Dakar – L’absence de médias africains d’envergure continentale voire mondiale était au cœur des débats samedi à l’occasion du forum sur les enjeux et défis de l’intégration de l’information en Afrique, initié par l’Association des journalistes camerounais au Sénégal (CAMJOSEN).
‘’Cinquante ans après les indépendances, le continent africain, contrairement aux autres, peine à mettre en place un ou des médias panafricains forts’’, a déploré Liliane Nyatcha, la présidente de la CAMJOSEN.
‘’Les médias d’Afrique continuent d’alimenter leurs pages (internationales) essentiellement par des dépêches et sujets réalisés par des agences non africaines. Celles-ci sont souvent suspectées à tort ou à raison, de traiter les informations sur l’Afrique en fonction des agendas parfois politiques (…)’’, selon elle.
Il s’agit là d’une ‘’verticalité’’ de l’information qui pose ‘’le problème de la construction de l’opinion publique africaine et même d’une solide et crédible société civile’’ sur le continent, selon elle.
L’ambassadeur du Cameroun au Sénégal, Jean Koe Ntonga, a expliqué pour sa part, que l’intégration suppose un espace communautaire et sans limite et demandé ‘’si c’est le cas pour l’Afrique’’.
Présente à la rencontre, l’ancienne directrice du Centre d’étude des sciences et techniques de l’information (CESTI), Eugénie Rokhaya Aw a évoqué ‘’ un manque de leadership’’ et ‘’une rivalité’’ entre les journalistes africains comme freins à l'avènement de médias panafricains forts.
De son côté, Saliou Traoré, président de l’Association de la presse étrangère au Sénégal a estimé qu’il s’agit plutôt d’un ‘’manque de volonté politique’’ soulignant que le fait que les grands organes panafricains doivent être dirigés par des privés relève d’une ‘’erreur d’appréciation’’.
M. Traoré a plutôt prôné ‘’un inventaire’’ des organes de presses panafricains qui ont existé pendant plusieurs années comme la PANA et ‘’voir ce à quoi ils ont servi’’ pour dégager des solutions sur les défis de l’intégration de l’information en Afrique.
Pour le Directeur de la Communication, Alioune Dramé, le pluralisme médiatique a fait de grands pas dans la plupart des pays africains, mais ‘’ces médias locaux sont souvent limités (…)’’.
‘’Ces médias ne disposent pas de ressources humaines et matérielles suffisantes quand il s’agit de la collecte de l’information se trouvant au delà de leurs frontières’’, a-t-il dit.
Dr Jean Pierre Ilboudo, conseiller régional pour la communication et l’information à l’Unesco a plutôt plaidé en faveur d’une auto-régularisation des médias africains, pour une meilleure intégration de l’information dans le continent.
‘’La question de l'auto-régularisation des médias est importante, (…) les journalistes doivent avoir un observatoire pour développer leur sens critique’’ a t-il dit.