Grèves des syndicats d’enseignants pour exiger la signature d’un Protocole d’accord, maintient du mot d’ordre du Syndicat des inspecteurs et inspectrices de l’Education nationale (Siens) et menace de lancer un nouveau plan d’action pour renforcer le mouvement dont souffrent déjà près 11 000 jeunes enseignants candidats au CEAP et au CAP, entre autres. En somme, autant d’actions qui menacent de perturber à nouveau l’Ecole sénégalaise et qui risquent de compromettre les chances du pays d’atteindre les Objectifs Millénaires pour le Développement (Omd) en matière d’éducation à une année de l’échéance.
Les perturbations de l’espace universitaire et scolaire risquent de compromettre à nouveau le déroulement de la présente année académique 2013/2014. Pour cause, les syndicats d’enseignants et d’inspecteurs ainsi que la réforme universitaire issue des concertations sur l’enseignement supérieur, continuent de secouer l’Ecole. L’inquiétude commence à gagner de nouveau une bonne frange de la communauté éducative dont les parents d’élèves, en tête. Et ces derniers ne semblent plus se faire d’illusion. Ils se disent convaincus que la confrontation entre les syndicats d’enseignants et la partie gouvernementale est encore inévitable. Les mots d’ordre de grèves répétitives lancés depuis la rentrée par les enseignants en sont des signes précurseurs.
Hier, lundi 20 janvier 2014, au terme d’une séance plénière, le porte-parole du Grand Cadre a annoncé une tournée nationale pour informer leurs camarades sur leur troisième plan d’actions. « Nous allons faire un débrayage mardi 28 décembre et grèves totales pour le mercredi 29 et jeudi 30 janvier pour exiger la signature sans délai du Protocole et le paiement des salaires de certains de leurs camarades versés toujours dans le panier rouge », a souligné Oumar WalyZoumarou.
Et ce genre d’actions risquent de plomber la mise en œuvre du nouveau Programme sectoriel de l’éducation : le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet). Un programme visant à relever les défis liés aux exigences du développement économique et social, mais très mal parti à cause de l’impact négatif de ces mouvements sur le quantum horaire.
A cela s’ajoute le manque criard de professeurs dans certaines disciplines, notamment en Mathématiques, philosophie, Espagnol, Sciences physiques, Sciences de la vie et de la terre. Ce qui a occasionné des manifestations à l’Oulampane, une localité située dans la région de Ziguinchor et qui se sont soldés par deux blessés : Baboucar Badji, élève en classe de Terminale et Aboubacry Mignane élève en classe de 3éme ont été atteints par balles. Au même moment on parle d’un surplus de 1287 enseignants dans 16 disciplines dont 522 en Lettres Histoire-Géographie et 166 en Lettres-Anglais.
Pour sa part, le Syndicat des inspectrices et inspecteurs de l’Education national (Siens) maintient son mot d’ordre de grève déclenché depuis plus d’un an. En plus d’avoir boycotté depuis l’année dernière des examens professionnels du Cap (Certificat d’aptitude professionnel) et le Ceap (Certificat élémentaire d’aptitude pédagogique), les camarades de Samba Diakhaté, Secrétaire général du Siens, ont décidé d’entamer une tournée nationale en perspective d’un autre plan d’action pour réclamer le paiement de leurs indemnités de déplacements des années 2011 et 2012.
« Nous sommes en tournée nationale pour informer la base la passivité du gouvernement sur la plateforme revendicative déposée depuis avril 2012. Le gouvernement n’a pas réagi. Nous avons senti un manque de considération de la part des autorités », a soutenu Samba Diakhaté, au bout du téléphone. Le Secrétaire général du Syndicat des inspecteurs et inspectrices de l’Education nationale (Siens) déclare, « nous étions à Louga et à Matam pour informer à nos camarades la situation en vue de dérouler un autre plan d’actions si le gouvernement ne réagit pas ».
Tout en exigeant l’ouverture des négociations sérieuses de la part du gouvernement, les inspecteurs demandent une indemnité de responsabilité particulière à la place d’une indemnité de contrôle et d’encadrement pédagogique, une augmentation de l’indemnité de logement. En plus de cela, Ils appellentaussi à la révision des textes portant réorganisation des inspecteurs d’académie et des inspecteurs de l’éducation et de la formation, de même que ceux régissant la gestion des carrières. En attendant, la satisfaction de leurs revendications, 11 000 et 12 000 enseignants au terme de la formation diplômante en attente de passer des examens pratiques.
Au niveau de l’Enseignement supérieur l’application des 11 directives, notamment les droits d’inscription, prises par le Conseil présidentiel suite aux Concertations nationales sur l’Avenir de l’Enseignement supérieur (Cnaes) a été une pomme de discorde entre gouvernement et étudiants.Finalement, la signature du protocole d’accord a eu lieu entre le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Mesr) et la Coordination nationale des étudiants du Sénégal, après plusieurs séances de négociations, va permettre aux étudiants de reprendre le chemin des amphithéâtres.
Pour l’instant certains étudiants et les nouveaux bacheliers, ont entamé déjà les procédures d’inscriptions dans les différentes facultés, en attendant leurs camarades qui doivent passer des sessions de rattrapages.
Désormais, les droits d’inscription dans toutes les universités publiques sénégalaises sont fixés à 25 OOO F Cfa, 5O OOOF Cfa et 75 OOOF Cfa respectivement pour la Licence, le Master et le Doctorant, pour la période 2013-2016, comme stipulé dans ledit protocole.
Malgré la révision des modalités d’inscription qui tient compte de l’étudiant boursier ou non, certains étudiants ont récusé le protocole, arguant que lessignataires n’avaient pris en compte leurs propositions. Ainsi, le protocole avant même son application fait l’objet de contestations. « Les discussions sont terminées après avoir paraphé ce document. Les accords contenus dans ce document seront appliqués à la lettre par le gouvernement », avait soutenu Mary Teuw Niane, ministre de l’Enseignement supérieur.