Se présentant en banquier moral, l’Administrateur-directeur général de la première banque du Sénégal montre comment il comprend son rôle et celui de son institution, et la fonction qu’ils ont dans le développement économique du pays. Dans cette première partie de l’entretien avec Le Quotidien, il lève des équivoques et fait feu des idées reçues en matière de relations banque-clientèle.
Monsieur l’Administrateur-directeur général, on n’a pas entendu cette année le débat sur les positions et les performances des banques, comme cela semblait être la mode depuis quelques années. Est-ce à dire que vous, la Cbao, vous vous considérez hors compétition en laissant ce débat interbancaire à d’autres ?
Je crois que la période du débat sur les performances coïncide avec celle de l’annonce des résultats, des réalisations de l’année précédente. Cette période n’est pas encore arrivée. Les banques sont en train d’arrêter leurs comptes. Donc, à l’heure où nous parlons, on n’a pas encore les résultats des différentes banques, d’où l’absence de ce débat. En tout cas, nous restons transparents sur l’ensemble des données. Ce matin (le mercredi dernier Ndlr), les résultats concernant les masses de crédit, des dépôts et la masse des crédits par signature ont été publiés par l’Association professionnelle des banques et établissements financiers. Ils confirment le positionnement leader de la Cbao sur toutes les rubriques, aussi bien en crédit, en dépôt qu’en engagements par signature. Je pense que ce sont des données tout à fait objectives. Maintenant, je dis toujours que la taille n’est pas pour moi un élément important. Ce qui est important dans la tenue d’une banque, c’est la qualité de ses actifs, c’est la souplesse de son réseau. C’est la capacité de la banque à innover, à créer de nouveaux services dans son activité, pour mieux servir la clientèle. Sans dévoiler les chiffres des uns et des autres, je pense que 2014 aura été certainement l’année où les banques auront fait le ménage dans leurs bilans, leurs crédits, de manière à se préparer de l’arrivée de Bâle 2 et de Bâle 3. La Banque centrale a déjà annoncé les projets de Bâle 2 et de Bâle 3. Ils nécessitent un ménage approfondi dans leurs bilans et leurs crédits, de manière à se préparer que les fonds propres soient suffisants pour continuer l’activité aux normes internationales de Bâle 2 et Bâle 3.
Pensez-vous que la mise en service des normes Bâle 2 et de Bâle 3 pourrait avoir des conséquences sur l’existence ou le fonctionnement des structures de crédits?
Je ne peux pas me prononcer sur une telle question. En ce qui nous concerne, puisque nous connaissons Bâle 2 au Maroc, nous savons les efforts qu’il faut faire et nous sommes tout à fait capables de les faire au Sénégal. La Cbao dispose d’un coefficient de solvabilité qui fait presque le double de ce qui est exigé comme norme. Notre position de banque peut supporter tous les risques connus et qui peuvent être impliqués par Bâle 2, Bâle 3…, dans le cadre de la couverture des risques, dans le niveau de la constitution des provisions. Nous prenons les devants. Nous sommes aidés par la Commission bancaire, qui vient d’effectuer une mission dans notre banque, et nous permet d’avoir un regard encore plus critique sur la qualité de nos portefeuilles. Pour nous, c’est une démarche qui s’inscrit dans le sens de la robustesse de notre bilan et de la force du secteur bancaire qui, sans cette force, ne peut être un bon accompagnateur de l’économie sénégalaise.
L’un des reproches que l’on fait à tout le secteur bancaire, c’est la frilosité à prendre des risques surtout quand il s’agit de crédit. N’est-ce-pas facile de dire qu’on est aux normes prudentielles quand on ne fait pas d’effort ?
Si vous confondez le risque et l’aventure, évidemment nous ne sommes pas des aventuriers ! Nous ne sommes pas des kamikazes non plus. Je vais donner un exemple très simple. Nous sommes deux personnes. Vous avez dix millions chez vous et je vous demande de me les confier pendant un mois avant de vous les rendre. Le feriez-vous comme ça ?
