Longtemps annoncée, la démolition de 6 pavillons au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est en cours depuis près de deux mois. Aux mêmes emplacements, il est prévu la construction d’autres résidences d’ici à 2015.
Du plus grand pavillon du campus social de Dakar en termes de capacité d’accueil, après l’imposant pavillon A, il ne reste qu’une partie de la structure métallique et quelques débris qui tiennent encore à peine sous les coups de boutoirs d’une dizaine d’ouvriers. L’opération de démolition du pavillon N, rebaptisé « bateau le Joola » par les étudiants du fait de son architecture qui rappelle vaguement le ferry qui a sombré en 2002 au large des côtes gambiennes, tire presque à sa fin. Sur place, des monceaux de débris de ferraille, de gravats de toutes sortes jonchent le sol. Stationnés non loin, des camions attendent d’évacuer ces centaines de m3 de décombres. A l’instar du pavillon N, 5 autres sont concernés par cette opération de démolition. Il s’agit des pavillons dits « espagnols », à savoir F, G, H et I situés dans le campus des garçons et le pavillon B2 de la Cité Claudel.
Aux abords du pavillon G, Babacar Mbengue, la cinquantaine, bloc note et stylo à la main, assiste à l’effondrement de gros blocs de pierre. Ce contremaître qui supervise les opérations de démolition de ce pavillon, de mêmes que celles des pavillons F et B2, rappelle quelques consignes de sécurité aux ouvriers. « Quand la hauteur d’un bâtiment atteint un certain niveau, le démolir n’est pas facile. Il faut non seulement des moyens humains et matériels conséquents, mais aussi prendre des mesures particulières pour permettre aux ouvriers de travailler en toute sécurité », explique-t-il. Pour la sécurité des ouvriers, « nous les avons équipés de casques, de harnais, de chaussures de sécurité et de gants. Et pour éviter des cas de malaise, nous avons établi un programme de travail qui permet aux ouvriers de se relayer sur les chantiers », confie M. Mbengue.
Une recommandation de la Direction de la protection civile
La démolition de certains pavillons à l’Ucad est une recommandation de la Direction de la protection civile (Dpc). En effet, en 2010, après une mission d’inspection, un rapport a préconisé leur évacuation et, éventuellement, leur démolition. Car « ces pavillons avaient atteint leur durée de vie et leur état de décrépitude constituait un danger permanent pour leurs occupants ».
Malgré cette alerte, ce n’est qu’à la fin de l’année 2012 que la recommandation a été respectée. Dans un contexte où la question du logement secoue souvent l’université de Dakar, l’évacuation desdits pavillons a fait perdre au Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) 1495 lits sur un total de 5136. « Le processus de démolition suit bien son cours, et nous en sommes presque à la fin », confie Khalifa Diagne, chef du département des Services sociaux et conseiller spécial du directeur du Coud, Abdoulaye Diouf Sarr. « Les autorités s’étaient engagées à mettre en application les recommandations de la Dpc. Aujourd’hui, c’est chose faite », se félicite M. Sarr.
4 nouveaux pavillons et un restaurant
Le gouvernement du Sénégal ambitionne de construire des résidences universitaires à Dakar, Saint-Louis, Bambey, Ziguinchor, Thiès, Kaolack, Kaffrine et Fatick. Le coût de ce projet est estimé à 139 milliards de FCfa. Il s’agira, pour l’année 2013-2014, de la construction de 6.700 chambres et de 9 cuisines-restaurants de grande capacité, et pour l’année 2014-2015, de 5.800 chambres, 10 cuisines-restaurants de grande capacité, 10 centres médicaux et 10 salles de sports. En attendant que cet ambitieux programme voit le jour, 4 nouveaux pavillons (deux dans le grand campus, un à la Cité Claudel et un autre à la Fastef) d’une capacité de 400 lits sont déjà sortis de terre. D’après les autorités du Coud, ils seront inaugurés cette année. « Cela veut dire que par rapport à l’année dernière, notre capacité d’accueil va augmenter. Mais, avec 80.000 étudiants, le gap de lits sera difficilement comblé. Néanmoins, à chaque fois que nous le pouvons, nous essayerons d’améliorer les possibilités d’accueil des étudiants », assure le directeur du Coud. Pour faire face à ce déficit de lits, Khalifa Diagne invite les collectivités locales à chercher des logements conventionnés pour leurs étudiants. « Le Coud, de son côté, viendra en appui en termes d’équipements en fournissant la literie et, au besoin, en assurant l’entretien », promet-il.