L’affaire Dame Kâ fait grand bruit à Thiès. Entre la famille du défunt et la police, c’est la guerre des mots. Chacun tire la couverture de son côté. Un Kâ toujours pendant devant le Procureur de la république de Thiès.
Comme Kékouta Sidibé à Kédougou, Thiès à son Dame Kâ. En tout cas, la famille de ce dernier croit dur comme fer que son fils a été mortellement battu par les limiers du commissariat central de Thiès. 15 jours après l’arrestation des présumés voleurs, l’affaire est toujours d’actualité dans la cité du Rail avec comme épicentre la mort de l’un d’entre eux Amadou Dame Ka au cours de sa garde-à-vue.
La version de la police
C’est dans la nuit du mercredi 2 au jeudi 3 février 2015 que la bande a été arrêtée aux environs du lycée Amary Ndack Seck, à la cité ouvrière de Thiès par les éléments de la brigade de recherches du commissariat central, suite à une dénonciation. Armés jusqu’aux dents, les contrevenants ont opposé une résistance farouche aux policiers, avant de prendre la poudre d’escampette. Mais deux d’entre eux ont finalement été interpellés par les flics. Sous le feu roulant des questions des enquêteurs, ils ont balancé leurs complices dont celui qu’ils présentent comme l’intendant de la bande, Dame Kâ.
Le lendemain, aux environs de 14h, selon des sources proches de l’enquête, les deux présumés bandits ont été embarqués à bord d’un véhicule banalisé de marque Renault 21, pour être acheminés au domicile familial de Dame Kâ sis à la cité ouvrière. Ce dernier, trouvé chez lui, s’est précipité pour entrer dans sa chambre où il s’est emparé d’une machette pour tenir en respect les policiers, tout en criant que cette arrestation dans sa propre famille était une humiliation. Il a finalement été maîtrisé et mis dans la malle arrière ouverte du véhicule en compagnie d’un policier, étant donné que la voiture était en surnombre. Placé en garde-à-vue au niveau du commissariat, il a rendu l’âme le lendemain dans sa cellule. Après avoir constaté les faits, le corps sans vie de Dame Kâ a été transféré à la morgue du centre hospitalier régional El Hadji Amadou Sakhir Ndiéguène, avant d’être acheminé à Dakar pour les besoins de l’autopsie.
La famille prend le contre pied de la police
Le résultat de l’autopsie parle de cardiopathie. ‘’Faux !’’, rétorque la famille du défunt qui accuse les policiers et exige une contre-expertise. Car, selon elle, Dame Kâ a été mis dans la malle, alors qu’il était mourant. Et la famille d’expliquer que le présumé voleur a été arrêté, le mercredi 3 février aux environs de 14 heures, dans l’enceinte même de sa maison et sauvagement battu sous le regard de sa femme, de ses enfants et de ses beaux-parents, avant que sa mort ne soit annoncée le lendemain.
Selon l’oncle de la victime, Mamadou Bâ, son neveu, a été jeté, agonisant, dans la malle arrière du véhicule, avec son frère Ousseynou Kâ. Et jusqu’à présent, dit-il : ‘’Nous sommes encore sous le choc et terrorisés par cette image. Nous accusons la police de l’avoir tué et nous demandons au procureur de Thiès d’exiger une contre-expertise’’. Embouchant la même trompette, le père de la victime Simbine Kâ de soutenir : ‘’Je fais confiance à la justice. Mon fils n’est pas un voleur encore moins un bandit et n’avait aucune relation avec la bande de malfaiteurs qui a été arrêtée’’.
RESULTAT DE LA CONTRE-EXPERTISE
Dame Kâ est mort de façon naturelle
La contre-expertise requise par le procureur de la République sur l’affaire Dame Kâ est sortie hier. A la lecture du certificat aux fins d’inhumation, Dame Kâ est décédé des suites d’une défaillance cardiaque, suite à une cardiomyopathie hypertrophique. Provoqué, d’après le document, par un état de stress provenant de coups et blessures par objet contondant. Mais précise le document, ces sévices subis par Amadou Dame Kâ n’ont pas entraîné directement des lésions fatales qui auraient provoqué directement son décès. En résumé, les coups et blessures reçus par le présumé voleur n’ont pas entraîné directement sa mort.