Acte 3, Locales et emprunt obligataire. Ce sont les trois éléments majeurs d’un duel entre Khalifa Sall et Macky Sall qui mènera à 2017. Et la sortie du mouvement de soutien au maire de Dakar qui a investi ce dernier semble officialiser une candidature, mais aussi mettre la pression sur Tanor et le Ps qui tardent à se démarquer de Benno bokk yaakaar.
Entre Khalifa Sall et Macky Sall, le duel se fait à distance. Après les divergences sur l’Acte 3 de la décentralisation et la bataille de Dakar aux Locales, le troisième round risque d’être la Présidentielle de 2017. La querelle autour de l’emprunt obligataire entre l’Etat et la Ville de Dakar remet une couche à ce combat sans merci. Pour Khalifa Sall, c’en est trop ! Il semble avoir officialisé la confrontation inéluctable avec Macky Sall, quoique le mouvement And doolel Khalifa (Adk) précise être «le seul initiateur» de la rencontre de 14 régions samedi dernier. Dans tous les cas, ce sont ses lieutenants qui sont allés au front pour l’«investir». Vraisemblablement, le maire de Dakar et ses hommes entendent jouer la carte du bilan de Macky Sall et Benno bokk yaakaar. Si le Parti socialiste et Ousmane Tanor Dieng ne peuvent se soustraire de la comptabilité de Macky Sall, les proches de Khalifa Sall espèrent convaincre que ce bilan ne peut l’engager. En allant aux Locales sous la bannière de Taxawu Dakar, il avait indiqué la voie de la nette séparation avec Bby. Que son mouvement de soutien affirme qu’il «n’est en rien comptable du bilan de Macky Sall», parce qu’«il n’est ni ministre, ni député sous son régime», cela n’est qu’une évidence.
Pression de Khalifa Sall sur Tanor
Mais Khalifa Sall se retrouve également avec deux fronts car, au-delà de celui plus probable avec Macky Sall, il devra se défaire d’une situation encore moins claire pour la candidature du Ps. Il est vrai que Tanor a réaffirmé que le Ps, comme tout parti, a vocation à (re)conquérir le pouvoir. Mais, c’est un rappel fait sous la pression de ses camarades qui ne pouvaient plus digérer les menaces de l’Apr qui voulaient que les Socialistes suivent la logique de Moustapha Niasse et l’Afp qui n’en seront pas au rendez-vous. La sortie de And doolel Khalifa a des relents de pression sur sa formation politique qui tarde à se démarquer de Macky Sall, alors qu’elle affiche ses ambitions présidentielles. Un statu quo qui ne fait pas l’affaire du maire de Dakar qui calcule aussi une éventuelle candidature du Ps sans lui. Ou une surprise du secrétaire général ? C’est ce qu’insinue Adk qui rappelle que «Tanor ne sera pas candidat en 2017». «Ce n’est pas le moment d’évoquer ces questions (de candidature en 2017). Même au sein du Ps, on ne l’a pas encore fait. Le moment venu, on va discuter et trouver des solutions», précisait M. Dieng le 14 février lors du séminaire de restructuration de la coalition Benno bokk yaakaar.
Idrissa Diallo, porte-parole de quel candidat ?
En adoptant cette stratégie, Tanor joue le jeu de Macky Sall qui ne s’empêchera pas d’affirmer qu’en 2017, le Ps est totalement comptable de son bilan. Une donne qui portera un coup de crédibilité au candidat des Verts de Colobane. Des responsables du Ps ne cachent plus leur doute. «Ousmane Tanor Dieng cherche à affaiblir le potentiel candidat du Parti à la prochaine Présidentielle en ne se prononçant que dans un moment, pendant lequel la marge de manœuvre de celui-ci est réduite à un point qu’il ne pourrait peut-être rien réaliser», s’insurgeait Idrissa Diallo, député-maire socialiste de Dalifort dans le quotidien La Tribune, la semaine dernière. Mieux, il invitait même le Secrétaire général du Ps à organiser un congrès d’investiture. Et si Diallo portait la parole d’un candidat !
Sans le Ps, on murmure Taxawu senegaal
Mais Khalifa Sall ne manquera pas de plan B pour contourner les rigueurs du Ps. «And doolel Khalifa ne se préoccupe pas des règles du Parti socialiste pour désigner le maire de Dakar candidat», précisaient ses souteneurs. Apparemment, c’est la logique de la coalition Taxawu Dakar qui pourrait se poursuivre et compter sur une sorte de Taxawu senegaal, nom qui circule d’ailleurs chez les proches de Sall. «Il y a le Fsd/bj, le Pds, l’Afp et des jeunes qui n’ont jamais fait de la politique. Si, tout ce beau monde a décidé de soutenir Khalifa Ababacar Sall», expliquait le coordonnateur de Adk.