Aïda Ndiongue, poursuivie pour détournement présumé de deniers publics portant sur plus de 47 milliards de F Cfa, sera jugée le 3 mars prochain.
L’attente fut longue… Après plus d’un an de détention préventive, Aïda Ndiongue sera jugée le 3 mars prochain devant la Chambre correctionnelle du Tribunal de Dakar. Officiellement, le Parquet a enrôlé l’audience pour ce jour. Elle est poursuivie pour détournement présumé de deniers publics portant sur la somme de 47 milliards de F Cfa. Ce procès est vraiment attendu. Il permettra bien sûr de connaître les ressorts de cette affaire qui a mis tout le pays en émoi après la publication de l’origine de la fortune présumée colossale de l’ex-sénatrice libérale et ses présumés complices.
Aïda Ndiongue, Abdou Aziz Diop et l’agent comptable Amadou Ndiaye ont été mis sous mandat de dépôt le 17 décembre 2013 pour détournements de deniers publics, faux en écriture publique et escroquerie. Le présumé détournement porte sur le marché des produits phytosanitaires destinés au Plan Jaxaay.
Le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye était monté au créneau après son arrestation en organisant une conférence de presse pour livrer les détails de la prévarication présumée qu’on lui reproche. «Nous avons mené des enquêtes sur des flux financiers importants que nous avons vus. (. . .) L’estimation provisoire des biens retrouvés, qui appartiennent à Aïda Ndiongue, fait état de 47 milliards 675 millions de F Cfa», avait-il déclaré. Friand de détails, il avait soutenu «qu’une personne qui vit cent ans peut, avec ce montant, dépenser chaque jour la somme de 1 300 000 F Cfa». Ces biens comprennent de l’argent liquide, des bijoux et des sociétés.
Durant les investigations sur les biens présumés de Mme Ndiongue, il a notamment été retrouvé des bijoux d’une valeur estimative de 3,5 milliards de F Cfa. Le 16 janvier (2014) un montant de 8 milliards de F Cfa a été trouvé dans une institution financière. Des bijoux d’une valeur estimative de 12 milliards de F Cfa ont été aussi retrouvés, si on en croit le ministère public. Gardée au chaud au Camp pénal, la militante libérale n’était pas restée les bras ballants pour sortir de prison. Elle avait introduit une requête en annulation de la procédure. La Cour suprême l’avait rejetée.
Affaire CREI
Dans une autre procédure, la Chambre d’accusation avait confirmé les ordonnances de refus rendues par le juge du deuxième cabinet d’instruction sur la demande de liberté provisoire introduite par les plaignants. Dans sa décision, la juridiction qui avait jugé recevable la requête avait néanmoins soutenu «qu’aucun vice n’entache, en l’état, la légalité de la décision rendue en première instance». La défense avait attaqué l’ordonnance du juge Samba Fall, compte tenu des témoignages à décharge du comptable-matières, Hubert Thior, lors d’une confrontation. Le témoin avait affirmé que «le matériel a été bel et bien livré» par l’ex-sénatrice, «conformément à la commande faite par l’Etat».
Il faut rappeler qu’elle a toujours un dossier pendant devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). L’ex-procureur spécial Alioune Ndao l’avait mis en demeure pour justifier un patrimoine de plus de 41 milliards qu’on lui reproche. Il avait défalqué six milliards des 47 milliards de francs Cfa pour lesquels Aïda Ndiongue a été placée sous mandat de dépôt par le procureur de la République, Bassirou Guèye. Finalement, elle a été inculpée par la Commission d’instruction de la Crei qui ne l’avait pas placée sous mandat de dépôt. Face au juge le 3 mars, elle pourra étayer ses dénégations.