Il faudrait au moins des garanties…
Si vous étiez banquier, vous seriez encore beaucoup plus rigide (rire). Si nous regardons l’environnement dans lequel nous travaillons, nous ne pouvons pas mener une politique de risques qui s’apparente à l’aventure. Vous avez vu un certain nombre de banques internationales qui ont joué avec le risque. Elles se sont créé des instruments dits toxiques, pour ne pas regarder le risque réellement. Elles ont été rattrapées en 2008. Elles ont été à l’origine d’une crise mondiale proche de celle de 1929. Or, nous avons un rôle double. Nous sommes collecteurs de dépôts et nous les utilisons pour financer l’économie. La règle de base qui assoit ma décision de crédit, c’est un, que le crédit que je donne serve à créer de la valeur. C’est très important. Je dois vérifier si la personne à qui je donne le crédit l’utilise pour créer quelque chose. En faisant cela, je milite pour l’enrichissement du pays. C’est mon premier rôle. Deuxièmement, je dois vérifier que cette valeur que va générer le crédit va créer assez de richesse, non seulement pour me rembourser mais pour produire un bénéfice pour la partie qui prend le crédit chez moi. Par contre, si je me rends compte qu’en octroyant ce crédit, je risque non seulement de ne pas créer de la valeur, mais d’appauvrir la partie qui va le prendre chez moi, et que je vais la traîner au Tribunal pour me faire rembourser…, mon devoir est de ne pas le lui donner. Il ne faut pas jouer au jeu qui fasse en sorte que le crédit se substitue au revenu, parce que nous avons dans tous les pays du monde, des gens qui ont des revenus peut-être insuffisants pour subvenir à leurs besoins ou qui vivent à un rythme qui dépasse leurs niveaux de revenus et ils ont recours au crédit pour couvrir ce gap. C’est le danger qu’un banquier ne doit pas autoriser. Car un citoyen endetté est un citoyen malheureux. Si je donne à un citoyen un crédit qui dépasse ses moyens, je commets quelque part un acte immoral.
Voulez-vous donc être un banquier moral ?
Je me dois. Je pars de la moralité, de l’éthique et du devoir. Mon rôle de banquier ne se limite pas à celui d’un agent financier cru, froid, qui est là en train de massacrer la clientèle. Je ne le ferais jamais au risque de créer un malentendu, de mécontenter le client. Il m’est arrivé à maintes reprises de refuser des crédits. Les gens sont venus me remercier après parce que, en les accordant, j’allais les embarquer dans des aventures dont ils ne connaissaient ni l’avant, ni l’arrière. Je peux vous citer des centaines d’exemples où la passion, la volonté de vouloir lancer une affaire vous pousse à demander un crédit dans n’importe quelles conditions. Vous acceptez n’importe quel taux, mais une fois que vous avez le crédit, le projet ne se réalise pas, et en ce moment-là, vous êtes devant une situation compliquée. Et le banquier a le devoir d’analyser son dossier de manière à ce que tout le monde reste dans un équilibre global de création de valeur, parce que c’est ça le rôle de la banque. Troisièmement, il faut que les crédits que je fais génèrent des bénéfices ; non pas seulement parce que je dois gagner de l’argent pour les actionnaires, on se trompe beaucoup. C’est parce qu’une banque qui ne gagne pas d’argent ne peut pas se développer. Parce que le développement de la banque, c’est comme si vous avez une voiture dont la taille augmente progressivement. Cette voiture, si vous n’y mettez pas un moteur qui grandit au rythme de la voiture, il arrivera un moment où il ne pourra plus tirer la voiture. Le moteur, ce sont les fonds propres, les fonds propres sont les bénéfices reportés. Donc, chaque année, du fait de l’augmentation de ma taille, je dois dégager un bénéfice qui doit alimenter mes fonds propres de manière à ce que mon moteur soit capable de tirer la caravane dans le bon sens.
Vous avez organisé des journées portes ouvertes avec vos clients, ça a été une occasion pour vous d’entendre ces reproches. Pensez-vous que tous les malentendus ont été dissipés ?
