Le procès de Hissein Habré s’ouvre au mois de mai prochain. La révélation est de Abdou Khadre Lô, patron du Consortium de sensibilisation sur les Chambres africaines extraordinaires (Cae). Selon lui, le jugement de l’ex-Président du Tchad, poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture devrait durer 7 mois.
Lors d’un panel organisé, hier, par le Consortium de sensibilisation sur les Chambres africaines extraordinaires en partenariat avec l’Institut des droits de l’Homme et de la paix (Idhp), Abdou Khadre Lô a levé un coin du voile sur l’organisation du procès de l’ancien chef de l’Etat tchadien renvoyé en Assises pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et torture. «A priori oui, il y aura un procès qui devrait démarrer incessamment aux alentours du mois de mai ou au plus tard en juin si tout se passe bien», informe M. Lô, directeur général du cabnet Primum africa consulting. Pour le procès du premier ex-chef de l’Etat africain jugé sur le continent, les Chambres africaines extraordinaires se donnent une période de 3 mois pour nommer les magistrats devant assurer le jugement. «Le procès devrait durer autour de 7 mois. Donc, on a un «semestre» de 10 mois dont 3 mois de préparation et 7 mois de procès», résume-t-il.
Axé sous le thème «Chambres africaines extraordinaires : Hissein Habré renvoyé en procès, quels premiers enseignements pour la lutte contre l’impunité en Afrique?», le panel a réuni un parterre de juristes. Ousmane Khouma, directeur des études de l’Idhp, pense que le procès de Habré regorge un «enjeu de civilisation» pour l’Afrique parce que, dit-il, d’anciens dictateurs sont aujourd’hui sommés de rendre des comptes. Il se réjouit de la fin de l’impunité en Afrique : «La fin de l’impunité est salutaire en Afrique. Elle ne va jamais se développer si elle ne lutte pas contre des peines majeures de cette nature. Il faut respecter la présomption d’innocence. Mais, les accusations portent sur des faits très graves. Donc, on ne peut pas laisser cela sans examen approfondi. Dans le même temps, l’autre aspect est qu’on lutte contre l’impunité pour une harmonie sociale retrouvée. Ce n’est pas de la peine pour la peine. C’est l’exemplarité de la peine qui est importante. Que cela ne se reproduise plus. Qu’on respecte les droits humains.»
La défense boycotte le panel
En outre, la rencontre s’est déroulée sans les conseils de Habré alors que certains des défenseurs des victimes comme Me Yaré Fall étaient conviés à la rencontre. Abdou Khadre Lô dégage la responsabilité du Consortium : «Nous ne sommes pas surpris, mais notre rôle est d’associer tout le monde comme cela se fait dans un débat public. L’idéal aurait été d’avoir les avocats de la défense et de ceux des victimes pour que tout le monde puisse se faire sa propre opinion. Maintenant, c’est leur ligne de défense ; nous la respectons.»