Soixante douze pour cent des femmes emprisonnées au Sénégal sont en détention préventive et attendent donc d’être jugées, indique un rapport publié ce dimanche à Dakar.
Cette étude publiée à l'occasion de la Journée internationale de la femme a été menée par le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et l’Association des juristes sénégalaises (AJS).
Elle est basée sur des entretiens réalisés entre mars et juillet 2014 avec 152 femmes détenues dans cinq prisons représentant plus de la moitié de la population carcérale féminine du Sénégal, à Liberté VI, Rufisque, Thiès, Kaolack et Tambacounda.
A Kaolack, par exemple neuf des 12 femmes interrogées, soit 75%, étaient en détention préventive.
A la maison d’arrêt et de correction pour femmes de Liberté VI, 68% de la population carcérale féminine étaient dans la même situation. Seules 32% des femmes, dans cette prison, avaient été jugées et condamnées par un tribunal, selon l’étude menée dans le cadre d’un projet d’assistance aux détenues.
Les auteurs rappellent que la procédure pénale au Sénégal permet aux détenus déclarés "indigents" de bénéficier des services d’un avocat commis d’office par les autorités judiciaires.
Hors, "les détenues interrogées ont indiqué que ces derniers [NDLR : les avocats commis] sont rarement diligents et rendent peu compte de l’évolution des procédures qui leur sont confiées", signale le rapport. "Cette situation contribue à la lenteur des procédures, qui sont également caractérisées par un grand nombre d’ajournements."
L’étude révèle que la détention préventive est "plus préoccupante" pour les femmes détenues dans les prisons hors de Dakar. "A la maison d’arrêt et de correction de Thiès, seules quatre des 20 femmes détenues bénéficiaient d’un avocat commis d’office", soit 20%, indique le document.
"Dans les [prisons] de Thiès, Kaolack et Tambacounda, 21% des femmes détenues bénéficiant de l’assistance d’un avocat commis d’office ont déploré le manque de diligence et le fait de ne pas recevoir les visites" de leur conseil, constatent les auteurs.