En attendant de connaitre le nom du futur sélectionneur de l’équipe nationale annoncé le 5 mars prochain par le président de la fédération sénégalaise de football, le débat sur son profil reste agité. Serait-t-il le produit de l’expertise locale ou tout simplement étrangère. La question n’est pas aussi tranchée chez certains observateurs et surtout les journalistes sportifs, notamment Mamadou Koumé, Babacar Khalifa Ndiaye et Tidiane Kassé. Mais ils s’accordent tous sur la nécessité de choisir un entraineur qui se rapproche le plus du portrait robot décliné par l’instance fédérale.
Après la débâcle des «Lions » du Sénégal qui a précipité le départ du coach Alain Giresse, le Sénégal est à la recherche de son futur sélectionneur. Le débat fait rage sur les plateaux de télévision, les ondes des radios et dans les colonnes des journaux, mais aussi dans les chaumières et autres grandes places.
Notamment sur le profil et la préférence entre un étranger et un Sénégalais. Force est cependant de reconnaitre, avec Mamadou Koumé président de l’association nationale de la presse sportive (Anps), toute la difficulté de la tâche.
«Il est difficile de se prononcer sur le choix entre un entraineur sénégalais ou un étranger. L’équipe nationale est une affaire sérieuse qui intéresse pratiquement tous les Sénégalais. Il est temps de trouver des solutions pour qu’on mette une équipe nationale de football compétitive» dira-t-il au bout du fil. «Le choix du futur sélectionneur doit exiger certains critères comme la compétence technique, l’autorité et une expérience avérée», ajoute le journaliste sportif avant de rappeler : «De Claude Leroy à Giresse, il y a une demie douzaine d’entraineurs étrangers et sénégalais. Pendant ces 25 ans, on a tout essayé mais les résultats escomptés ne sont pas atteints. Maintenant, on ne peut être sûr de rien». «De 1989 à 2015, un seul entraineur, Bruno Metsu, a fait quelque chose. Il a atteint la finale de la Coupe d’Afrique en 2002 et les quarts de finales de la Coupe du monde. A part cela, tous les autres résultats sont mitigés», précise l’ancien directeur général de l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Dans la même dynamique Babacar Khalifa Ndiaye, responsable du Service des sports du quotidien national Le soleil a préféré se focaliser sur le profil défini par l’instance fédération tout en insistant sur sa capacité managériale.
«Après avoir dégagé les critères et cerné les profils, il s'agira de porter le choix sur le technicien qui s'approchera le plus du portrait-robot déjà dressé. Et après, on verra. Car, les résultats, ce n'est pas sur commande. Mais plus qu'un entraîneur, il faudra un Coach, un manager. Quelqu’un qui sait fédérer les énergies, tirer le maximum de chaque joueur et de toute l'équipe. Mais aussi galvaniser son monde», a-t-il fait savoir.
D’après lui, la préférence entre un étranger et un Sénégalais ne doit pas avoir lieu. «Cela ne doit pas être une question de nationalité ou de couleur de peau. Pour cause, on en a vu défiler des techniciens sénégalais, français, allemands, etc. On n'a toujours rien gagné. Un Français (franco-polonais) Kasperczak a lâché ses troupes en pleine tempête lors de la Can 2008. Un Sénégalais (Amara Traoré) est revenu avec un zéro pointé de la CAN 2012. L’Allemand Otto Pfister n'avait pas réussi à qualifier le Sénégal à une CAN», souligne-t-il
Même son de cloche chez Tidiane Kassé, directeur de publication du quotidien sportif Wa Sports, qui pense qu’une équipe de la dimension du Sénégal, sixième pays africain dans le dernier classement Fifa, doit se doter d’un technicien de haut niveau. Reste à savoir ce qu’il faut mettre dans «entraineur de haut niveau». «Est-ce une question de cursus, de palmarès, de vécu et d’expérience, ou autre chose ?», s’interroge-t-il. Il s’empresse d’indiquer que «Tout cela peut entrer en ligne de compte. Mais, ce sont juste des éléments qui fondent un préjugé favorable».
A ce propos, il ajoute que ces éléments sont loin d’offrir une garantie de résultats. Car, estime-t-il, le Sénégal n’aurait pas accumulé les mauvaises performances avec autant d’entraineurs dits de haut niveau.
«Quel que soit son niveau, le bon entraineur est celui qui s’adapte à un environnement, à une situation et qui apporte un plus pour aller de l’avant. Il ne faut donc pas poser la question sous l’angle de qui nous voulons, mais de quoi avons-nous besoin ? Dans l’état actuel des choses, le choix d’un sélectionneur implique des questions techniques, organisationnelles, fonctionnelles, etc.», fera- t-il remarquer.
A en croire, Tidiane Kassé, il nous faut un technicien avec lequel il est possible de travailler dans la durée, mais pas pour une campagne. Il précisera que c’est quelqu’un dont on peut apprécier l’impact non pas sur l’équipe nationale uniquement mais sur le football sénégalais dans son ensemble. Mais également qu’il puisse aussi travailler avec les autres techniciens dans un cadre défini.
Mais au-delà du profil, le plus important pour lui, reste l’environnement de travail. «Un entraineur de haut niveau ne sert à rien si on l’enferme dans un cadre qui l’entrave plus qu’il ne lui permet de s’épanouir. Il nous faut une fédération plus professionnelle dans sa gestion de la logistique, un programme technique plus développé et une administration plus efficace. Mais aussi que l’Etat joue le jeu», préconise le journaliste sportif.
Pour dégager un profil, Tidiane Kassé soutient que les techniciens sont plus avisés pour en juger. «doom u reew mooy liggey rew» (ce sont les fils d’un pays qui peuvent faire avancer ce pays)», se plait–il de dire comme pour renforcer son point de vue et sa conviction : «il nous faut un entraineur local».