Pour le parti socialiste, une réforme de la filière arachidière s’impose pour remettre de l’ordre dans ce secteur. Ainsi réclame-t-il la renationalisation de Suneor pour la sauver
Le ver n’est pas dans le fruit, mais dans la coque triturée de la ’’filière d’arachide’’, plus particulièrement celle de la Suneor, selon le Parti socialiste. Depuis sa naissance en 2005, sur les coques de la défunte SONACOS (Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal), la société oléagineuse, qui traite environ 90% des graines d'arachides mises sur le marché pour la production d'huile brute, peine à stabiliser ce secteur qui occupe la moitié de la population agricole au Sénégal.
Dans un communiqué parvenu à EnQuête, le Parti cher à Ousmane Tanor Dieng exige ‘’la clarification des conditions de la privatisation’’ et réclame ‘’le bilan et les perspectives pertinentes d’une relance définitive et efficace de la filière arachidière’’. Cet appel à la re-nationalisation, après 9 ans de privatisation, s’explique par la désorganisation de la filière, selon le texte.
‘’Malgré la vente de la SONACOS, l’État du Sénégal continue d’accompagner la filière arachide par des subventions aux semences, aux engrais et en soutenant le prix au producteur. Ces subventions se chiffrent, chaque année, à plus de dix (10) milliards de F Cfa, sans que les performances de la filière ne s’améliorent’’, déplore le Ps, selon qui la Suneor a depuis longtemps perdu de la valeur.
Le Ps rappelle que la vente de Sonacos devait ‘’augmenter la productivité de cette culture et corriger les faiblesses de l’organisation des acteurs du Secteur‘’ mais, soulignent Ousmane Tanor Dieng et ses camarades, force est de constater que l’entreprise peine aujourd’hui à assurer une campagne arachidière normale.
Cette reprise en main de l’État s’impose car, soulignent les socialistes, l’arachide est un pilier de l’économie nationale et qu’un prix au producteur rémunérateur doit être garanti pour ‘’l’or du Sénégal’’, avant d’ajouter que ’’la détermination de son prix ne saurait dépendre évidemment des cours mondiaux’’.
La décision du gouvernement de signer un accord avec les huiliers pour la campagne de commercialisation et de respecter les 200 F/kg au producteur, agrée les socialistes. Mais Tanor Dieng, à l'instar de ses camarades, considère que la prise en charge du résultat du bilan de la campagne de commercialisation de l’arachide (2013/2014) par un fonds de soutien contenu dans l’accord doit inviter l’État à la vigilance.
‘’Le Comité de suivi pour la mise en œuvre du protocole doit être ouvert à tous les professionnels de la filière, et surtout à des experts nationaux indépendants en la matière, pour une utilisation efficiente des deniers publics’’, avertit-il.
Surtout que, depuis sa signature, la campagne de commercialisation de l’arachide est toujours au ralenti, et l’ouverture des nouveaux points de collecte par les industriels, avec la mise en place de l’argent de collecte, se déroule encore avec beaucoup trop de retard, malgré les lettres d’engagement irrévocable de règlement du Ministère de l’Économie et des Finances, s’est-il plaint. Pour lui, il devient urgent que l’État protège ce secteur avant que les paysans bradent leur production dans les luuma, souvent à vil prix (130 francs ou 165 francs), vocifère-t-il.
Pour une politique agroalimentaire viable, il faut développer une politique alimentaire en promouvant les subventions et aides de l’État vers les producteurs, faciliter l’accès aux crédits de production et de commercialisation avec des organismes spécialises, soutenir l’organisation d’une inter-profession crédible, orienter la production (semences, arachide d’huilerie, arachide de bouche) et mettre en marché des produits arachidiers destinés au marché du Sénégal, dit-il en conclusion.