Kinshasa, 17 mars 2015 (AFP) - Une dizaine de militants congolais de l'organisation Lutte pour le changement (Lucha) ont été arrêtés mardi à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, pour avoir protesté devant les locaux de l'Agence nationale de renseignement (ANR) qui détient un des leurs à Kinshasa, a-t-on appris auprès du mouvement et des autorités locales.
Deux ressortissants belges ont également été pris à partie par les forces de l'ordre, selon un militant de Lucha qui a demandé l'anomymat.
"Il y a douze militants de Lucha qui viennent d'être arrêtés à l'ANR de manière très brutale. Ils sont allés là-bas (...) demander la libération immédiate et sans condition de Fred Bauma et des autres militants pro-démocratie" arrêtés dimanche à Kinshasa, a déclaré à l'AFP le militant.
"Ils demandaient aussi que le gouvernement garantisse la liberté des droits et libertés fondamentaux des citoyens congolais", a ajouté cette source, affirmant que Lucha avait "informé la mairie" qu'elle tiendrait mardi matin une "manifestation tout à fait pacifique".
Julien Paluku, le gouverneur de la province du Nord-Kivu, dont Goma est la capitale, a pour sa part confirmé à l'AFP l'"interpellation d'une dizaine" de militants.
Selon la source de la Lucha, deux ressortissants belges, dont une "chercheuse" qui a été "blessée" puis "hospitalisée", ont été pris à partie par les forces de l'ordre.
"Je peux confirmer que deux Belges à Goma étaient présents [lors du sit-in]. L'ambassade est au courant, on fait le suivi proche de toute cette affaire", a déclaré une source à l'ambassade de Belgique à Kinshasa, sans plus de commentaire.
Samedi, des militants du mouvement sénégalais "Y'en a marre", burkinabè "Balai citoyen" et de Lucha avaient organisé à Kinshasa une rencontre destinée à sensibiliser la jeunesse sur les questions de gouvernance et de démocratie.
Dimanche, les organisateurs ont tenu une conférence de presse mais les forces sont intervenues pour arrêter une trentaine de personnes, selon des témoins. Le groupe a été conduit au siège de l'ANR, dans le nord de Kinshasa.
Trois journalistes français (AFP, RTBF, BBC), deux journalistes congolais (BBC et Antenne A), un Français qui participait à l'organisation de la rencontre et un diplomate américain avaient été arrêtés. Tous ont été libérés dans la soirée mais, lundi soir, le journaliste d'Antenne A restait détenu.
Parmi les militants toujours détenus lundi figuraient des Congolais, dont Fred Bauma de Lucha, le Burkinabè Sidro Ouedraogo de Balai citoyen, ainsi que les Sénégalais Fadel Barro, meneur charismatique de Y'en a marre, Aliou Sané et le rappeur Fou malade.
Les arrestations ont été dénoncées par plusieurs associations congolaises, sénégalaises, burkinabè et non africaines, qui ont demandé la libération des personnes détenues.
Y'en a marre, un mouvement formé par des jeunes, dont des rappeurs, a été à la pointe du combat contre un troisième mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade (2000-2012).
Balai citoyen voulait pour sa part empêcher le président Blaise Compaoré, en poste depuis 27 ans, de modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat. Fin octobre 2014, M. Compaoré a abandonné le pouvoir sous la pression
de la rue.
En RDC, le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut pas
briguer un nouveau mandat en 2016, mais l'opposition soupçonne son camp de
chercher les moyens de le maintenir au-delà du terme de son quinquennat. La
situation a créé de vives tensions.
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