«Normalement en mai, voire juin prochain démarrera le procès Hissein, Habré, pour une durée de sept mois». C’est ce que fait savoir Abdou Khadre Lô, chef de file du Consortium de sensibilisation sur les Chambres africaines extraordinaires (Cae). Il s’exprimait hier, mercredi 4 mars, à l’Ucad, en marge d’un panel sur le procès Habré.
Sous peu, environ trois mois, démarrera le marathon judiciaire de l’ancien chef d’Etat Tchadien Hissein Habré pour une durée de sept mois. Ce, après le réquisitoire de renvoie de la Commission d’instruction des Chambres africaines extraordinaires (Cae). Devant ce fait historique, une première en Afrique, le Consortium de sensibilisation sur les Chambres africaines extraordinaires a tenu hier, mercredi 4 mars, un panel à la Faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) autour du thème: «Chambre africaines extraordinaires: Hissein Habré renvoyé en procès, quels premiers enseignements pour la lutte contre l’impunité en Afrique?» Une manière de décloisonner le débat des quatre murs du tribunal et ainsi amener le public notamment l’élite à comprendre au mieux le tenants et aboutissant d’un tel procès.
«L’impératif de juger les africains par les africains est une réponse aux récriminations faite à la Cour pénal international (Cpi). La chance nous est donnée de montrer à la face du monde que nous sommes capables de dire le droit et ainsi indiquer aux fossoyeurs que l’impunité est derrière nous. Chaque coupable devra s’attendre à purger sa peine», fait savoir Ousmane Khouma, directeur des études de l’Institut des droits de l’homme et de la paix (Idhp) dans sa note introductive.
Pour Yaré Fall, avocat des victimes, «tout ce que nous demandons, c’est un procès équitable qui respecte les droits de la partie civile ainsi que celles de la défense. Il y a assez d’éléments pour que le procès se tienne».
Abdou Khadre Lô, directeur général du cabinet Primum Africa Consulting, par ailleurs chef de file du Consortium de sensibilisation sur les Chambres africaines extraordinaires, d’ajouter: «nous voulons amener le tribunal à sortir un peu des quatre murs pour expliquer de quoi il s’agit dans cette procédure là. M. Habré sera bientôt jugé. Si tout se passe bien ce sera aux alentours du mois de mai, juin. Nous avons une fenêtre de dix mois, trois pour la préparation et sept mois de procès».
Toutefois, a-t-il relevé, «il n’a pas été du tout facile pour nous de rencontrer toutes les victimes du fait que beaucoup d’entre elles se retrouvées dans les pays voisins et d’autres ont disparus. Mais, tout de même, nous avons assez fourni pour faire face à la charge. Tout ce que nous souhaitons, c’est que l’on est un procès équitable qui respecte aussi bien les droit de la défense que celle des victimes».
El Hadji Oumar Diop, enseignant à la Fsjp, a salué la décision de «juger un africain, en Afrique, par les africains. Donc un exploit, une souveraineté, mais également un géant pas pour le Sénégal». Abondant dans le même sens, Fatou Kama, chargée des programmes et coordonnatrice du dossier Habré à la Raddho avance: «avec ce procès, c’est une leçon de la culture contre l’impunité en Afrique qui s’opère. Une voie montrant que rien ne sera plus comme avant».Seulement, précise-t-elle, il faut «travailler à ce que les choses se passent dans les règles de l’art judiciaire».