Rien qu’un numéro diffusé samedi soir sur la chaine Sen Tv et voilà que l’émission ‘’kawtef’’ déchaîne toutes les passions sur la toile. Des commentaires acerbes et durs sur les sites webs aux analyses très négatives sur les réseaux sociaux ‘’kawtef’’ anime les débats. Une raison suffisante pour approcher le présentateur de l’émission, le comédien Pape Faye qui s’explique sur le concept de l’émission. Dans cet entretien réalisé avant la sortie du communiqué du CNRA, l’animateur livre sa part de vérité et répond à ceux qui trouvent que ‘’kawtef’’ n’est en réalité que la version sénégalaise de l’émission ‘’ca va se savoir’’ de Jerry Springer.
Expliquez-nous le concept de l’émission ‘’kawtef’’
Le concept est inspiré de l’émission de Jerry Springer Show/ C’est l’émission ‘’ça va se savoir’’. On essaie de la ‘’sénégaliser’’ et faire en sorte qu’elle soit conforme à nos réalités. Nous faisons des efforts pour que cela ne heurte pas le Sénégalais lambda. C’est un peu ça le contenu. Lequel reflète ce qui est décrié dans les foyers et qu’on voit tous les jours à travers nos comportements.
Comme dans ‘’ça va se savoir’’, ce sont des acteurs qui interviennent mais pas les personnes directement concernées ?
Ce sont des comédiens qui jouent. Mais ce sont des histoires réelles qui sont racontées. Nous n’inventons rien. Ce sont des choses que nous détenons de personnes qui ont vécu ces situations-là. Ce sont des dossiers brûlants que nous détenons. Mais si nous constatons que le fait de les porter sur la scène peut heurter, nous allons essayer d’atténuer certaines choses. Ainsi, on ne blessera pas les âmes sensibles. L’histoire racontée dans le premier numéro diffusé est une histoire vraie. La preuve, après j’ai eu beaucoup de retours.
Certains m’ont demandé comment j’ai su que dans tel ou tel autre domicile il y a eu ce problème. Je n’ai pu répondre à ces gens-là. Tout ce que j’ai pu dire, c’est que nous avons une histoire vraie que nous avons portée à la connaissance du public. Parce que j’ai un devoir de réserve qui ne me permet pas de divulguer les noms des personnes qui ont été atteintes et blessées. Mon rôle dans cette émission est celui d’un régulateur. J’essaie de camper la situation et de faire de sorte que les personnes concernées ne vivent pas éternellement leur drame. Il y a toujours des solutions. Nous sommes des humains et ces choses peuvent arriver à tout le monde et à n’importe qui.
Rien qu’un numéro et les critiques fusent de partout. Etes-vous au courant ?
J’ai eu beaucoup d’amis qui m’ont appelé. J’ai eu des messages et des gens sont venus me voir. La majorité des retours que nous avons eus sont encourageants. On nous a dit que c’est nouveau et c’est osé.
Certains trouvent que cette émission ne correspond pas à nos réalités
Ce qui a été diffusé samedi, ce ne sont pas nos réalités. Mais c’est ce que vivent toutes les communautés du monde. Nous, nous avons eu l’audace de matérialiser dans ‘’kawtef’’ les faits, les gestes, les comportements, tout ce qui paraît négatif. Si vous écoutez les émissions de radios et de télés, mais c’est pratiquement les mêmes contenus. Ce qui se passe dans les foyers, c’est ce qu’on y raconte. Ce sont les mêmes situations, les mêmes défauts, les mêmes négations. On en parle tout le temps. Ce sont les démarches qui diffèrent mais sur le contenu, le caractère des gens, le vécu quotidien de certains gens, c’est la même chose. Dans notre démarche, on a préféré visualiser les choses sans détours. Cela se fait à chaud. On a voulu être plus chaud, plus accrocheur et plus direct.
N’est-ce pas alors la démarche qui dérange et qui choque?
Je vais te dire une chose : ce qui n’est pas dans nos réalités, c’est dans la façon de s’habiller. Les gens s’habillent n’importe comment. On fait beaucoup de choses qui ne sont pas dans la réalité. Qu’avons-nous créé ? Qu’est-ce que les Sénégalais ont créé ? C’est ce qu’on a créé qui est notre réalité. Je ne pense pas que la question c’est ça. On peut dire qu’on est cru et que certains y voient leur propre histoire et sont choqués. Mais nous, notre intention n’est pas de choquer les gens. Si ce n’était que pour cela, moi personnellement, je ne l’aurais pas fait. Je ne suis pas de ce genre. Je suis de ceux qui tempèrent. Cette émission est une façon de soigner une communauté. C’est une séance de ‘’ndeupp’’ que nous faisons. Pour soigner une communauté, il faut montrer les tares de cette dernière.
On vous reproche également le copier coller ?
Qui dans ce monde-là ne fait pas du copier-coller. Tout est reprise dans la vie. Tout est répétition. Qu’on me cite une chose qui ne soit pas du copier coller dans nos vies. Il n’y en a pas. On copie et on colle en apportant quelques modifications afin d’avoir une certaine originalité. Il y a toujours quelqu’un qui démarre et les autres copient et collent.
Vous allez continuer malgré le tollé suscité par cette émission ?
Je vais te dire une chose : le jour où je sentirai que je ne rends pas service à la communauté à travers cette émission, je saurai quoi faire et quoi dire. Mais comme je viens de démarrer, je ne peux pas savoir si la majorité de la population adhère ou pas. Pour l’instant, j’ai reçu beaucoup de félicitations. J’ai reçu une autorité religieuse dont je tairai le nom qui m’a dit : ‘’Pour sensibiliser les gens sur certaines choses, il faut les visualiser.
On est dans un monde où les gens aiment la transparence et la démocratie. Je te connais et je sais que ce que tu fais, là, ce n’est nullement pour choquer ou heurter les populations’’. On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Quand j’ai eu cet encouragement, j’étais content. Aussi, on est dans un monde de concurrence où les critiques ne sauraient manquer. Le plus important pour nous, c’est le message de paix lancé à la fin de chaque émission.