ABIDJAN, "En Afrique, le terrorisme a été longtemps perçu comme une menace lointaine. La pauvreté et tous les problèmes pressants de santé et de politique auxquels le continent est confronté ont relégué la lutte contre le terrorisme au second plan", a déclaré Célestin Ahoutou, professeur d’histoire à Abidjan, lors d’une interview accordée à Xinhua.
Par rapport aux autres continents, certaines causes historiques et actuelles ont rendu la lutte contre le terrorisme toujours plus difficile en Afrique, a indiqué M. Ahoutou.
Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 à New York et à Washington, des pays africains ont dû, sous la pression, adopter des lois anti-terrorisme ou signer de nouveaux accords de coopération militaire avec les Etats-Unis ou des pays européens. Ces mesures imposées de l’extérieur n’ont pas toujours été du goût des populations, notamment dans les pays majoritairement musulmans, qui les ont parfois critiquées violemment. Elles ont suscité chez ces populations un certain ressentiment qui a fait le terreau des recruteurs pour les groupes terroristes, a expliqué M. Ahoutou.
Le chercheur a noté que le dernier sommet de l’Union africaine (UA) avait placé la lutte contre le terrorisme au centre des discussions, en particulier le djihadisme avec le groupe Boko Haram au Nigeria. L’UA a décidé de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU sur le cas de cette secte islamiste implantée dans le nord du Nigeria. Elle a également décidé d’établir une force multinationale africaine de 7 500 soldats pour combattre Boko Haram, a-t-il ajouté.
En ce qui concerne les domaines dans lesquelles la communauté internationale devrait coopérer avec les pays africains pour éradiquer le terrorisme en Afrique, M. Ahoutou a souligné que l’Afrique n’avait pas toujours besoin d’attendre des actions des autres pour régler ses problèmes.
L’union fait la force, et dans la lutte contre le terrorisme, la coopération entre Etats africains d’une part et entre les Etats africains et la communauté internationale d’autre part s’avère indispensable, a-t-il jugé.
Le Nigeria a toujours refusé des troupes étrangères sur son sol pour préserver sa souveraineté et son intégrité territoriale, mais sous la pression de la communauté internationale, le pays a dû accepter sur son sol des troupes de ses voisins camerounais et tchadien, a-t-il noté.
M. Ahoutou a estimé que les groupes terroristes étaient de plus en plus puissants financièrement et militairement et que l’aide que la communauté internationale pouvait apporter aux pays africains était principalement une assistance technique, en matériel et en formation, ce qui semble être des moyens efficaces de lutte contre le terrorisme.