Le Sénégal n'acceptera pas que l'ancien ministre Karim Wade, qui comparait devant la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), soit jugé à l'étranger, a indiqué, vendredi à Dakar, le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, affirmant que le pays dispose d'un système judiciaire fiable pour juger tous les crimes internationaux.
Interpellé sur les propos de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade qui récuse la CREI, M. Kaba s'est voulu on peut plus formel, en balayant d'un revers de la main toute idée de délocaliser le procès."Cela n'est pas possible, le Sénégal est un Etat de droit", a-t-il martelé.
"Les faits se sont passés ici au niveau du Sénégal et vous voulez qu'on exporte un fils du Sénégal à l'étranger pour être jugé par une juridiction étrangère. Nous ne l’accepterons pas !", a-t-il asséné.
Présidant un colloque de trois jours sur les réformes institutionnelles, organisé par l'Association des juristes africains, M. Kaba a prévenu que "les fils du Sénégal seront jugés au Sénégal''.
"Vous voyez l'humiliation que l'Afrique subit en voyant ses enfants jugés ailleurs dans le froid", s'est-il indigné.
Selon lui, "le Sénégal, pour éviter cela, s'est donné une force, un système judiciaire fiable qui, techniquement, [a] dans son dispositif répressif tous les éléments pour juger tous les crimes internationaux qui peuvent avoir lieu et qui dépendent de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI)".
"Nous pouvons les juger et nous avons, par la formation, de grands juges qui ont la capacité de faire ces jugements, parce qu'ailleurs ce n'est pas possible. Ceux qui ont recours à la CPI, c’est parce qu'ils n'ont pas un système judiciaire fiable", a-t-il fait observer.
"Ce sont des Etats africains qui [...] ont saisi la CPI pour dire + Nous ne pouvons pas juger chez nous+. Mais un Sénégalais sera jugé au Sénégal. C'est cela l'honneur de l’Afrique, c'est cela l'honneur du Sénégal, c'est cela l'expression de souveraineté du Sénégal", a-t-il insisté.
Parlant du recours introduit par les avocats de Karim Wade à la Cour Suprême, il a dit : "Lorsque vous êtes un justiciable et que vous contestez un juge, vous pouvez effectivement saisir, mais c'est la Cour Suprême qui prend une décision, et là aussi, ce n'est pas dehors qu’on le règle", a-t-il martelé.
"Ce n'est pas politiquement dans la rue qu'on le règle et la décision est prise par le juge de la Cour Suprême. C'est une garantie pour chacun de nous de savoir que (…) l'on peut être jugé’’, a-t-il conclu.