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La lèpre, maladie tropicale négligée, continue de mutiler et d’exclure
Publié le jeudi 23 janvier 2014   |  AFP


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© Autre presse par DR
Centre de santé Talibou Dabo


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DAKAR - Une tache sur la peau, banale et indolore. Voilà comment débute la lèpre, une maladie infectieuse facile à combattre mais qui continue pourtant d'handicaper et d'exclure des millions de personnes dans le monde, rappellent les associations avant la journée mondiale des lépreux.

Assis sur son lit dans une chambre du Centre hospitalier de l'Ordre de
Malte (CHOM), à Dakar, Modou Gaye, 32 ans, se repose. Sa jambe gauche pend le
long du lit, la droite s'arrête en-dessous du genou, où elle a été amputée.

"Je ne connaissais absolument pas la maladie", raconte en wolof ce marchand
ambulant originaire du centre du pays. Souffrant de plaies récurrentes sans
pouvoir l'expliquer, il avait fait le tour des praticiens et des médecins
traditionnels qui lui avaient prescrit diverses plantes et décoctions, sans
résultat.

Lorsque le diagnostic de la lèpre a enfin été posé, ce jeune père de
famille a pu être pris en charge au CHOM, établissement en pointe dans le
traitement de cette maladie. Mais il était trop tard pour sauver sa jambe
droite, atteinte à l'os.

La lèpre, dont la transmission est favorisée par la promiscuité et le
manque d'hygiène, "touche les plus pauvres, les plus vulnérables", décrit le
Dr Charles Kinkpé, médecin-chef du CHOM, où les soins sont gratuits pour les
indigents. "Ils attendent souvent la dernière minute pour consulter", regrette
ce chirurgien orthopédique.

Or, cette maladie peut être guérie avant qu'elle ne provoque de graves
séquelles. Depuis les années 1980, la polychimiothérapie, un traitement
composé de trois antibiotiques et mis à disposition gratuitement par
l'Organisation mondiale de la santé, soigne en quelques mois et définitivement
le patient.

Mais souvent, les lépreux ne savent pas repérer les signes qui se
développent insidieusement. Les nerfs sont attaqués, entraînant une
insensibilité à la douleur.

Plus de 200.000 cas par an dans le monde

"Ils se brûlent en tenant une poêle chaude ou se blessent au niveau des
pieds en marchant sur du verre, par exemple, et ne s'en rendent pas compte",
décrit le Dr Kinkpé. Les blessures s'infectent et atteignent les os,
conduisant à des amputations. Stigmatisées, les victimes sont mis au ban de la
société.

"Celui qui a la lèpre, il est isolé, éloigné, on ne le touche pas. On dit
que tu es maudit", témoigne Mas Diemg, un enseignant de 33 ans soigné depuis
près de deux ans. Les femmes lépreuses cachent parfois leur maladie, de
crainte d'être répudiées par leurs maris.

Pour casser les préjugés, les associations doivent redoubler de pédagogie
et répéter que la lèpre n'est ni héréditaire, ni le signe d'une malédiction
divine, et qu'elle est peu contagieuse.

L'un de ceux qui font marcher de nouveau les lépreux est lui même un ancien
malade. Soigné en 1976, et guéri définitivement, Moustapha Seck, 60 ans, est
resté au CHOM et confectionne désormais des chaussures orthopédiques destinées
aux mutilés.

"Quand ils les mettent, d'abord ils marchent, ensuite ils dansent de joie",
glisse avec fierté le cordonnier à la barbiche grisonnante.

Au Sénégal, entre 200 et 300 nouveaux cas de lèpre sont recensés chaque
année, mais les médecins estiment que seule une petite partie des malades sont
détectés. "Si rien n'est fait on peut s'attendre à une augmentation de la
prévalence", alerte le Pr Charles Badiane, du CHOM.

Si d'énormes progrès ont été faits contre la lèpre, elle reste toutefois
présente dans plus de 100 pays en Afrique, Amérique, Asie et Pacifique. En
2012, plus de 200.000 nouveaux cas ont été dépistés.

Mais la maladie peut être définitivement éradiquée. C'est ce que
rappelleront les associations lors de la journée mondiale des lépreux qui
s'étend en fait sur trois jours, de vendredi à dimanche.
pau/fff/de/sba

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