La 16-ème édition du Festival national du film (Tanger, 20-28 février) a amorcé la réflexion sur la nécessité de revoir, pour l'améliorer, le système de l'avance sur recettes, mis en place en place en 2004 pour financer la production de films au Maroc.
"Il faut qu'on renégocie avec les autorités une autre idée pour alimenter le fonds d'aide", a notamment dit Saad Chraibi, président de l'Union des réalisateurs et auteurs du Maroc (URAM), samedi matin, au cours d'un panel sur le thème "Du bon usage de l'avance sur recettes", en présence de professionnels des différentes branches du secteur,
Dans son intervention, Chraibi a fait l'historique du système d'appui financier que l'Etat marocain développe depuis le début des années 1980, avec la mise en place du fonds d'aide, estimant que "le moment est venu, parce que le système a montré des limites, de trouver des ingénieuses et nouvelles pour l'alimenter".
"Comme on avait trouvé une première idée en 1987, qui était la taxe parafiscale, comme on a trouvé une deuxième idée en 1994, qui était la taxe sur les recettes publicitaires, comme il a été trouvé une troisième idée, qui est la redevance sur l'électricité", a insisté Saad Chraibi.
Il a ajouté : "Il faut, aujourd'hui, que l'ensemble des professionnels, le Centre cinématographique marocain, le ministère, se mettent autour de la table et réfléchissent à des idées ingénieuses, des idées nouvelles pour alimenter ce fonds d'aide. Il est clair que l'Etat va dire : les moyens dont je dispose ne me permettent pas de vous donner plus. Il faut qu'on trouve des idées pour augmenter ce volume de ressources".
Le président de l'URAM, tout en reconnaissant les "efforts" faits pour rendre le système performant, a dit qu'aujourd'hui, "devant un flux aussi important de 70 à 80 projets de films présentés chaque année, il est nécessaire de commencer à segmenter ; à dire qu'il faut qu'on accorde une somme à un tel genre de film, une autre somme à un tel autre genre".
"Si dans le temps, nous avions 10, 20, 25 projets dans l'année, la diversité de ces projets ne permettait pas d'entrer dans des détails, il faut travailler à cela maintenant parce que ça ne peut plus continuer", a-t-il poursuivi, suggérant qu'une attention soit accordée aux premières œuvres, aux films "à gros budgets", aux films documentaires.
Les différents intervenants ont tous plaidé pour une évolution du système, presque tous militant en faveur d'une implication des régions dans le financement des projets cinématographiques, la prise en compte de la copie privée, l'installation d'une cellule qui serait chargée de faire la promotion des projets dans d'autres instances de financement.
Les questions de bonne gouvernance, de bonne gestion, du "mauvais usage de l'avance sur recettes" ont aussi été abordées, ainsi que la promotion de scénarios de qualité, qui éviterait "le financement de textes par défaut".
En 2013, le montant du soutien à la production cinématographique nationale s'est élevé à la somme de 60 millions de dirhams (environ trois milliards 930 millions de francs CFA), au titre de l'avance sur recettes. Le bilan de l'année 2014 sera rendu public samedi prochain.
Au total, 27 films (21 longs-métrages et six courts-métrages) ont bénéficié de cette aide qui concerne l'avance sur recettes avant production, après production, l'aide à l'écriture et à la réécriture de scénarios.
Ces décisions sont prises par une commission du fonds d'aide qui se réunit trois fois par an. En 2013, elle a examiné 57 projets (50 longs et 7 courts) soumis à son appréciation.