L'insertion des jeunes, particulièrement dans le domaine agricole rural, reste plombée, au Sénégal, par les problèmes de l'employabilité, de l'accès aux fonciers et aux finances, sans oublier la fiscalité exorbitante appliquée aux entreprises locales et au manque de coordination entre les différents ministères. Il faut toutefois mettre en place des mécanismes pouvant faciliter l'accès des jeunes à la terre et aux ressources financières, non sans élaborer une réelle politique d'incitation au retour vers l'agriculture. C'est du moins ce qu'on peut retenir du séminaire débat initié par la FAO et l'Initiative prospective agricole et rurale (IPAR) en collaboration avec le ministère de l'Emploi hier, vendredi 24 janvier sous le thème «Emploi des jeunes et l'agriculture».
La question de l’insertion des jeunes dans le monde de l’emploi est très complexe et plus que d’actualité au Sénégal. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les débats au tour du thème «Emploi des jeunes et l’agriculture» a été initié par la FAO et l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR), en collaboration avec le ministère de l’Emploi hier, vendredi 24 janvier 2014. La majeure partie des intervenants ont listé une multitude de facteurs qui constituent des freins pour l’insertion des jeunes, particulièrement dans l’agriculture, notamment le problème de l’employabilité, les difficultés d’accès aux fonciers et aux financements, sans oublier le manque de coordination et de communication des différents ministères pour l’incitation des jeunes au retour vers l’agriculture.
Cependant des pistes de solutions ont été dégagées. Il s’agit entre autres de la mise en place de mécanismes pouvant favoriser le retour des jeunes vers l’agriculture et la disponibilité des terres, ainsi que la prise en charge de la question dans toute sa transversalité par les politiques du gouvernement. La rencontre initiée par la FAO et l’IPAR, dans le cadre de ses séminaires thématiques «Fenêtre sur l’agriculture», en étroite collaboration avec le ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des Valeurs civiques était un moment d’échange, de réflexion et de partage sur la lancinante question de l’insertion des jeunes et le rôle qu’ils peuvent apporter à l’agriculture.
En effet, les échanges entre les partenaires et acteurs du secteur agricole tournaient principalement au tour des voies et moyens à mettre en place pour absorber cette forte demande d’emploi de la jeunesse sénégalaise, estimée à 300.000 jeunes actifs qui entrent dans le marché de l’emploi chaque année. C’est dans ce sens que Dr Ibrahima Hathie, Directeur de recherche de l’IPAR estime que «la question de l’absorption des jeunes demandeurs d’emploi se pose avec acuité». Continuant son propos, il pense que «l’agriculture offre beaucoup de potentialités pour prendre en charge cette masse de jeunes».
Toutefois, Ibrahima Hathie trouve que c’est l’agriculture familiale qui est le plus souvent le réceptacle de cette frange de la société, alors que le constat est «qu’environ 80% de ces exploitations agricoles familiales n’ont pas la capacité productive pour pouvoir créer des revenus substantielles pour ces jeunes». Il a, par ailleurs, évoqué la difficulté de ces jeunes actifs à bénéficier des financements et à avoir accès au foncier en milieu rural.
62% des demandeurs d’emploi n’ont pas terminé leur cycle primaire
Allant dans la même dynamique le Directeur de Cabinet du ministre de l’Emploi, M. Senghor, quant à lui, avance que parmi les demandeurs d’emploi, 62% n’ont pas terminé leur cycle primaire. Ainsi, se pose la question de l’employabilité de ces derniers qui n’ont reçu aucune formation.
S’y ajoute le problème de la fiscalité qui serre le cou des jeunes entrepreneurs sénégalais. En effet, selon Bagoré Bathily, Directeur général de la Laiterie du Berger, les jeunes entrepreneurs, particulièrement ceux qui sont dans le domaine agricole, sont obligés de verser à l’Etat 18% de fiscalité, tandis que les importateurs de produits agricoles ne débroussent que 5%. Une situation jugée «intenable», par Bagoré Bathily, qui a demandé à l’Etat de revoir la fiscalité, pour les encourager dans la dynamique de création d’emploi.
Sur ce, les intervenant sont plus que convaincus qu’il faut que l’Etat traite le problème de l’emploi des jeunes dans toute sa transversalité. Si on se fie au propos d’Ibrahima Hathie, quand on parle de l’employabilité des jeunes, on interpelle le ministère de la Formation professionnelle, alors que quand on évoque le problème de l’emploi des jeunes, c’est le ministère de la Jeunesse qui est concerné.
C’est sur cette base qu’il déclare que «la question requiert la participation de plusieurs ministères, à savoir les ministères de l’Emploi, de l’Agriculture, de l’Economie et des Finances, etc.» pour prendre à bras le corps cette question de l’emploi des jeunes. Donc il faut une coordination et une communication des différents ministères qui sont concernés par cette question oh combien crucial pour résoudre le problème de l’insertion des jeunes et de l’autosuffisance alimentaire. Il a dans le même sens estimé qu’il faut des financements adaptés pour moderniser les exploitations familiales, tout en respectant le type de technologie qui répond dans ces milieux.
L’autre facteur sur lequel les participants ont intervenu, concerne la sensibilisation au tour du retour des jeunes vers l’agriculture. Ainsi, il faut une bonne communication pour faire dissiper ce préjugé, qui qualifie le travail agricole de «dégradant» et réservé aux gens qui n’ont pas réussi en milieu urbain.