Non ! Cette journée, c’était d’abord une journée de transparence, une journée où il fallait avoir le courage de regarder en face ceux qui nous font des reproches. Parce que, à quoi ça sert de mener une bagarre à travers des moyens qui ne permettent pas de communiquer. Ce que je souhaite, c’est appeler à un maximum de débats. On n’arrivera jamais à tout boucler parce que nous sommes dans le business, nous sommes dans le relationnel. Même des gens, qui font le business en commun, organisent à chaque fois des rencontres pour trouver des solutions à leurs problèmes. Même les commerçants, entre les fournisseurs et leurs clients, se rencontrent régulièrement. C’est comme ça dans toutes les relations commerciales. Et ça, on ne le fait pas souvent avec nos clients. Moi, je préfère le faire et j’ai tendu ma main mais il faut qu’on s’organise. Il faut que les problèmes qui sont posés ne soient pas de faux problèmes, il faut que ça soit des problèmes réels et que tout le monde exprime ses problèmes, parce que les banques sont tenues par le secret professionnel. Si vous venez me dire que vous avez un problème avec votre banque, je ne peux pas vous répondre publiquement. Parce que je vais dévoiler des secrets que je ne suis pas en droit de dévoiler. Par contre, s’il y a un problème général qui est posé, l’association connaît aujourd’hui tous les interlocuteurs qui étaient présents, elle peut venir, nous avons un service qualité, un service audit, un service contrôle, nous avons un service qui gère les réclamations. Ces associations peuvent s’adresser à ces services et peuvent tenir des réunions, pour dire voilà ce que nos membres vous reprochent. La réunion que nous avons tenue, on ne pouvait pas publiquement résoudre tous les problèmes. Publiquement, on a montré qu’on est prêt à écouter les problèmes, qu’honnêtement on ne peut pas tout résoudre, mais qu’on est dans une démarche d’amélioration. Mais je ne suis pas né de la dernière lune, je sais parfaitement que des problèmes, il y en aura toujours. S’il n’y avait pas de problème, à quoi je servirais ? A quoi servirait l’encadrement de la banque ? L’encadrement de la banque est là pour rectifier les erreurs qui peuvent être commises. Mais ce sur quoi je vais insister, c’est ça. Vous m’avez posé la question de savoir si je suis un banquier moral. Moi, je l’ai dit et je l’assume, parce que je gagne ma vie honnêtement et je dois la gagner honnêtement. Tous mes collaborateurs viennent au travail pour la gagner honnêtement, on n’est pas là pour escroquer les clients ou pour les voler, on est là pour travailler. Il se peut qu’il y ait des bêtises comme dans tous les services. Nous sommes une banque qui respecte ses engagements et là où il y a des dérives, nous corrigeons. Mais je n’admets pas cette idée qu’on colle automatiquement la culpabilité aux banquiers. Le banquier, selon la formule connue, est responsable mais pas coupable. Ce n’est pas à chaque fois qu’il y a un problème, que le banquier est voleur, c’est mauvais et ce n’est pas comme ça qu’on peut avancer. Au contraire, nous devons nous respecter, garder un niveau d’éthique et d’ouverture. Je pense que nous sommes tous assez intelligents pour exprimer nos problèmes de manière civilisée, et on n’a pas besoin d’être tout le temps en conflit. Les gens qui passent leur temps à faire des conflits n’avancent pas.
Ce message que vous venez de délivrer a pu passer auprès de vos usagers ?
En tout cas, je pense que notre fonds de commerce se développe, nous nous félicitons de la fidélité de nos clients, cela me donne envie d’aller de l’avant. J’estime qu’avec un taux de bancarisation de l’ordre de 15 à 20%, il n’y a pas de quoi faire la fête. On est encore loin de ce qu’on devrait faire et je vous annonce que dans les semaines à venir, on va sortir des choses innovantes et qui sont à la portée de l’ensemble de la clientèle pour mériter davantage cette confiance.
Concernant les innovations, vous aviez annoncé votre volonté d’ouvrir encore plus votre banque à la diaspora, alors que paradoxalement, vous venez de relever que le taux de bancarisation dans le pays reste assez faible. Est-ce à dire que quelque part, vous considérez que tous les efforts qui auraient pu être faits pour élever ce taux ont été déjà réalisés et que la situation du Sénégal est désespérée ?
Il faut d’abord reconnaître que la diaspora, c’est le meilleur outil pour améliorer la bancarisation dans un pays. Parce qui dit diaspora dit famille au pays. Si j’améliore ma relation avec la diaspora, cette même diaspora va amener sa famille à ouvrir des comptes bancaires, au lieu de rester dans un système de transfert stérile qui coûte très cher. La diaspora est un outil parmi les autres. Mais il y a un outil fondamental, c’est le réseau de distribution, c’est la création de Wafacash Maroc, c’est la création de compagnies d’assurances dans le secteur bancaire pour améliorer le taux d’équipement en termes de distribution de produits d’assurance, le développement du logement social. Pourquoi voulez-vous qu’un citoyen aille ouvrir un compte s’il n’a pas intérêt à l’ouvrir. Si on dit à un citoyen que demain vous pouvez accéder à un logement et pour y accéder on peut vous accompagner par des crédits à long terme à des conditions intéressantes. Evidement il viendra prendre le crédit, il le prendra à la banque et en le prenant, il va être bancarisé, dans quelques années il va faire partie de la classe moyenne. Parce que la banque ne tourne pas en roue libre. Elle tourne au rythme de l’économie, et si l’économie est là pour diversifier l’offre, améliorer le revenu des citoyens, la banque est là pour huiler la machine et pour faire en sorte que cette population confie une partie de son épargne, de ses services à la banque. Si demain, nous allons vers la domiciliation généralisée des paiements de la facture d’électricité, de l’eau, du téléphone, qu’on domicilie tous ces paiements au niveau du secteur bancaire, ça conviendrait à la population. Mais aujourd’hui, le problème c’est qu’on ne donne pas assez d’instruments pour permettre au secteur bancaire de se développer.
