Les prévenus dans l’affaire d’enrichissement illicite, complicité d’enrichissement illicite et corruption, ont depuis hier une petite idée de la peine qu’ils encourent. Des peines d’emprisonnement de 4 à 10 ans ainsi que de sévères sanctions financières assorties, sont requises par le parquet spécial.
‘‘Nous autres magistrats du parquet, ne sommes pas des pourvoyeurs de l’échafaud...’’. Quand le procureur spécial, Cheikh Tidiane Mara, prononçait cette phrase, à l’entame de son réquisitoire, les prévenus ont dû sentir quelque réconfort. Mais les peines requises par le parquet spécial sont lourdes au finish. A tout seigneur, tout honneur. 7 ans d’emprisonnement pour Karim Wade : 250 milliards d’amendes ; interdiction totale des droits mentionnés à l’article 34 du Code pénal ; confiscation de tous les biens présents. Une peine presque similaire pour Ibrahim Aboukhalil dit Bibo, et Pape Mamadou Pouye, puisque le maître des poursuites requiert 6 ans de prison, plus les mêmes sanctions connexes.
Ainsi, le procureur a été implacable envers les prévenus. Après avoir demandé à la Cour de retenir Wade-fils dans les liens de la prévention pour les infractions d’enrichissement illicite et de corruption et ses coïnculpés de complicité d’enrichissement illicite, Cheikh Tidiane Mara a finalement laissé connaître les attentes du Ministère public, dans un silence de cathédrale. Le rythme saccadé de sa voix a intensifié la gravité du moment, laissant à chaque phrase le temps de pénétrer une assistance suspendue à ses lèvres. Seul le léger cliquetis des ordinateurs des journalistes troublaient le calme de l’audience de l’après-midi qui a pris fin exceptionnellement au crépuscule.
10 ans requis contre les complices en fuite
Les autres prévenus, tous accusés de complicité d’enrichissement illicite, en ont aussi pris pour leur grade, mais avec des peines requises différentes. Ainsi les personnes en fuite, Evelyne Riout Delattre, Karim Aboukhalil, Mballo Thiam, Mamadou Aïdara dit vieux voient la demande du procureur s’élever à 10 ans ; alors qu’Alioune Samba Diassé, Mbaye Ndiaye et Pierre Agbogba se voient proposer une peine d’emprisonnement de 4 ans, ainsi que la confiscation de leurs biens. ‘‘La primauté de la bonne gouvernance, de l’intégrité, de la dignité, doivent prévaloir. C’est le seul moyen de lutter pour la stabilité dans le pays. Je pense à ces paysans, pasteurs, ouvriers, sans espoir, sans aucun pouvoir sur leurs vies. Ils ne peuvent même pas rêver, alors qu’à côté, des gens jouent avec des milliards avec les fonctions publiques qui leur ont été confiées’’, a déclaré Cheikh Tidiane Mara, à l’entame de son propos.
De ses déclarations, il ressort que 46 témoins ont été entendus, depuis le début de la procédure, le 31 juillet 2013. Assurant s’être imprégné des débats en mêlant ‘‘la procédure accusatoire et inquisitoire’’, Cheikh Tidiane Mara a conclu son intervention par un implacable : ‘‘Et ce n’est que justice !’’ Il a ainsi suivi la partie civile dans sa plaidoirie, qui avait requis ‘‘des peines d’une particulière sévérité’’, par la voie de Me Yérim Thiam.