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Meurtre du policier Fodé Ndiaye : Lourdes peines pour les jeunes de Colobane
Publié le lundi 9 fevrier 2015  |  Le Quotidien
Justice
© Autre presse
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La Cour d’assises a terminé sa session par le procès des «Cheikh» de Colobane. Cheikh Sidaty Mané alias Gatuso, Cheikh Diop alias Christ et Cheikh Cissé alias Délai comparaissaient dans l’affaire qui a entrainé la mort du policier Fodé Ndiaye pour meurtre, association de malfaiteurs, violence et voies de fait sur un agent dans l’exercice de ses fonctions. En rendant sa décision, la Cour a condamné Cheikh S. Mané et Cheikh Diop à 20 ans de travaux forces et acquitté Cheikh Cissé.

Le public de Colobane retient son souffle dans une ambiance fortement tendue. Impassible, le juge lit son délibéré : Cheikh Sidaty Mané dit Gatuso et Cheikh Diop sont condamnés à 20 ans de travaux forcés. La déception est palpable dans la salle d’audiences de la Cour d’assisses qui a clôturé hier sa dernière session. On entend monter les murmures de désapprobation et des larmes de peine. Les habitants de Colobane s’étaient mobilisés pour infuser à ces enfants à une nouvelle énergie pour faire face à la justice. C’est raté.

Selon la Cour d’assises, les meurtriers du policier Fodé Ndiaye, tué lors de la manifestation du M 23 à la Place de l’Obélisque contre la candidature de l’ancien chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade, sont Cheikh Sidaty Mané dit Gatuso et Cheikh Diop. Elle a pourtant acquitté les accusés du chef d’association de malfaiteurs, disqualifié les faits en coups et blessures mortels. N’ayant pas trouvé un motif de condamnation à l’endroit de Cheikh Cissé, elle l’a tout simplement acquitté.

Il faut rappeler que ces accusés ont été arrêtés au lendemain de la manifestation du M23 contre la décision du Conseil constitutionnel qui venait de valider la candidature de Me Abdoulaye Wade à l’Election présidentielle du 26 février 2012. Ce jour-là, les forces de l’ordre, essentiellement constitués des membres du Groupement Mobile d’Intervention (Gmi), étaient chargés de réprimer manifestants. Le groupe constitué de Fodé Ndiaye, Babacar Baldé et Jean Medan Danfa avait poursuivi les manifestants jusqu'à la rue 45 du quartier de Colobane à l’intérieur d’une maison. Mais, ils ont été attaqués par les manifestants qui ont démonté la porte d’entrée. En voulant se sauver, Fodé Ndiaye a été victime d’un croc en jambe qui l’a fait tomber après une course-poursuite. C’est ainsi que les manifestants se sont rués sur lui en lui jetant une pluie de pierres. L’élément du Gmi va succomber des suites de ses blessures après son évacuation à l’hôpital.

Cheikh Cissé acquitté

Devant le juge, les accusés ont tous nié les faits qui leur sont reprochés. Cheikh Sidaty soutient qu’il n’a pas participé aux manifs. «J’étais sur la terrasse pour regarder les manifestants», dit-il. Quid des aveux qu’il aurait faits devant les enquêteurs ? «La police m’avait battu m’extorquer des aveux. C’est pour cette raison que j’ai cité des noms dont ceux des membres de ma famille. Le Cheikh Diop que j’ai désigné sur le film, ce n’est pas mon coaccusé. Celui que je veux parler habite à Ouakam», répond-il.

La ligne de défense de Cheikh Diop est aussi très simple. Il dit : «J’étais sorti de chez lui ce jour-là vers 15 heures en compagnie de son ancienne copine. Et quand je suis revenu vers 19 heures, je ne suis plus ressorti de chez moi.» Paradoxalement, il est enfoncé par son épouse qui soutient que c’est son «mari qui se trouve dans la vidéo» exploitée par la police pour remonter la piste des auteurs de ce crime. En tout état de cause, Cheikh Cissé a nié avoir pris part cette manifestation.

Il faut savoir qu’après cet incident mortel, la Dic a été saisie pour mener l’enquête. Dans le cadre de leur investigation, les éléments de la police scientifique ont visionné le film de l’agression qui a été diffusé sur le site www. Senrevolution.com. Ce qui a permis d’identifier la nommée Arame Sow qui a comparu hier à titre de témoin principal. Interpelée sur les personnes qu’elle connaissait à travers ce film, elle a désigné Cheikh Sidaty Mané. A la barre, elle a maintenu ses déclarations : «J’ai vu Gatuso en face du corps avec une pierre à la main. Je ne peux pas se tromper sur la personne de Gatuso parce qu’on partage le même Gie.» Dans son réquisitoire, l’Avocat général soutient que «la culpabilité des accusés ne souffre d’aucun doute». Il a requis la perpétuité en application de l’Article 204 du Code pénal. Pour lui, «la seule présence des accusés sur les lieux suffit pour entrer en voie de condamnation». A l’inverse, les avocats de la défense ont tous plaidé l’acquittement de leurs clients. Ils estiment qu’il y a des contradictions dans les déclarations du témoin principal. Ils pensent aussi que la garantie d’un procès équitable a été faussée dés le départ dans la mesure où «l’enquête a été confiée à la police pour investiguer sur la mort d’un des leurs». La défense trouve que Sidaty a fait des aveux suite à des tortures. Estimant que les habitants de Fass et Colobane sont stigmatisés, Me Baba Diop s’en prend aux politiques qui y organisent toujours des manifestations. «Ils subissent de nombreux dégâts et ce n’est pas leur faute, mais celle des politiques», accuse-t-il en ajoutant que ces derniers «sont souvent libérés après leur arrestation à cause de leur immunité». Avant l’issue fatale du procès, les avocats avaient soulevé des exceptions pour demander la nullité du procès. Ils parlaient de l’irrecevabilité de la constitution de partie civile de l’Agent judiciaire de l’Etat qui a réclamé aussi le franc symbolique. Ils ont estimé aussi que l’enquête ne devait pas être menée par la Dic. «Car on ne peut pas être juge et partie», plaident-ils. Le juge, qui a joint ces exceptions au fond, a la peine lourde pour au moment de prendre sa décision.
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