Le pays est maintenant engagé dans le Pse. L’un des éléments que l’Etat considère comme le plus important dans le financement du Pse, c’est le secteur privé. Or, on voit que le secteur privé reste encore en retrait faute de capitaux, et ça interpelle les banquiers. Quelle est votre partition dans le financement du Pse ?
Le rôle de la banque, c’est d’accompagner le financement des opérations. La banque n’a pas pour rôle…
…Vous n’avez pas vu de projets assez bancables ?
Si. Ça commence, mais au niveau de la banque d’affaires. C’est-à-dire que nous avons aujourd’hui un dispositif qui est opérationnel au niveau du Sénégal par lequel on peut accompagner les porteurs de projets. Le Pse est piloté par une structure qui est le Bureau opérationnel de suivi (Boss) qui est structuré d’une manière tout à fait opportune et intéressante. Donc, les différents porteurs de projets, en relation avec le ministère, ont déjà commencé à présenter un certain nombre de projets aux investisseurs, non seulement sénégalais, mais au niveau international. A ce moment-là, une fois que la touche de l’investisseur ou des investisseurs est disponible, chaque investisseur viendra avec un montage. Nous sommes tout à fait prêts à accompagner ces investisseurs pour améliorer l’architecture du montage qu’ils feront et dans ce montage, il y aura toujours une partie dette dans laquelle nous allons être positionnés. C’est ça l’avantage du groupe Atijariwafa bank. Nous n’allons pas seulement nous limiter au conseil. Nous faisons le conseil, la structuration et le financement. Contrairement à certains intervenants, qui n’interviennent qu’au niveau du conseil et peut être de la structuration. Donc, le financement bancaire est un accompagnateur et non un pilote dans les projets Pse.
Il semblerait que les seuls investisseurs à avoir bénéficié de ces projets, pour le moment, sont paradoxalement des investisseurs du Maroc et qui ont été accompagnés justement par Attijari comme si le groupe était le cheval de Troie qui a poussé ces investisseurs, au détriment d’autres nationaux.
Je pense que ce n’est qu’une impression. Il y a d’autres projets très importants, et qui ont été financés par d’autres opérateurs qui n’ont rien à voir avec le Maroc. Ce sont différentes nationalités au niveau international, que ce soit dans le chemin de fer ou dans l’énergie. C’est un faux procès qui est fait aux opérateurs marocains. Par contre, ce que je peux dire, c’est que les opérateurs marocains sont dans une compétition qui est ouverte à n’importe quel autre investisseur. Et il se trouve que ces opérateurs ont fait appel à Attijariwafa Bank. Nous sommes même contactés par des opérateurs internationaux qui sont du Moyen-Orient, de l’Asie ou des Etats-Unis pour les accompagner. Cbao Attijariwafa Bank offre aujourd’hui des capacités de conseil, de structuration, de financement, qui font d’elle un opérateur de taille. Mais jamais dans la politique de Attijariwafa Bank, on a privilégié l’investissement marocain au détriment des autres. Nous agissons comme n’importe quelle banque sénégalaise et nous tenons énormément à ce que la compétition se fasse sur la qualité des projets et non sur la nationalité des opérateurs.
Avec un nombre aussi important de banques sur la place, le taux de financement et d’investissement au Sénégal est néanmoins encore très faible. Comment pensez-vous qu’il peut être amélioré ?
