Les membres de la Confédération internationale syndicale (Csi) ont exprimé hier, à l’occasion d’une conférence de presse tenue à Dakar sur les préparatifs de leur congrès prévu dans la capitale sénégalaise en novembre prochain, la volonté de créer un contre-pouvoir. Cela, expliquent-ils, pour mettre fin à l’exploitation des travailleurs dans le monde par les multinationales.
La Confédération internationale syndicale (Csi) est en croisade contre l’inégalité sans cesse croissante. Hier, à l’occasion d’une conférence de presse organisée à Dakar sur les préparatifs de leur congrès prévu au Sénégal, les membres de cette organisation ont dénoncé l’exploitation des faibles par les riches qui, disent-ils, profitent des richesses de la planète. Selon Mamadou Diallo, directeur de la Csi du département droits humains et syndicaux à Bruxelles, le monde syndical est aujourd’hui traversé par des mutations qui se manifestent par la fermeture des entreprises, la domination de plus en plus grande des multinationales. «Aujourd’hui, les multinationales commencent à devenir presque des ogres dans plusieurs pays du monde. Elles détruisent même l’économie nationale. Elles opèrent dans les pays où la main-d’œuvre est bon marché et qui ont des ressources. Mais le jour où les ressources s’épuisent, elles n’hésiteront pas à bouger pour aller dans une autre région du monde», a soutenu M. Diallo. Pour lui, le mouvement syndical fait face à un choc. Pour changer la donne, la Csi se propose d’être «un contre-pouvoir de ce pouvoir des riches». «C’est ça que nous avons plaidé au niveau du G20, du G8. A l’occasion de notre réunion à Washington avec la Banque mondiale, le Fmi, nous avons réitéré ces questions», expliquent les travailleurs.
De l’avis de Mamadou Diallo, l’année dernière, à l’occasion de leur congrès mondial tenu à Berlin, ils avaient axé leur réflexion sur «Construire le pouvoir des travailleurs» qui est, selon lui, une manière de revisiter le syndicalisme, de développer des activités, des programmes pour avoir le maximum de travailleurs dans leurs rangs. «Si vous renforcez votre pouvoir, vous serez en mesure d’influencer les politiques, de faire entendre votre voix et celle des travailleurs. La Csi a aussi fait un sondage partout dans le monde, jusqu’au Vietnam. Et les résultats ont démontré que plus de 70% des personnes que nous avons rencontrées ne croient plus que leur gouvernement soit capable de satisfaire leurs besoins. Ce qui signifie que nous avons besoin d’un autre monde, d’une autre gouvernance mondiale plus régulatrice», espèrent M. Diallo et ses camarades. Ils considèrent que l’écrasante majorité de la richesse globale est entre les mains de 10% de la population. Cela signifie, pour eux, que les 90 % de la population mondiale n’ont pas accès à l’eau, l’éducation, la santé, etc.
Dakar reçoit le monde syndical en novembre prochain
Le congrès de la Confédération internationale syndicale (Csi) est prévu à Dakar en novembre prochain. En conférence de presse hier à Dakar, les membres de cette organisation ont informé qu’ils vont se pencher sur les défis du mouvement syndical africain pour améliorer le pouvoir des travailleurs, un moment d’analyse critique des forces et faiblesses du mouvement syndical actuel. Pour Kwasi Adu-Amankwah, secrétaire général de la Csi Afrique, la rencontre prévoit d’accueillir entre 300 et 400 délégués africains, des invités internationaux et des représentants d’organismes et d’institutions sous-régionales, régionales et internationales. «Le thème mettra surtout l’accent sur la situation du mouvement syndical africain et le défi de l’heure, mais aussi comment le continent peut, en impliquant les organisations syndicales, assurer les bases d’un développement durable dans la paix et la cohésion», a-t-il renseigné.