La déléguée générale à la protection sociale (DGPSN), Anta Sarr Diacko, a invité mercredi les élus locaux de la région de Tambacounda (est) à un partenariat, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme national des bourses de sécurité familiale (PNBSF).
"Appuyez le programme, car ses bénéficiaires, s'il n'y avait pas (cette initiative), se tourneraient vers vous pour vous solliciter", a-t-elle déclaré lors d'une rencontre organisée au conseil départemental de Tambacounda.
Des maires de communes, des représentants de l'administration territoriale et différents partenaires, avaient pris part à cet atelier destiné à vulgariser le PNBSF en vue de son appropriation par les populations et de l'établissement d'un partenariat avec les élus.
Il s'agissait également de préparer la première distribution des bourses de sécurité familiale au titre de l'année 2015. AU total 100.000 bourses devront être partagées, contre 50.000 la première année.
Le PNBSF vise à distribuer des bourses à 300.000 familles d'ici 2017, à raison de 25.000 francs CFA par ménage et par trimestre. Un budget de 20 milliards est prévu pour la mise en œuvre du Programme dont le maître d'œuvre, la délégation générale, dépend de la présidence de la République, a dit sa responsable.
Les bénéficiaires continueront à recevoir le même montant pendant cinq ans, s'ils continuent de remplir les conditions requises, dont l'inscription et le maintien des enfants du ménage à l'école ainsi que leur enregistrement à l'état civil. Il y a également, parmi les conditions retenues, le respect du calendrier vaccinal des enfants.
En plus de ces allocations fixes, ils auront tous droit à une couverture maladie universelle (CMU) gratuite, a assuré Anta Sarr.
Dans le cadre de ce programme, les collectivités locales sont appelées à signer à titre individuel ou collectif, dans le cadre d'une intercommunalité, des conventions de partenariat avec la délégation générale à la protection sociale, a expliqué le conseiller juridique El Hadji Abou Diop.
La déléguée générale a invité les élus locaux à diligenter la mise sur pied des différents comités devant aider à l'identification des ménages vulnérables et leur soumission à la délégation générale à la protection.
Elle a aussi exhorté ces instances à l'échelle du village, du quartier, de l'arrondissement et du département, à dresser les listes des ayants-droit au vu des critères de vulnérabilité ainsi que d'autres conditions définies.
Cela permettra à la Poste, opérateur agréé pour le paiement de ces bourses, de connaître les zones où elle devra envoyer des "postes mobiles avancées", a dit Anta Sarr Diacko.
Dans le cadre de la convention signée avec la délégation, la poste s'engage à dépêcher une équipe mobile partout il y aura un minimum de 25 bénéficiaires, afin de leur épargner les frais de transport.
Un registre unique a été élaboré, et l'Agence de l'informatique de l'Etat (ADIE) tient une base de données des ménages pauvres répertoriées à ce jour, et qui pourra être utilisée par les programmes, a-t-elle dit.
Malgré les résultats obtenus en matière de réduction de la pauvreté - de 48,3% en 2005, on est passé à 46,7% en 2013 (ANSD) -, 80% de la population demeure sans couverture sociale, soit 10,8 millions de personnes, a relevé Pape Mané Gning, du programme de gestion des filets sociaux.
Concernant spécifiquement la région de Tambacounda, il est fait état d'un indice de pauvreté individuelle de 62,5%, soit plus que la moyenne nationale, et de 55% pour ce qui est de la pauvreté au niveau ménage.
Tambacounda a aussi un taux d'extrême pauvreté de 36,2%, a ajouté M. Diop, citant l'ANSD. D'où, selon lui, l'"impérieuse nécessité d'extension des bourses de sécurité familiale".
Ce qui a fait dire au président du conseil régional Sina Cissokho que ce programme "semble être taillé sur mesure" pour la région orientale qui n'a "jamais douté de sa pertinence".
L'objectif du PNBSF étant "un changement des conditions de vie" des ménages pauvres, "le cash seul ne suffit pas", a-t-il relevé, en soulignant que cela a poussé le programme à nouer des partenariats, en vue de donner plus d'impact à ces bourses, à travers un accompagnement des bénéficiaires.
L'expérience de Guédiawaye (Dakar) où avec l'appui de la fondation Helene Keller International, des activités génératrices de revenus ont été créées pour les ménages retenus, en est une illustration. A Matam (nord), le PNBSF travaille avec le programme Yaajende de l'USAID.
La responsable du programme social a souligné la nécessité d'un bon ciblage et d'une impartialité dans le choix des allocataires, avertissant que toute personne qui sera ajoutée indûment sur la liste, sera exfiltrée et des sanctions seront prises.