A l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, les étudiants s’apprêtent à reprendre le chemin des amphithéâtres, tout en portant quelques réserves sur l’accord signé par leurs délégués avec les autorités académiques.
Certains d’entre eux rencontrés par un journaliste de l’APS disent avoir maintenant la tête à étudier, après plusieurs mois de perturbation des inscriptions académiques - et des examens de 2013-2014 pour certains.
"C’est un accord qui a au moins le mérite de sauver l’année, sur laquelle on a déjà accusé un grand retard", affirme Mamadou Baldé, un étudiant en lettres modernes (français).
Comme de nombreux camarades, Rysso Diallo, inscrit en master 1 d’anglais, espère qu’"il est temps qu’on reprenne les cours, car on a déjà accusé un énorme retard", à cause de la grève.
Les cours et les inscriptions devraient maintenant se dérouler sans couac, après l’accord signé mercredi par les délégués des étudiants des cinq universités publiques sénégalaises avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
La hausse du montant des droits d’inscription était la principale pomme de discorde entre les étudiants et les autorités académiques. Là où un étudiant étranger payait 300.000 francs CFA, leurs camarades sénégalais en étaient chacun à environ 5000 FCFA, pour tous les cycles.
En signant l’accord, ces derniers étudiants acceptent la hausse de leurs droits d’inscription, qui s’élèvent maintenant à 25.000 francs CFA pour la licence, 50.000 francs pour les masters 1 et 2, et 75.000 francs pour le doctorat.
Rysso Diallo pense que la hausse des droits d’inscription ne pose pas problème pour les étudiants. "On accepte la hausse. Mais ce serait mieux si la bourse pouvait être renouvelée plus d’une fois", dit M. Diallo.
Il menait, avec des camarades, la révolte contre les recommandations issues de la Concertation nationale pour l’avenir de l’enseignement supérieur au Sénégal (CNAES).
En vertu de l’accord, signé le 15 janvier dernier, les étudiants participeront à l’élaboration des textes sur la sécurité dans les campus pédagogiques et sociaux.
Cependant, certains étudiants de l’université publique de Dakar et ses écoles et instituts rattachés estiment que cet accord n’est pas suffisamment avantageux pour eux.
"Les étudiants ont beaucoup à redire sur cet accord qui ne prend pas en compte les réformes pédagogiques. On accepte cet accord, tout en sachant, par exemple, que la possibilité de ne renouveler la bourse d’études qu’une seule fois par cycle ne nous arrange pas", se désole Mamadou Diallo.
Louise Faye, une étudiante en droit, s’inquiète de la possibilité de ne renouveler la bourse qu’une seule fois, de la première année à la licence. Elle est tout autant inquiétée, comme de nombreux camarades, par le fait que désormais un étudiant en master 1 ou 2 perd sa bourse en cas de redoublement.
L’accord précise qu’"un seul redoublement [est] permis dans chaque cycle", pour la licence et le master.
"Si on n’a plus la possibilité de garder la bourse pendant deux ans au moins, cela va être difficile. Sans la bourse, il n’est pas possible d’étudier. Et sans les études, l’université n’a pas sa raison d’être", commente-t-elle.
Le porte-parole du Collectif des délégués d’étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop, Ndème Dieng, a dit qu’il y avait des "acquis" pour ses camarades, dans le protocole les liant au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Le protocole stipule que "l’étudiant dont le maintien de la bourse n’est pas assujetti aux résultats aux examens est autorisé à s’inscrire, s’il le souhaite, en signant une autorisation de prélèvement sur sa bourse d’un montant équivalent à ses droits d’inscription".
Il est aussi mentionné dans le texte que - pour cette année - "l’étudiant non boursier est autorisé, s’il le souhaite, à s’inscrire, en avançant une somme de 10.000 FCFA sur ses droits d’inscription, le reste devant être complété au plus tard le 15 mars 2014".