Dakar - Un ex-ministre sénégalais, responsable de l’opposition et avocat de Karim Wade actuellement jugé au Sénégal pour corruption, a été écroué après avoir été inculpé d’"atteinte à la sûreté de l’Etat", a-t-on appris jeudi auprès de son parti.
Me El Hadj Amadou Sall, ex-ministre de la Justice et un des responsables du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), "a été inculpé d’offense au
chef de l’Etat et d’atteinte à la sûreté de l’Etat" puis conduit en prison
mardi, a affirmé à l’AFP Mayoro Faye, chargé de communication du PDS.
Me Sall avait été convoqué lundi à la gendarmerie, puis placé en garde à
vue, avant d’être présenté au juge qui l’a inculpé.
"Ce sont des infractions politiques", il lui est reproché "les propos qu’il
a tenus à l’occasion d’un meeting politique", a ajouté M. Faye, sans plus de
détails.
El Hadj Amadou Sall est un des avocats de Karim Wade, ancien ministre et
fils de l’ex-président (2000-2012) Abdoulaye Wade, actuellement détenu et jugé
pour "enrichissement illicite et corruption" par la Cour de répression de
l’enrichissement illicite (CREI), un tribunal spécial.
Le parquet a requis contre Karim Wade sept ans de prison, une amende de 250
milliards de FCFA (plus de 380 millions d’euros), une confiscation de ses
biens et une privation de ses droits civiques. La CREI doit rendre son verdict
le 23 mars.
Selon plusieurs médias, Me Sall a tenu des propos controversés le 15 mars,
lors d’un rassemblement de partisans de Karim Wade dans la banlieue de Dakar.
"Si Macky Sall fait emprisonner Karim Wade (à l’issue de son procès), il ne
passera pas une seule nuit de plus au palais" présidentiel, avait-il dit.
Selon Mayoro Faye, six autres membres ou sympathisants du PDS ont été
arrêtés ces derniers jours.
Parmi eux, figure un membre d’une famille religieuse musulmane influente,
Serigne Assane Mbacké, "mis sous mandat de dépôt" à Diourbel (centre) mardi et
accusé d’être impliqué dans le saccage, en juin 2014, de deux résidences d’un
député.
"Pour les autres, je ne sais pas encore" ce qui leur est exactement
reproché", a-t-il précisé.
Interrogé sur ces arrestations d’opposants lors d’une rencontre mardi avec
l’Association de la presse étrangère (APES) à Dakar, le président Macky Sall
avait répondu qu’il ne laisserait personne "remettre en cause la quiétude et
la stabilité du Sénégal", sans citer de noms.
"L’Etat de droit sera garanti, quelles que soient les circonstances",
avait-il déclaré.
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