On en sait un peu plus sur le limogeage d’Alioune Ndao de son poste de Procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Si l’on se fie aux propos du ministre de la Justice, le magistrat était ‘’hors contrôle’’.
Les supputations sont allées bon train lorsque le procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao, a été limogé en pleine audience, le 12 novembre dernier. Invité hier de l’émission Grand jury de la radio privée RFM, Me Sidiki Kaba, ministre de la Justice, semble conforter ceux qui soutenaient que le magistrat ‘’a été victime de son indépendance ‘’. ‘’Dans l’organisation judiciaire, le Procureur spécial obéit à une hiérarchie’’, a déclaré le Garde des Sceaux. Et de poursuivre : ‘’Mais un procureur spécial hors contrôle, qui ignore peut-être les principes de réalité et d’opportunité qui appartiennent au président du Conseil supérieur de la magistrature, par ailleurs président de la République et qui, constitutionnellement, définit la politique pénale d’un pays, si ce procureur-là n’est pas dans ce coup, il peut être hors contrôle et cela n’est pas conforme à la déontologie.’’
Lorsque le journaliste Mamoudou Ibra Kane a balancé une question de relance pour demander au ministre de confirmer si ‘’Alioune Ndao était hors contrôle’’. Me Sidiki Kaba a servi comme réponse : ‘’Ce qui est certain, c’est qu’un procureur qui agit, doit le faire selon les instructions qui lui sont données‘’. Une brèche dans laquelle s’est engouffré le journaliste pour demander au ministre ce que le prédécesseur de Cheikh Tidiane Mara a refusé de faire. ‘’Un magistrat, on ne le lynche pas sur la place publique même si ce magistrat se perd de dire des choses sur la chancellerie’’, s’est contenté de répondre le ministre.
Autant dire que le Garde des Sceaux semble donner raison à ceux qui soutenaient qu’Alioune Ndao avait été limogé parce qu’il n’avait pas voulu se conformer à l’agenda des politiques. Leur argument : l’Exécutif n’aurait pas apprécié que la convocation du maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé se fasse en pleine campagne électorale pour les locales de juin dernier.
A en croire nos sources, Alioune Ndao avait été interpellé pour revoir sa position pour éviter au maire de Ziguinchor d’augmenter son capital de sympathie pour gagner les élections. Il aurait rétorqué qu’il n’était nullement concerné par un quelconque agenda politique et que son souci était de faire son travail de magistrat. C’est la même réponse qu’il aurait servie après la décision prise de convoquer des personnalités de l’ancien régime, à quelques semaines du 15ème Sommet de la Francophonie et au moment où le Parti démocratique sénégalais (Pds) prévoyait d’organiser une marche contre le régime.
L’ex-procureur spécial aurait envisagé de convoquer, dès le lundi qui avait suivi son limogeage, l’ancien président du Sénat Pape Diop, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Abdoulaye Diop et Me Ousmane Ngom dans le cadre de la traque des biens mal acquis. Alioune Ndao aurait aussi envisagé de renvoyer en prison l’ex-Dg de l’Agence des aéroports du Sénégal (Ads), Mbaye Ndiaye ainsi que son épouse Ndella Wade. Des réquisitions avaient été envoyées dans ce sens à la Police judiciaire.