Le réalisateur marocain Hicham Ayouch, lauréat de l’Etalon d’or de Yennenga de la 24e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), a invité les peuples d’Afrique à se prendre en charge et à ne plus accepter de se faire dicter leur conduite par les autres.
Ayouch a remporté samedi le Grand prix de la plus grande manifestation cinématographique du continent, pour son film "Fièvres". Le film raconte l’histoire d’un petit garçon qui apprend qu’il a un père et décide d’aller vivre avec ce dernier et son grand-père.
"Il est temps que les Africains se prennent en charge. On a tout ce qu’il faut, on a toutes les ressources, on est un peuple très riche et très beau. Il faut juste qu’on n’accepte plus certaines choses par rapport à l’extérieur, qu’on n’accepte plus certaines choses par rapport à nous-mêmes", a-t-il dit après avoir reçu son trophée des mains du président burkinabè, Michel Kafando.
Hicham Ayouch a dit qu’il était "très heureux" de recevoir ce prix, ajoutant qu’il se sent "très africain et très panafricaniste".
"Le panafricanisme est une idéologie à laquelle je crois, surtout à travers l’art, a-t-il expliqué. Pour moi, le simple fait d’être au Fespaco, c’est un honneur, parce que le gagnant aurait pu être chacun de nous."
Le cinéaste marocain dit qu’il a "plusieurs origines et plusieurs identités". Hicham Ayouch a insisté sur sa "part d’africanité", qui est "très importante".
"Ce que je viens de dire – la nécessité pour les Africains de se prendre en charge -, ce n’est pas nouveau, ce n’est pas révolutionnaire. Ça existe depuis des années", a-t-il poursuivi.
Ayouch a ajouté : "Nous sommes les premiers qui devons travailler pour que l’Afrique soit fière d’elle-même. Je fais partie de cette diaspora-là, à travers ma mère et mon père. On a grandi en France, on a reçu à la fois des valeurs françaises et une éducation africaine. Je crois qu’on a une vision un peu différente des choses, on a intégré plusieurs façons de voir le monde."
Il est le quatrième réalisateur marocain à remporter la plus grande récompense au Fespaco, après Souhail Ben Barka (1973), Nabil Ayouch (2001) et Mohamed Mouftakir (2011).
"Fièvres" est le troisième long-métrage d’Ayouch, qui a réalisé "Fissures" (2009) et "Tizaoul (Les Arêtes du cœur)" (2006). Il a aussi réalisé, pour la télévision, "As They Say" (Kif Ma Yi Qulu) en 2011, "Poussières d’ange" en 2007 et "Les Reines du Roi" en 2005.