L’implémentation de la nouvelle loi pour la lutte contre le tabac, votée en mars 2014, pose problème du fait qu’aucun décret d’application n’a été encore pris par les décideurs pour son effectivité, a souligné le président de la Ligue Sénégalaise de lutte contre le tabagisme (LISTAB), Pr Abdoul Aziz Kassé.
''Tant que les décrets d’application ne seront pas pris, le combat des acteurs va continuer pour que cette loi relative au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac soit effective sur le terrain pour le bien être des populations actuelles et futures’’, a dit Pr Kassé en marge d’une session de formation de deux jours à l’intention des journalistes, clôturée dimanche au siège de l’organisation.
Pour le président de la LISTAB, ''il était important de former les journalistes sur ces questions autour de la loi, des décrets d’application pour arriver à une implémentation réussie avec l’autorité administrative''.
''Il fallait que les journalistes chargés des questions de question viennent nous écouter pour savoir ce qu’il y a dans cette loi, les dispositions réglementaires et leurs modes d’application'', selon Pr Kassé.
La LISTAB avait édicté cinq dispositions dans la loi notamment l’interdiction de l’ingérence des industries de tabac dans les politiques sanitaires, l’interdiction de la publicité et le parrainage, l’augmentation des taxes sur le tabac et l’interdiction de fumer dans les lieux et établissements publics.
Dans ce sens, il y a 9 décrets d’applications à mettre en place pour l’application de ces dispositions capitales que la LISTAB a introduites dans la nouvelle loi.
Invité pour faire une communication sur les notions juridiques liées à cette loi, Me Bassirou Sakho a soutenu que ''c’est une bonne loi, juste à parfaire parce que comme toute loi elle a ses avantages et ses tares. Il faudrait surtout s’attaquer aux tares’’.
''Il y a un écart fondamental entre la Convention cadre de lutte contre le tabac de l’Organisation mondiale de la Santé dont les dispositions devraient être reprises après ratification et cette nouvelle loi sur des questions essentielles et sur des points fondamentaux’’, a t –il soutenu.
Pour l’avocat, ''la loi a beaucoup pêché et aujourd’hui, il faudrait travailler à (rendre conformes) les dispositions de la loi avec celles de la convention pour une meilleure efficacité et une nouvelle efficience''.
Il a donné l’exemple de l’interdiction partielle de fumer dans les lieux publics pour en faire une interdiction totale afin de se conformer à la Convention.
Il s’agit également pour Me Sakho, ''d’enlever la limitation de l’interdiction de la vente de tabac dans un rayon de 200m2 des établissements scolaires puisque la jeunesse constitue la cible la mieux indiquée pour les industries de tabac''.
L’avocat a suggéré ''beaucoup d’activisme de la part de la Ligue et le plaidoyer nécessaire pour amener l’Etat à rendre cette loi efficace dans son application''.
''Aujourd’hui que la loi a été votée et promulguée, la LISTAB doit reprendre son bâton de pèlerin pour amener les décideurs politiques à prendre les décrets d’application nécessaires pour la rendre plus efficace'', a t-il dit.
La formation de deux jours au profit des journalistes entre dans cette dynamique puisqu’une étude menée dans 30 pays montre que les médias ont la plus grande marge de progression dans les efforts de sensibilisation du grand public dans la lutte contre le tabac.