«Comme ça existe dans beaucoup de pays de la sous-région, à l’image du Togo, du Benin… le Sénégal doit miser sur la création d’un Haut conseil national des impôts» pour lutter contre l’évasion fiscale. L’idée est de l’inspecteur principal des impôts, Abdoulaye Niang. Il s’exprimait hier, jeudi 12 mars à Dakar, lors de la conférence sur l’évasion fiscale, à l’initiative de la fondation Friedrich Naunmann, en collaboration avec le Forum civil. Laquelle causerie portait sur le thème: «L’évasion fiscale: frein au développement économique et au progrès social en Afrique».
A l’entendre le professeur à l’université de Bambey qui se prononçait hier, lors de la conférence sur le thème «Evasion fiscale: frein au développement économique et au progrès social en Afrique», il est temps pour le Sénégal d’évoluer sur le plan institutionnel vers (la création d’un) Haut conseil national des impôts. Parce qu’estime-t-il, celle-ci permettrait de mieux savoir si le traitement de la fiscalité est adéquat ou pas. Pour lui l’autre aspect important sur lequel il faudrait veiller aujourd’hui c’est de réduire l’immixtion du politique dans le système fiscale et de mieux surveiller l’évasion de la fiscalité dans tous les secteurs.
Par rapport aux populations, le professeur indique qu’on devrait accroitre le civisme fiscal en sensibilisant les citoyens sur l’importance de payer les impôts dans un pays, mais aussi sur la nécessité de reconstruire la solidarité nationale. Parce que, dit-il, «aujourd’hui, il est vrai qu’on parle de la découverte du pétrole au Sénégal, mais on n’a pas encore un sous de cet hydrocarbure. Et, de ce fait, ce qu’on peut avoir comme ressources viennent des fiscalités, donc il est impératif que les gens aient la culture de payer les impôts au risque de subir les rigueurs de la loi car, il doit y avoir une effectivité du système fiscal».
En termes de perte d’impôt au Sénégal, il soutient que le problème qui se pose est qu’aujourd’hui l’économie change en ce sens qu’on parle de budgétisation alors que l’arsenal fiscal sénégalais est un peu faible et les hommes font tout pour échapper à l’impôt. «Le système fiscal sénégalais n’est pas très adapté car s’applique à des biens traditionnels et à des services, ce qui fait que souvent on cherche la fraude là où parfois on ne peut pas la trouver», explique-t-il.
En ce qui concerne les noms des personnes citées par rapport au problème d’évasion fiscale au Sénégal, il clarifie. «Le fait d’avoir un compte bancaire à l’étranger ne veut pas forcement dire qu’on est un fraudeur. Il faut éviter de se mettre dans l’amalgame car on suppose que si on n’a un compte bancaire à l’étranger on a déjà payé ses impôts dans le pays où on réside».
Ainsi il appel les sénégalais à faire davantage confiance à l’administration fiscale pour voir le traitement qui se fera après des dossiers de ces derniers. Surtout que, note-t-il, «le système fiscale du Sénégal se développe de plus en plus avec notamment avec la reforme de 2012. Il déclare que le Sénégal fait parti aujourd’hui des administrations fiscales les plus fortes avec notamment un taux de prélèvement fiscal dans le Produit intérieur brut (PIB) de 19% là où les autres pays n’atteignent pas les 17% fixés par l’Union économique et monetaire Ouest africaine (UEMOA. «Sur ce point, on boxe parmi les meilleurs dans la sous région», se réjouit t-il. Toutefois, il invite l’administration fiscale à mouvoir vers plus de transparence, d’autonomie.