La tenue du procès de l’ancien Président tchadien se précise de plus en plus. En effet, dans un communiqué, le Procureur général Mbacké Fall affirme que «le Parquet général près les Chambres africaines extraordinaires (Cae) a pris ce jeudi 5 février 2015, le réquisitoire définitif de mise en accusation et de renvoi de Hissein Habré devant la Chambre africaine extraordinaire d’assises, pour y être jugé des chefs d’accusation de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et tortures».
Le Parquet général précise qu’il avait reçu le 5 janvier, de la Chambre africaine extraordinaire d’instruction, communication du dossier de la procédure aux fins du règlement définitif. Hissein Habré est alors poursuivi sur la base d’un mandat de l’Union africaine (Ua), confié aux Cae, créées au sein des tribunaux sénégalais.
Pour le Parquet général, «les faits sont graves, les preuves existent et il faut que l’ancien Président soit jugé. Le dossier est désormais retourné devant la Chambre d’instruction. Les juges vont décider soit le non-lieu soit le renvoi, afin que le procès puisse s’ouvrir».
Jacqueline Moudeïna, avocate et militante de l’Association tchadienne pour la protection des droits de l’Homme qui s’exprimait samedi dernier sur les ondes de Radio France internationale (Rfi), affirmait que «réussir à faire passer Hissein Habré devant une juridiction, c’est une grande victoire pour la justice».
Cependant, l’un des avocats de Habré, Me Ibrahima Diawara, dénonce le procédé et répète à l’envie que c’est un procès inéquitable et injuste. «Cela a été une instruction à charge du début à la fin, donc on n’est pas surpris aujourd’hui que le Parquet général renvoie Hissein Habré devant la justice. Aucun des six autres co-inculpés de Hissein Habré n’a été livré aux Chambres africaines extraordinaires. Donc, je pense que la preuve est claire que l’affaire, c’est de juger et condamner Hissein Habré.»
Les avocats de Habré qui ont la possibilité de déposer un recours assurent que cela ne sera pas fait. «Il ne prévoit d’exercer aucun recours devant les Chambres africaines extraordinaires parce que pour lui, les Chambres sont illégales. C’était sa position depuis le début et il la maintient jusqu’à présent», indique Me Diawara.