Je suis le premier à regretter la faible intervention du secteur bancaire dans le financement de l’économie sénégalaise. Nous sommes aux alentours de 30% de Pib et je disais l’autre jour que pour un pays comme le Sénégal, on doit être à 100%. Donc, nous avons un gap de 70% qui est autant d’opportunités de financement. C’est ce qui explique peut-être l’arrivée massive des banques sur le marché sénégalais. Aujourd’hui nous sommes entre 22 ou 23 banques à opérer ici, alors que par rapport à l’économie, on est un peu nombreux, mais cela n’est pas grave. Chacun sait comment gérer son compte d’exploitation. Tant qu’il ya de la rentabilité, moi je suis heureux. Et puis nous avons un secteur bancaire solide qui est bien contrôlé par la banque centrale ; donc je me félicite de la présence de ces banques. Beaucoup de gens critiquent le nombre, moi je ne suis pas de ceux qui disent cela. Je pense que les banques qui opèrent aujourd’hui au Sénégal ont raison de le faire. Par contre, nous devons tous faire en sorte, pas uniquement les banquiers, que l’environnement des affaires puisse produire des crédits encore plus importants. Quand je parle de l’environnement des affaires, je parle de la transparence, de la qualité des dossiers, de la gestion des entreprises elles-mêmes. Aujourd’hui, nous avons des projets lancés par la Banque centrale, qui portent sur le bureau d’information sur les débiteurs. C’est un élément important, parce qu’avant on intervenait d’une manière un peu aveugle, parce qu’on ne savait pas le niveau d’endettement d’un client donné. Et on se trouve souvent dans des situations où on va au-delà des capacités du client en termes de crédits. Maintenant, connaissant l’exposition des opérateurs sur le marché, on va pouvoir distribuer le crédit d’une manière plus intelligente. Et l’autre étape serait qu’on aille vers une maîtrise des déclarations au niveau des bilans, au niveau de la qualité des déclarations parce qu’aujourd’hui l’administration fait des recoupements, la fiscalité se met à niveau. Donc c’est tout ce travail-là et les réformes qui doivent être faites de manière à attirer les opérateurs vers le secteur formel. Nous, nous faisons notre part, parce que nous allons dans des régions où il n’y a pratiquement pas de banques et nous nous installons, pour amener les opérateurs à formaliser leurs activités, à avoir au moins un compte bancaire. Donc c’est à travers une formalisation de l’activité que nous allons amener un certains nombre d’opérateurs, qui agissaient avant dans l’informel dans les régions, à rejoindre le secteur bancaire et à utiliser les moyens de financement que les banques ont à offrir.
En tant que banque leader sur le marché sénégalais avec tous les produits innovants que vous avez apportez, pensez-vous que votre action va aider à formaliser une bonne partie du secteur informel ?
Oui nous le pensons. Je vous donne un simple exemple. Nous avions en 2007-2008, un certain nombre d’opérateurs grossistes qui venaient sur Dakar avec des caisses de liquides pour payer leurs fournisseurs dakarois. Aujourd’hui, ils versent dans leurs comptes dans les régions où on a ouvert et à partir de leurs comptes, ils peuvent payer leurs fournisseurs et recevoir leurs marchandises en toute facilité. Je me rappelle qu’en 2007, quand je suis arrivé, le taux moyen de crédit tournait autour de 12%, et aujourd’hui il est à 8% et ça, ce sont les chiffres qui le disent. Le niveau de compétition entre les banques a amené une baisse des taux d’intérêt. Il y a eu récemment, la gratuité d’un certain nombre de services qui a été décidée par la banque centrale. Tout cela a eu un effet très négatif sur notre compte d’exploitation, mais nous sommes dans cette logique parce que nous estimons que ce que nous sommes en train de perdre à court terme va nous rapporter à long terme parce que nous aurons plus de clientèle et plus d’opérations. Et nous allons certainement compenser les pertes à court terme par des gains à moyen et long termes.
Mais de l’autre côté aussi, la Bceao a baissé le taux de crédit donc vous avez quand même….
Le taux de crédit est un taux indicateur. Nous ne finançons pas tous nos crédits par des crédits de la Banque centrale. Nous ne finançons tous nos crédits par des crédits auprès de la Banque centrale. Les crédits que nous accordons aux clients, nous les finançons par les dépôts clients. Je vous garantis que pour avoir un coefficient de transformation de qualité, vous devez avoir des bons de caisse, des dépôts à termes mais les taux sont relativement élevés. Donc la Banque centrale a un taux indicateur, qui est utilisé en cas d’insuffisance de trésorerie. Mais ce n’est pas le refinancement systématique auprès de la Banque centrale. Sinon ce serait trop facile.