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Sud Quotidien N° du 11/11/2013

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Ttraite des êtres humains dans le monde : 25 millions de victimes pour 32 milliards de bénéfice par an
Publié le lundi 11 novembre 2013   |  Sud Quotidien


Un
© Autre presse par DR
Un groupe d`enfant dans les rues


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Au Sénégal, environ 7800 enfants de la rue sont répertoriés à Dakar, avec une proportion marginale de filles. Ces enfants âgés en moyenne de 11 ans sont à 90% des talibés dont 95% proviennent des autres régions du Sénégal ou des pays limitrophes. C'est une forme de traite dont les principales victimes sont les femmes et les enfants. A l'échelle planétaire, la traite des personnes, la troisième activité illégale la plus importante en termes de profits, après la vente illégale d'armes et le trafic illicite de drogue, affecte environ 25 millions d'individus à travers le monde et génère près de 32 milliards de dollars de revenus par an.

La traite des personnes est considérée comme la troisième activité illégale la plus importante en termes de profits, après la vente illégale d’armes et le trafic illicite de drogue, avec comme principales victimes les femmes et les enfants. Au Sénégal, les victimes de traite sont principalement les enfants qui, dans une large mesure, sont utilisés pour la mendicité, l’exploitation sexuelle, la pédophilie et le travail domestique notamment.

Selon Malick Sow, le président de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (CNLTP), en particulier des femmes et des enfants, citant les résultats de l’étude de la Banque mondiale, UNICEF et BIT obtenus en 2007, «les enfants de la rue ou enfants mendiants à Dakar sont au nombre d’environ 7800, dont une proportion marginale de filles et sont âgés en moyenne de 11 ans. Parmi eux, 90% sont talibés, 95% proviennent des autres régions du Sénégal ou de pays voisins. Kolda avec 15%, Kaolack 11%, Ziguinchor 7% et Thiès 7% sont les principales zones pourvoyeuses».

Malick Sow s’exprimait lors de la première journée régionale de lutte contre la traite des personnes co-organisée samedi dernier 9 novembre 2013, par le Bureau régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (ONUDC) et la CNLTP à l’UCAD II, sise à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar. A l’en croire, plusieurs enfants traversent les frontières entre les différents pays de la sous région, où des filles sont recrutées pour le travail domestique et les garçons exploités dans le secteur informel urbain, phénomène rendu plus facile par l’absence de traçabilité de leurs mouvements.

Les facteurs aggravants

Même si l’ampleur de la traite est difficile à mesurer, le rapport pays du Programme Undestanding Children Work (Comprendre le Travail des Enfants) de mai 2009 «fait ressortir les facteurs essentiels qui caractérisent et amplifient le phénomène de la traite des enfants au Sénégal», souligne le président de la CNLTP. Il s’agit entre autres de la persistance de certaines coutumes traditionnelles comme le "confiage", de la tradition migratoire des populations à la recherche de travail des zones rurales vers les zones urbaines et de la réticence de certains parents à inscrire leurs enfants à l’école, a déploré Malick Sow.

Pour Bintou Djibo, Coordinateur du Système des Nations Unies, il y a nécessité d’une prise de conscience contre cette «forme moderne d’esclavage». Car, les estimations révélées par les partenaires font état d’un «crime qui a fait environ 25 millions de victimes à travers le monde et génère près de 32 milliards de dollars de revenus par an. Ces chiffres pourraient s’avérer sous estimés au regard de la faiblesse de l’identification des victimes». Bref, aucun pays n’est épargné par ce fléau, a-t-elle indiqué.

Dès lors, a-t-elle expliqué, la lutte contre la traite des personnes passe par une grande sensibilisation à la fois des décideurs politiques avec l’amélioration du cadre légal et institutionnel et des populations en plaidant pour un changement des comportements. Bintou Djibo a également plaidé pour que des ressources budgétaires importantes soient allouées aux services sociaux (éducation, santé…). Seulement, les difficultés dans l’exercice d’identification des victimes, la faiblesse des standards minimums de prise en charge des victimes et en particulier la prise psychosociale constituent des manquements auxquels il faut remédier, sachant que «la traite des personnes est un cercle vicieux qui rend les victimes dépendantes de leurs bourreaux. Les trafiquants prennent toujours pour cible les personnes vulnérables».

Un cercle vicieux rendant les victimes dépendants des bourreaux

Pierre Lapaque, le Représentant résident de l’ONUDC (Afrique de l’Ouest et du Centre) lui a exprimé toute sa frustration, son indignations, sa tristesse et s’est dit révolté de voir «ces nombreux enfants, beaucoup trop jeunes errant dans les rues, qui travaillent, soumis à toute forme de violences rétrogrades mais obligés de développer des stratégies de survie. Frustration mais aussi tristesse de voir de très nombreuses femmes, pire encore, des jeunes filles de 12 à 15 ans sont encore de nos jours victimes de servitude, de traite à des fins d’exploitation sexuelle dans notre région. Comment font-elles pour conserver leur dignité, une certaine estime de soi ? Comment font-elles pour vivre en sachant que chaque rapport sexuel peut leur apporter des maladies sexuellement transmissibles ou le Vih ? Où est leur futur ?», s’est-il interrogé, avant de dénoncer le fait «que les trafiquants considèrent les victimes, les enfants, nos enfants, comme des biens meubles dont on peut disposer à loisir.

En effet certainement une indignation-révolte quand je constate que certains individus sont là, vivent et vivent bien de cela. Que de vies gâchées, que de futurs compromis, que d’espoirs perdus».

A sa suite, Malick Lamote, Directeur de cabinet a noté que la traite des personnes pose un problème de dignité humaine, viole les droits fondamentaux des personnes. Elle pose également une question de criminalité organisée. Ce qui fait que nos Etats qui sont faibles avec des difficultés de maîtrise des flux migratoires au niveau des frontières, ont tout intérêt à prendre en charge cette question et à lutter efficacement.

Toutefois, si la gravité du phénomène ne fait point de doute au regard de ces conséquences multiples, en terme de violation des droits fondamentaux des personnes vulnérables, particulièrement les femmes et les enfants, objets de vente, de violence psychologique et physique, d’exploitation économique et sexuelle, son ampleur demeure effectivement méconnue en raison notamment du déficit de communication et de partage des expériences et surtout de l’absence de données statistiques exhaustives et désagrégées en ce qui concerne les causes, les auteurs et les victimes de la traite.

Devoir et obligation de protéger la dignité humaine

Cette situation paradoxale par rapport aux intérêts financiers et aux moyens considérables déployés par les réseaux de trafiquants font que la lutte contre la traite des personnes constitue à la fois un devoir et une obligation pour la protection de la dignité humaines. D’ailleurs, a-t-il soutenu, le gouvernement du Sénégal s’est engagé à renforcer les moyens de la cellule et à accélérer la mise en œuvre du plan d’action national de lutte contre la traite. Une évaluation à mi-parcours de l’exécution du plan d’action permettrait de mesurer l’impact des réalisations, d’analyser les contraintes et d’apporter les améliorations nécessaires.

Me Guédel Ndiaye, le Consul honoraire de la Principauté de Monaco au Sénégal qui a révélé que la coopération monégasque est préoccupée par la situation des populations vulnérables a rassuré quant au soutien du gouvernement princier à la lutte contre la traite. Auparavant le professeur Saliou Ndiaye qui a souhaité la bienvenue aux participants a dit toute la confiance de la communauté universitaire et sa disponibilité. Un film sur la traite des personnes dans la sous région a été projeté avant les deux panels qui ont clôturé la rencontre.

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