Le 27e et dernier procès de cette 3e session d’Assises de l’Année judiciaire 2014 a été atypique en ce sens qu’il a vu trois jeunes accusés répondre du meurtre du policier Fodé Ndiaye. Suite à une altercation qui avait abouti à la mort du GMI, dans le quartier de Colobane, l’enquête de la police avait permis de mettre la main, en février 2012, sur Cheikh Sidaty Mané, Cheikh Cissé et Cheikh Diop.
Premier « Cheikh » de la liste, Sidaty Mané alias « Gatuso » est né en 1994, à Dakar, et habite apparemment toujours chez ses parents, à Colobane. Il dit avoir travaillé au restaurant Good Rade en tant que cuisinier jusqu’à son arrestation. Célibataire, sans enfant, il a ajouté avoir à l’époque milité pour la libération du prisonnier Modibo Diop, bien qu’il se revendique à la barre comme un partisan de Abdoulaye Wade. Physiquement, enfin, l’accusé est de petite taille et de teint très noir. Il dit avoir reçu son surnom, « Gatuso », du fait de son talent pour le football.
Cela ne se voit pas sous ses vêtements, en l’occurrence un boubou beige porté au-dessus d’un sweatshirt kaki, mais l’accusé aurait une collection impressionnante de cicatrices faites au couteau. En effet, ses avocats ont listé pas moins de 17 lacérations diverses qui parsèmeraient son corps, suite à son incarcération, dont une entaille longue de 2 cm… sur le pénis !
Son successeur à la barre, Cheikh Cissé, a lui aussi un surnom assez rare. En effet, ses proches l’appellent par le sobriquet de « Délé » du nom d’un acteur de théâtre, « Mbaye Délégué », auquel, dit-on, il ressemble. Physiquement, c’est le plus grand du trio, et si son teint est très sombre, son visage attire la lumière du fait de ses traits anguleux et de ses grands yeux. Sa bouche, également, est de taille non négligeable avec une propension de l’accusé à la garder entrouverte, ce qui ne fait qu’augmenter cette impression de démesure.
S’exprimant avec les tics et attitudes propres à un bon « boy Dakar » (pour ne pas dire « Colobanois » bon teint), l’accusé gardait constamment une main derrière le dos et se servait de l’autre pour faire des gestes expansifs, alors qu’il s’entretenait avec le juge. Ses nombreuses moues et « tchiip » désabusés sont, quant à eux, preuve suffisante de ce qu’il pense de toute cette histoire. Né en 1990, l’accusé habite lui aussi à Colobane et a dit exercer le métier de menuisier métallique. Il est célibataire, sans enfants.
Cheikh Diop alias « Chris », de « Christopher », a été le dernier à être entendu. Marié depuis peu au moment des faits, il a été reconnu, lors de l’enquête, par sa propre femme comme l’un des protagonistes filmés près du corps du policier. Un accablant témoignage qu’il a mis sur le compte d’une vengeance, puisqu’il raconte que la veille des faits, il était allé « à la plage » avec « son ex-copine » et que sa femme en aurait eu vent… Autant dire que s’il sort un jour de prison, son statut risque de passer très vite de « marié » à « divorcé », enfants ou pas enfants (il en aurait deux).
Né en 1976, il est également domicilié à Colobane et dit avoir exercé le métier de marchand, une activité professionnelle assez commune dans ce quartier. Bégayant légèrement, l’accusé est de grande taille et possède un teint ébène comme le reste de ses coïnculpés. Il est bien bâti, voire assez musclé et fait d’incessants bruits avec sa bouche quand il ne parle pas. Ses bras sont croisés sur sa poitrine et ses traits, épais, donne à son visage l’air d’être légèrement concave, si ce n’est pour son nez, très retroussé.