La cour du commissariat central de Dakar a servi hier de lieu de rencontre solennelle, à l'occasion de la cérémonie de prise de commandement du nouveau commissaire principal Abdoulaye Diop. Un moment saisi par le directeur de la sécurité publique pour revenir sur l'affaire du meurtre du jeune apprenti chauffeur à Mbacké et, sur les relations entre la police et les populations.
Le directeur de la sécurité publique, Oumar Male, a officiellement installé Abdoulaye Diop dans ses nouvelles fonctions de commissaire principal de la police centrale de Dakar. Dans un contexte marqué par plusieurs reproches et des bavures sur le dos des forces de l'ordre dans le traitement des administrés, la cérémonie a été aussi un haut moment de communication et de recentrage de la vocation de la police par le directeur de la sécurité publique en présence de plusieurs hauts gradés et responsables de ce corps souvent mis au pilori dans l'exercice de sa mission.
Revenant sur les relations entre la police et les populations, le supérieur a rappelé la récente affaire du meurtre de l'apprenti chauffeur de Mbacké et qui a valu à trois policiers d'être mis aux arrêts, pour dire que ces genres d'accidents ne peuvent être passés sous silence. « Mettre un individu dans un coffre de véhicule est inadmissible. Personne n'aurait fait ceci à son propre frère ou à sa propre sœur. On ne le fait pas à un proche pourquoi le faire alors à une autre personne ? », s'est-il interrogé avant d'ajouter que « si on arrive à respecter les droits humains, on restera fort ».
Situant l'action des forces de police dans la procédure judiciaire, il a précisé que quelque soit la prouesse de l'agent, au niveau du tribunal, cela ne vaut qu'un simple renseignement. De quoi inviter les limiers à ne faire aucun excès de zèle inutile et que devant certaines situations, l'autorité a les mains liées. C'est ce qu'il faut éviter pour mettre tout le monde à l'aise, ajoutera le patron de la sécurité publique. « Un vrai policier digne de ce nom doit éviter des reproches », a-t-il soutenu. Avant de lancer avec force que « même un animal mis dans un coffre de véhicule aurait du mal à respirer à plus forte raison un être humain ».
Parlant toujours des relations entre les forces de l'ordre et les populations, il leur instruit qu'entre le bon et le mal il y a la morale. « Si quelqu'un est agité, mettez les menottes mais ne mettez jamais l'individu dans un coffre de véhicule. Certains comportements vous exposent », a t- il averti en citant l'exemple d'outrage à agent devenue une infraction « passe partout ». Et de soutenir qu'il y a des éléments constitutifs qui devraient être « sans équivoques ».
Faisant toujours la morale à ses troupes, le directeur de la sécurité publique de les prévenir que pour tout acte posé aujourd'hui, « vous en répondrez demain, voire aujourd'hui même ou tout de suite ». Face à tant de responsabilités, Oumar Male invite les limiers à ne pas poser des actes tendant à compromettre l'intégrité physique et morale des personnes.
Il a également invité les forces de sécurité de respecter le public en insistant sur l'accueil réservé à ceux qui se rendent aux postes de police. « Vous avez le devoir et l'obligation de s'ouvrir à ceux en détresse. Aucune police dans le monde n'est cependant aimée des populations », a-t-il toutefois rappelé.
Le statut de police qui doit faire l'objet d'une révision dans les prochains mois a également été évoqué par le directeur de la sécurité publique qui attend de redorer le blason de ce corps avant d'ajouter que « chaque policier où qu'il se trouve est l'ambassadeur de tous les policiers ».
Abdoulaye Diop, installé dans ses habits de commissaire de la police centrale, a également axé son intervention sur la question de respect des droits humains dans l'application des lois et règlements. Présenté en homme du sérail ayant un grand sens de responsabilité et d'humanisme, le nouveau commissaire central a invité les forces de police placées sous son commandement au respect de la personne humaine qui est sacrée. Ce qui, selon le nouveau maître des céans, doit désormais guider leurs actions de tous les instants et en tous lieux.