». «Selon un rapport d’étude sur les tracasseries routières publié en août 2013, l’ampleur du phénomène des pratiques anormales sur les axes routiers inter-états est stupéfiante. Les pratiques anormales sont non seulement néfastes pour les économies nationale et sous-régionale, mais aussi elles contribuent à renchérir le coût des produits alimentaires et agroalimentaires de base», a-t-il ajouté. A en croire le coordonnateur de ce réseau, les raisons des entraves à la libre-circulation sont, entre autres, «la méconnaissance du protocole et des textes additionnels, le manque de communication, la corruption des agents de l’Etat, la passivité des populations».
Corruption des agents de l’Etat
Dans le cadre de cette campagne, il est prévu des rencontres avec les parlementaires de la Cedeao, des activités de sensibilisation dans les villes et les postes de contrôle. «Les enjeux politiques, économiques et sociaux sont tels que chaque citoyen est encouragé à soutenir cette initiative en prenant part aux activités prévues dans l’agenda, à se mobiliser pour faire pression sur les décideurs, à envoyer des témoignages sur les tracasseries, rackets et violations des droits fondamentaux dont il est victime ou témoin oculaire», a-t-il fait savoir.
Au-delà de la lutte contre les tracasseries et la violation des droits des migrants, les organisateurs de cette campagne veulent aussi, au terme de ces activités, proposer à l’Etat un texte sur la politique migratoire. Lors de cette rencontre, le représentant du ministère des Affaires étrangères, Hamidou Sagna, a salué cette initiative de la société civile. «Nous saluons l’implication de la société civile de mener une réflexion sur les questions migratoires. Le ministère ne peut pas à lui seul s’occuper de cette question. Nous sommes ouverts aux propositions de la société civile», a-t-il déclaré.
Par ailleurs, le président du Conseil des organisations non gouvernementales (Congad), Amacodou Diouf, a insisté sur la corruption qui est souvent décriée par les migrants dans les frontières. D’après lui, il faut un changement de paradigmes pour s’attaquer à la corruption en soulignant qu’il n’y a pas de petite et de grande corruption. «Il faut attaquer le mal à la racine», ajoute-t-il.