Politique
Un chercheur interroge la part du religieux dans le politique
Publié le samedi 14 mars 2015 | Agence de Presse Sénégalaise
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Le chercheur sénégalais Mountaga Diagne a présenté, vendredi à Dakar, sa nouvelle publication intitulée "Pouvoir politique et espace religieux au Sénégal", un ouvrage dans lequel il s'interroge sur la façon dont le religieux participe de l'édification des cultures politiques à partir de divers formes de gouvernance ayant notamment trait au sacré.
"Dès lors qu'on parle de pouvoir politique au Sénégal, de manière consciente ou inconsciente, on essaie d'observer les relations que l'Etat peut entretenir avec les communautés religieuses, c'est à dire qu'on reste encore dans cette vision très stato-centré et qui d'une certaine manière nous est venue de l'héritage jacobin", a-t-il soutenu.
"La maîtrise de l'appareil politique procède du redéploiement de l'Etat", a déclaré Mountaga Diagne, enseignant-chercheur à l’Université d'Ottawa (Canada), au cours de la cérémonie de présentation et de dédicace de son ouvrage.
"La dimension politique procède également des transformations que l'on voit dans les territoires, en d'autres termes, à travers cette capacité des acteurs religieux à pouvoir au départ avoir un territoire sacralisé et légitimé par les rapports coloniaux et postcoloniaux. C'est une certaine manière de construire le politique", a expliqué M. Diagne.
"C'est une construction sociale du politique", a-t-il insisté, évoquant un article du politologue René Otayek, datant 1997 et qui l'a "véritablement" influencé dans ses recherches. Celui-ci stipulait que "dans les travaux menés sur la démocratisation et la gouvernance en Afrique, on négligeait souvent les cultures politiques locales".
M. Diagne a dit avoir reformulé cet article pour sortir d’une lecture à l’épreuve de laquelle la démocratie et la question de l'Etat sont vus à travers un regard occidental, "car en s'intéressant aux différentes spécificités africaines, on se rend compte que cette notion de culture politique porte véritablement cette construction du pouvoir".
Selon le chercheur, "c’était le signal selon lequel on peut essayer d’observer à partir des terrains du local au Sénégal pour pouvoir décrire cette question du pouvoir politique". Partant de là, il a pu s’intéresser au choix des lieux pour décrire cette construction du politique.
Aussi explore-t-il la diversité des formes de la gouvernance au Sénégal, en ciblant trois différentes communautés et espaces religieux, ceux de Touba, Médina Baye et Cambérène.
Dans ces trois espaces les chefferies religieuses "ont toujours maintenu un capital symbolique et social, contrairement à l’Etat dont les représentants se sont évertués à acquérir une légitimité sociale en perpétuelle mutation, au gré de l’histoire politique du Sénégal".
Ce livre de Mountaga peut se considérer comme décrit l'ouvrage comme "une œuvre hors pair", a indiqué le coordinateur du Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales (LARTES-IFAN), Abdou Salam Fall, qui en est le préfacier.
"Dr Diagne (…) montre comment la territorialité est plurielle et se structure dans divers espaces par une dynamique des sous-branches confrériques", écrit M. Fall.
Ancien rédacteur en chef du Bulletin de maintien de la paix, un périodique spécialisé dans les conflits armés, Mountaga Diagne est également consultant pour des ONG canadienne en développement international.
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