Dakar - L’ex-parti au pouvoir au Sénégal se réunit samedi pour désigner son candidat à la présidentielle parmi plusieurs prétendants dont Karim Wade, en attente du verdict lundi de son procès pour "corruption", a-t-on appris vendredi auprès de cette formation.
La réunion de la direction du parti se tiendra samedi en présence de son secrétaire général, l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012), père de Karim Wade, qui devrait s’exprimer au terme des travaux dans l’après-midi, selon un communiqué du Parti démocratique sénégalais (PDS).
"On recueille actuellement les candidatures et demain (samedi), le bureau politique du parti va désigner un candidat" pour la prochaine élection présidentielle, a affirmé à l’AFP Tafsir Thioye, un responsable et ex-député du PDS.
Plusieurs responsables, instances et membres du PDS ont déjà proposé Karim Wade pour l’investiture au scrutin présidentiel. D’autres responsables de ce parti ont également annoncé leur candidature.
Karim Wade, 46 ans en détention préventive depuis avril 2013, est poursuivi pour "enrichissement illicite et corruption".
Des observateurs estiment que la réunion de samedi vise à permettre au PDS et à l’ex-président Wade de désigner Karim Wade comme candidat, afin de renforcer leur argumentation selon laquelle le procès est "politique". Selon eux, ce procès vise à le faire condamner pour l’empêcher de se présenter face au président Macky Sall.
Macky Sall, élu en 2012 face à Abdoulaye Wade, qui briguait un troisième mandat, a assuré mardi ne pas craindre une éventuelle candidature de Karim Wade.
"S’il y a un candidat plus fort que moi que les Sénégalais vont désigner, on en prendra acte", a-t-il dit lors d’une rencontre avec les représentants de la presse étrangère au Sénégal, en réponse à une question sur Karim Wade, sans le nommer.
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI, une juridiction spéciale) qui juge Karim Wade depuis le 31 juillet 2014 doit rendre son verdict lundi. Le parquet a notamment requis sept ans de prison ferme, et une privation des droits civiques.
M. Wade est accusé d’avoir illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père, ce qu’il nie.
Une atmosphère fébrile règne depuis quelques jours à Dakar dans l’attente du verdict, marquée notamment par l’arrestation de membres et responsables du PDS dont l’ex-ministre de la Justice El Hadji Amadou Sall, un des avocats de Karim Wade, pour "offense au chef de l’État et atteinte à la sûreté de l’État".
"Si Macky Sall fait emprisonner Karim Wade (à l’issue de son procès), il ne passera pas une seule nuit de plus au palais" présidentiel, avait déclaré Me Sall, cité par les médias locaux, lors d’un rassemblement dans la banlieue de Dakar le 15 mars.
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