Le parquet a requis mardi une peine de 8 ans ferme contre le nommé Guéladjo Konaté, ex-agent comptable du consulat du Sénégal à Lisbonne, au Portugal. Le prévenu ayant fait défaut, le parquetier a demandé la confirmation du mandat d’arrêt lancé contre lui.
Un peu plus d’un demi-milliard de francs CFA. C’est le montant qu’aurait détourné un ex-agent comptable particulier (ACP) au consulat du Sénégal à Lisbonne, avant de disparaître dans la nature. Et depuis décembre 2005, Guéladjo Konaté reste introuvable. Cela n’empêche qu’il a été jugé par défaut hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar pour des faits de détournement de deniers publics portant sur 642 millions 177 mille 514 francs CFA. Le pot aux roses a été découvert à la suite d’une mission d’inspection menée conjointement par le ministère des Finances et celui des Affaires étrangères.
Selon les témoins qui ont été entendus, en l’absence du prévenu, tout est parti d’une correspondance que l’ACP a adressée à ses supérieurs pour demander un approvisionnement à hauteur de 500.000 euros, environ 328 millions de francs CFA. Il déclarait vouloir payer les salaires du personnel du consulat, avec cet argent. Pour toute réponse, les autorités lui ont envoyé une mission d’inspection. Selon Amadou Diallo, inspecteur général des finances au moment des faits présumés, la mission d’inspection conjointe a constaté une mauvaise gestion des finances, car il n’y avait que 310 euros – environ 205.000 francs CFA - dans les caisses. Rien que pour les timbres postaux, il y avait un déficit de 111 millions de francs CFA. L’inspecteur général des finances aujourd’hui à la retraite dit avoir constaté, avec ses collaborateurs, un retard de deux ans dans les journaux comptables, en plus des opérations sans pièces justificatives et d’autres purement fictives avec des ratures et des surcharges…
Selon M. Diallo, l’ACP faisait des doubles paiements et reversait les intérêts bancaires de l’Etat dans son propre compte. Lorsque les juges lui ont demandé si le prévenu a reconnu les manquements, il a répondu par l’affirmative. ‘’Il (NDLR : le prévenu) a confessé dans un formulaire-réponse qu’il a utilisé l’argent pour des raisons familiales (…) puisqu’il l’a investi dans la création d’une société import-export’’, a expliqué au tribunal Abdoulaye Ndiaye, un agent du ministère des Finances. Reprenant les déclarations des témoins, l’Agent judiciaire de l’Etat a laissé entendre que les 642 millions ne sont que le préjudice provisoire. C’est pourquoi, il a réclamé la somme de 800 millions de francs CFA, au titre de dommages et intérêts.
Le représentant du parquet a requis 8 ans ferme et une amende ferme de 5 millions de francs CFA, en plus de la confiscation des biens du prévenu à la hauteur du préjudice. Le parquetier a demandé la confirmation du mandat d’arrêt lancé par le juge d’instruction contre l’ACP. Il n’a pas manqué de faire un plaidoyer contre la récurrence des cas de détournement de deniers publics. ‘’C’est écœurant de voir comment les gens manient les deniers publics. Les gens ne ratent pas une occasion pour faire main basse sur les ressources’’, a commenté le magistrat. Il a invité le tribunal à sévir contre de tels actes. Délibéré remis au 5 mai.