L'appel lancé par le président de la République, Macky Sall, en direction des intellectuels, le 4 janvier 2014, les invitant à se réunir pour «réfléchir ensemble sur l'avenir de notre pays» est en phase d'accoucher d'un deuxième Congrès des Intellectuels en décembre prochain.
Le Comité d'Initiative des Intellectuels du Sénégal (Ciis) a répondu favorablement à cette invite, non sans refuser toutefois d'être le porte-parole des opinions des autres. Il l'a fait savoir, vendredi dernier, lors de la conférence débat initiée par le Ciis, en présence d'imminentes personnalités universitaires, notamment le Professeur Iba Der Thiam, Hamidou Dia, professeur de Philosophie et coordinateur de la conférence-débat.
L’appel du Chef de l’Etat en direction des Intellectuels du pays n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Le Comité d’Initiative des Intellectuels du Sénégal (Ciis) a affiché autour d’une conférence débat organisée à la Cafétéria des Enseignants du Supérieur, le vendredi 24 janvier, sa volonté de répondre à l'invite Président Macky Sall. Sur ce, le Professeur Iba Der Thiam, déclare que «si le Président demande à ce que les intellectuels acceptent de s’asseoir avec lui et son gouvernement pour ensemble rechercher des solutions pour le meilleur de notre République commune, nous n’avons pas le droit de dire non, quel que soit le bord auquel nous appartenons».
La conférence débat, qui est la toute première du genre initiée à Dakar, fera suite à d’autres dans les différentes régions du Sénégal. Selon Malick Ndiaye, Coordinateur du Ciis, «après ces rencontres, un congrès national des intellectuels doit pouvoir se tenir en décembre prochain à l’image de celle organisée en 2004». Dans le même sens, le coordinateur du Ciis, non moins membre de la Coalition Macky 2012, informe que ces conférences débats permettront de «recueillir les avis des uns et des autres partout dans le pays». Se fiant à ses propos, le congrès «centralisera toutes les discutions tenues dans les régions» , a-t-il soutenu.
La rencontre qui a enregistré la participation d’éminentes personnalités universitaires, notamment le Professeur Iba Der Thiam, Hamidou Dia, professeur de Philosophie et coordinateur de la conférence-débat, Mody Niang, écrivain, Mamadou Mbodj, Président M23, pour ne citer que ceux là, a servi de cadre à tous les intellectuels pour interpeller le Chef de l’Etat sur la marche du pays. En effet, donnant sa position, Iba Der Thiam précise «qu’il n’est pas question qu’on devienne des porte-paroles des opinions des autres qui passent par nous pour véhiculer leurs idées». Il reste cependant convaincu que se sont «les idées qui gouvernent le monde» et que les intellectuels doivent s’impliquer pour prendre en main leur destin qui est en «retard». Ainsi, il estime que «nous ne devons pas être les absents, pour reprendre la place qu’occupait le pays».
Les intellectuels se sont par ailleurs offusqués du traitement qui leur est réservé par Macky Sall. Ils soutiennent que le Président ne répond pas à leurs interpellations. Abondant dans le même sens, Malick Ndiaye croit savoir que Macky Sall doit répondre aux interpellations du peuple. Pour sa part, les intellectuels doivent constituer le «point de partage» entre un «peuple énervé à force d’attendre» et celui «qui gère avec des réalités tangibles». Il reconnait toutefois que ce rôle est difficile, car il faut dire la vérité au président de la République, pour ne pas être désavoué.
Dans un autre registre, les intellectuels disent ne pas se retrouver dans l’animation de la vie publique par la presse qui ne fait pas ce pourquoi ils se sont battus pour sa liberté. Sur la même lancée, ils estiment que les intellectuels se sont désintéressés de la chose, alors que comme dit l’adage «si tu ne fais pas la politique, la politique fait pour toi».
Sur ce, Iba Der Thiam invite ses pairs à avoir confiance en eux-mêmes et à prendre conscience qu’il y a l’intérêt de la Nation qui est en jeu. Ainsi, selon lui, il y a un leadership qui se développe en Afrique de l’Ouest et le Sénégal ne doit pas être en reste.
