La privatisation du pèlerinage à La Mecque annoncée par le ministre des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye, il y a deux mois, ne se fera pas en 2015.
Depuis quelque temps, des voyagistes privés qui militent pour la privatisation du Hadj, émettaient des doutes quant à l’officialisation de cette mesure cette année. Hier, une concertation entre le commissariat général et des organisations du privé a permis de clarifier le débat. S’il était question, lors de cette réunion, de réfléchir sur les procédures devant aboutir à une réussite de l’édition 2015, une conclusion en est ressortie : ‘’La privatisation du hadj ne pourra pas être effective cette année.’’
Les acteurs comptent en informer la presse la semaine prochaine. D’ailleurs, le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Amadou Kébé, avait annoncé la couleur il y a un mois, lors d’un panel organisé par le consortium des organisations privées pour le hadj et la Oumra (Cophom). Il soulignait qu’il fallait observer une période de transition vers la privatisation du hadji, dans la mesure où, précisait-il, ‘’on ne peut privatiser n’importe comment’’. Il prônait un état des lieux, avant toute approche novatrice.
Toutefois, ce recul de l’Etat ne surprend pas les voyagistes privés qui n’ont eu de cesse de remettre en cause cette volonté de l’Etat, malgré les assurances de Mankeur Ndiaye qui disait devant les Parlementaires que la privatisation du hadj serait effective en 2015. Car, l’absence d’un cadre de concertations et d’échanges, depuis l’annonce de cette nouvelle mesure, était patente. Ainsi, les faits ont fini par donner raison à la présidente du Cophom, Mme Safiétou Diongue, qui a toujours émis des réserves quant à cette mesure gouvernementale. L’Union nationale des organisations du privé pour le pèlerinage et la Oumra (Unophom), par la voix de son président Sadibou Seck, a fini par s’aligner sur cette position. ‘’On était prêt pour la privatisation, mais il faut reconnaître qu’elle ne pourra pas être appliquée cette année.’’
D’ailleurs, le statu quo dans ce dossier augurait d’une telle situation. ‘’Le ministre n’a pas discuté des modalités de transfert de compétences avec les acteurs concernés. Depuis tout ce temps, on s’attendait à un cadre de concertations et d’échanges, mais rien n’a été fait jusque-là‘’, précise Cheikh Bamba Dioum, un des voyagistes privés interpellés. Déjà, il s’interrogeait sur la matérialisation d’une telle décision, dans la mesure où le dépôt des listes des pèlerins est fixé au 25 du mois de ramadan. ‘’On a toujours souligné que la privatisation du hadj se fait de manière progressive. Mais, vu que les acteurs n’ont pas été conviés, à notre connaissance, à aucune activité, nous nous sommes faits à l’idée qu’elle ne peut être effective cette année’’, souligne Cheikh Bamba Dioum, qui vient de publier son ouvrage sur ‘’Les chemins du hadj’’.
Le hadj est prévu au mois de septembre, ‘’On est à 6 mois de la fin des préparatifs du Hadj, on n’a senti aucune démarche de rupture’’, se désole Sadibou Seck de l’Unophom. L’idée d’une diminution du quota de l’Etat également agitée ne semble plus d’actualité.