Pour une histoire d’exploitation des carrières de sable de leur localité, des populations de Tivaouane Peul ont marché et arboré des brassards rouges. Elles accusent la femme d’une personnalité de l’APR d’être de connivence avec le ministère des Mines et les Services des eaux et forêts.
Les exploitants des carrières de sables de Tivaouane Peul n’en finissent pas de rager contre la dame Penda Lô qu’ils accusent d’exploiter indûment leurs carrières. Appuyés par les populations de la commune, ils ont organisé une marche pour dénoncer ce qui apparait à leurs yeux comme une spoliation par une femme qui se targue d’être «intouchable», parce que bénéficiant d’appuis en haut lieu. Cette dernière est l’épouse d’un grand responsable de l’Alliance Pour République (APR), chargé de la structuration.
Arborant des brassards rouges et scandant des slogans tels que «laissez-nous nos carrières», ils ont accusé la dame d’exploiter des carrières sur lesquelles ils avaient des autorisations. Ce, après avoir épuisé le périmètre qui lui était affecté par les autorités du ministère des Mines. Baba Camara, leur porte-parole, explique ici les raisons de leur marche organisée la semaine dernière: «il se passe un fait rarissime à Tivaouane Peul parce que nous constatons qu’au niveau de l’Etat, les gens profitent de leur position pour faire un trafic d’influence… Nous avons tenu à montrer notre courroux à l’exploitation de la carrière de sable qui a été donnée à la femme d’une soi-disant autorité qui a le monopole de l’exploitation de la carrière au niveau de Tivaouane Peul. Alors que la population a déjà eu son autorisation, des gens sont traqués de partout, convoqués à la gendarmerie tous les jours».
Des tracasseries qui sont juste destinées à laisser la voie libre à une concurrente qui bénéficie de l’appui des autorités tapies dans l’ombre, eu égard au poste de son mari dans le parti au pouvoir. «Nous avions eu une première autorisation qui a été annulée du fait que la dame a eu une autorisation comme nous. Mais, cette autorisation, nous l’avons eu avant elle. On l’a autorisé à exploiter tout en bloquant notre autorisation. Malgré tout, nous avons patienté pendant neuf mois. Nous avons réintroduit une autre demande acceptée par le ministre Aly Ngouille Ndiaye pour avoir compris la situation que vivent les jeunes de la localité. Mais depuis lors on nous persécute avec des convocations et des interpellations par la gendarmerie et on nous empêche de faire notre travail», a dit Baba Camara.
Abdoulaye Diallo, responsable à l’APR et conseiller municipal à Tivaouane Peul se veut plus précis et y va sans ambages. «Celle qui est à l’origine de la colère des habitants de la localité, n’est que madame Thiam née Penda Lo. C’est par moi que son mari est passé pour la faire entrer ici. Je l’ai aidé pour qu’elle puisse obtenir une délibération sur un hectare et demi». Mais aujourd’hui, selon M. Bâ, la dame a épuisé son domaine et est en train d’empiéter sur l’espace qui appartient à la collectivité. «La dame a exploité tout ce qu’elle avait et maintenant, elle est en train d’exploiter l’espace appartenant à la population. Elle en a pris déjà plus d’un hectare et demi et cela sans être inquiétée au moment nous nos autorisations sont toujours bloquées». Suffisant pour qu’à Tivaouane Peul on parle de deux poids deux mesures, de dilatoire de la part des autorités du service des Mines et des Eaux et Forêts. Les populations menacent de porter leur combat à un cran supérieur en allant faire des sit-in devant les sièges des ministères concernés.
REACTION DE L’ACCUSEE : «C’est une bande de maitres chanteurs qui n’ont pas un mètre carré ici»
La réplique ne s’est pas fait attendre. Accusée par des populations de Tivaouane Peul et les exploitants des dunes de sables, Mme Penda Lô réagit et dénonce une «bande d’amis qui versent dans le chantage». En conférence de presse organisée en présence des propriétaires terriens sur le site revendiqué par la population de la localité elle martèle: «nous avons affaire à des maîtres chanteurs qui tentent de nous intimider. Je vois que c’est une bande de personnes qui ne font que du chantage et de l’intimidation. Tout le temps ils m’appellent pour me demander de leur donner de l’argent si je veux travailler tranquillement. Ce que je n’accepterai pas». Poussant le bouchon plus loin, elle révèle: «c’est Abdoulaye Diallo, celui qui est à la tête de ces gens, qui percevait cet argent et mangeait tout seul avec certains de ses amis», a expliqué l’épouse de Pape Mael Thiam.
Brandissant ces preuves, Penda Lô dément les allégations d’expiration de son autorisation d’exploitation et invoque une lettre que lui a adressée le sous-préfet. «J’ai toutes mes autorisations par devers moi. Et si certains disent que mon autorisation a expiré, je crois que les autorités se chargeront de cela. Vous savez très bien que les agents sont là et je paie mes taxes au trésor public. Et je pense que ces agents sont là pour veiller à ce que tout se passe dans les règles. Le sous-préfet a levé la suspension depuis le 23 dernier, il m’a envoyé une note pour me signifier que je pouvais reprendre le travail. Je dis que je suis une citoyenne et je n’ai pas le droit d’empêcher d’autres de travailler», se défend-t-elle.
Aussi, elle précise être dans les limites du périmètre qui lui a été affecté. «Je n’ai pas dépassé les limites qui me sont autorisées d’exploiter». Pour elle, ce sont ceux qui crient au scandale qui devraient être poursuivis parce qu’ils sont en train de se faire de l’argent de manière indue sur les terrains d’autrui. «Tous ceux qui crient, n’ont pas un seul mètre carré ici. Ils ne veulent qu’hypothéquer les terres d’autrui pour se faire des sous. Tous ceux que voyez ici, ont des terres ici et j’ai signé un protocole d’accord avec eux afin que je puisse exploiter le surplus de sable». Madame Thiam invite ses contempteurs à se ressaisir et à la laisser travailler tranquillement en tant qu’«actrice de développement ». «Je pense que ces gens doivent me laisser travailler. J’aide beaucoup le village de Tivaouane Peul. C’est un nombre important de personnes qui travaillent dans cette carrière. Au minimum, j’emploie 50 personnes et parfois, il arrive que nous dépassions 80. Ces gens entretiennent leurs familles avec ce qu’ils gagnent ici».